L'atterrissage brutal tant redouté de l'économie mondiale n’a, jusqu’à présent au moins, pas eu lieu : aux Etats-Unis, la croissance a été étonnamment forte tandis que dans la zone euro, l’économie a stagné, mais n'a pas basculé en récession. Des deux côtés de l'Atlantique, l'inflation a décéléré. Cependant, de nombreuses incertitudes demeurent selon Anton Brender, Chef économiste, et Florence Pisani, directeur de la recherche économique chez Candriam.
La croissance mondiale peut-elle résister à la montée des tensions géopolitiques ? L'inflation se rapprochera-t-elle de l'objectif de 2 % des banques centrales d'ici fin 2024 ? Faut-il craindre des turbulences financières en lien avec la remontée des taux d'intérêt ? Combien de temps les banques centrales attendront-elles avant d'abaisser leurs taux directeurs ?
L'incertitude géopolitique s'accroît
La situation géopolitique reste très incertaine. « Une extension du conflit conduisant à un blocus du détroit d'Ormuz aurait de graves conséquences », selon Anton Brender, chef économiste de Candriam. « Les prix du pétrole et du gaz augmenteraient considérablement, car environ un cinquième de la consommation mondiale de pétrole et des flux de GNL passe par le détroit. Des prix durablement élevés pousseraient l'économie mondiale en récession ». Fin novembre toutefois, le prix du Brent était redescendu vers 80 dollars le baril ; en Europe, le prix du gaz naturel restait un peu en deçà de 50 euros par MWh, nettement inférieur à son niveau de l’été 2022. A moins d'une escalade du conflit, une consommation de gaz nettement plus faible qu’avant la guerre en Ukraine et des stocks élevés devraient empêcher le prix du gaz naturel de monter beaucoup. « Dans ce contexte, la croissance mondiale sera faible, mais une récession est peu probable » ajoute Anton Brender.
Chine : les vents contraires forcissent… la réponse des autorités reste timide
Malgré un rebond au troisième trimestre, le PIB reste nettement en deçà de sa tendance d'avant la pandémie. La faiblesse de la confiance et la préférence accrue des ménages pour l'épargne pèsent toujours sur la consommation alors que l’activité dans le secteur immobilier continue de se contracter. Dans ce contexte, les mesures annoncées par Pékin depuis le mois d'août (baisse des taux hypothécaires, réduction de l’apport personnel, assouplissement des restrictions sur les transactions) devraient à peine suffire à éviter une aggravation de la situation dans le secteur immobilier... mais ne permettront pas de ranimer la croissance.
« L'économie chinoise souffre d'un excès d'épargne privée qui ne peut plus être absorbé que par le gouvernement », résume Anton Brender. L'augmentation des transferts du gouvernement central aux autorités locales montre que Pékin souhaite atténuer les difficultés de financement de ces dernières et relancer leurs investissements en infrastructures. Sans un soutien encore renforcé, la croissance a toutefois de grandes chances de rester médiocre.
Etats-Unis : un atterrissage réussi ?
La croissance américaine a été étonnamment forte : après avoir ralenti, la demande intérieure a nettement rebondi depuis le début de l'année. Dans le même temps, les pressions sur les prix à la consommation ont continué de se réduire et les salaires ont décéléré, grâce à l'atténuation des tensions postpandémie mais aussi à une croissance soutenue de la main d’œuvre disponible. La Réserve fédérale ne peut toutefois pas parier sur une croissance de la population active aussi forte à l’avenir ni sur une accélération des gains productivité. Elle souhaite donc voir la croissance ralentir.
« Le resserrement des conditions financières depuis l'été va aider la banque centrale », note Florence Pisani, directeur de la recherche économique. La construction manufacturière – portée par la mise en œuvre du CHIPS Act et de l'IRA - devrait ralentir, tandis que le soutien apporté par la dépense publique va s’atténuer. En outre, des taux d'intérêt durablement plus élevés vont freiner l'investissement résidentiel, mais aussi le crédit à la consommation. Avec la baisse de l’inflation, la consommation devrait en revanche continuer à croître à un rythme décent. Dans ce contexte, « un atterrissage en douceur semble toujours possible », ajoute Florence Pisani. Le maintien de taux d'intérêt à long terme sur des niveaux élevés constitue toutefois un risque pour ce scénario plutôt optimiste.
Zone euro : l’activité stagne
Depuis un an, l'activité stagne : la dépense des ménages est stable et l’investissement des entreprises progresse à peine. Avec la remontée des taux hypothécaires, l'investissement résidentiel devrait encore se contracter. La hausse du nombre de faillites d’entreprises est moins inquiétante qu'il n'y paraît, mais l'augmentation des taux d'emprunt pèse sur leurs résultats, tandis que l’atonie de la demande ne les encourage guère à investir. La baisse de l'inflation soutient toutefois le pouvoir d’achat et la consommation des ménages devrait permettre à la croissance d'être légèrement positive en 2024.
« Une croissance proche de zéro risque de devenir la nouvelle norme dans la zone euro », commente Florence Pisani, qui ajoute : « le vieillissement de la population et des gains de productivité faibles sont deux tendances qui ont peu de chances de s'inverser dans les prochaines années », ajoute-t-elle. Dans ce contexte, la BCE devrait cesser de resserrer sa politique monétaire, mais elle maintiendra son taux directeur à un niveau élevé pendant de longs mois. Il lui faut en effet créer les conditions d’une détente du marché du travail si elle veut pouvoir ramener l'inflation vers son objectif de 2 %. Sur les prochaines années, la zone euro va être confrontée à de nombreux défis. Les prix élevés de l'énergie resteront probablement un facteur structurellement défavorable. En outre, l'écart d'investissement avec les ÉtatsUnis devrait continuer à se creuser, ce qui rend peu probable une réaccélération des gains de productivité.
« La faiblesse des perspectives de croissance va nettement compliquer le rééquilibrage des budgets des gouvernements, au moment où les objectifs climatiques ambitieux de l'UE nécessiteraient, en moyenne sur les années 2021-30, 1,5 point de PIB d'investissements publics supplémentaires », conclut Florence Pisani.
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À propos de Candriam
Candriam, qui signifie "Conviction AND Responsibility In Asset Management", est un gestionnaire d’actifs mondial multi-spécialiste. Pionnier et leader dans le domaine des investissements durables depuis 1996, Candriam gère environ 144 milliards d’euros d’actifs1 et s’appuie sur une équipe de plus de 600 professionnels. La société dispose de centres de gestion à Luxembourg, Bruxelles, Paris et Londres et ses responsables de clientèle couvrent plus de 20 pays dans toute l'Europe continentale, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Moyen-Orient. Candriam propose des solutions d'investissement2dans plusieurs domaines clés : obligations, actions, stratégies à performance absolue et allocation d'actifs, avec une gamme large et innovante de stratégies ESG couvrant toutes ces classes d'actifs.
Candriam est une société du groupe New York Life Investments. New York Life Investments3 se classe parmi les principaux gestionnaires d’actifs mondiaux4. Plus d’informations sur : www.candriam.com
1 A partir du 30 juin 2023. Au 30/06/2023, Candriam a modifié la méthodologie de calcul des actifs sous gestion (AUM), et les AUM incluent désormais certains actifs, tels que les AUM non discrétionnaires, la sélection externe de fonds, les services de superposition, y compris les services de sélection ESG, les services de conseil, les services de marque blanche et les services de livraison de portefeuilles modèles qui ne sont pas considérés comme des actifs sous gestion réglementaires, tels que définis dans le formulaire ADV de la SEC. Les actifs sous gestion sont déclarés en EUR.
2 Tous les produits et services ne sont pas disponibles pour tous les investisseurs ou dans toutes les régions.
3 New York Life Investments est une marque de service utilisée par New York Life Investment Management Holdings LLC et sa filiale New York Life Investment Management LLC. Toutes deux sont des filiales indirectes en propriété exclusive de New York Life Insurance Company.
4Source : New York Life Investments se classe au 25 ème rang des plus importants gestionnaires d’actifs au monde (Pensions & Investments, juin 2023. Le classement est basé sur le total mondial des actifs institutionnels sous gestion à fin 2022. Les actifs de New York Life Investments incluent les actifs des conseillers en investissement affiliés.