Comme clairement sous-entendu par la Présidente Ch. Lagarde devant le Parlement européen le 30 septembre dernier (voir l'article « La BCE semble vouloir utiliser « la fenêtre de tir" en octobre »), le Conseil des gouverneurs a décidé d’abaisser ses taux directeurs de 25pdb, soit le taux de dépôt, le taux de refinancement et le taux de facilité, à respectivement 3.25%, 3.40% et 3.65%.
La BCE maintient son approche « data dependant », réunion par réunion et ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière. La BCE a donc bien utilisé la fenêtre d’opportunité que lui offrent les derniers chiffres d’inflation et opte pour un mode « gestion du risque » en mentionnant que les récentes surprises à la baisse concernant les indicateurs d’activité ont également une incidence sur les perspectives d’inflation. Ce mode « gestion du risque » qui a conduit la BCE à agir en octobre, pourrait de la même manière, en fonction des données, inciter la BCE à ne pas agir en décembre.
La décision d’aujourd’hui semble avoir été facile à prendre puisqu’elle a été prise à l’unanimité. Le débat sur la table était de réduire ou pas de 25 pdb en octobre ou d’attendre la mise à jour des prévisions en décembre. Il semblerait que les données d’enquêtes PMI et les chiffres d’inflation pour le mois de septembre ont amené les membres du Conseil à voter pour une action en octobre sans prendre d’engagement préalable pour la suite. De plus, il est probable que la BCE souhaitait « reprendre la main » comme la Fed en septembre et ne pas être « behind the curve » dans un contexte incertain et des élections américaines en novembre.
La prochaine décision en décembre dépendra donc de façon cruciale des données. Il s’agit notamment des rapports sur l’inflation et des indices PMI d’octobre et de novembre, du résultat des élections américaines en novembre, et aussi des données sur les accords salariaux en décembre. Le mode opératoire de la BCE sans forward guidance mais uniquement data dependant peut amener la BCE à ajuster au dernier moment. D’ailleurs, la décision d’aujourd’hui est « un cas de figure » comme le dit Ch. Lagarde qui illustre bien le mode opératoire de la BCE. Ce calendrier ajustable ne modifie pas à ce stade notre projection de taux terminal à 2.75% en 2025 pour le taux de dépôt, et de fait il nous semble toujours que les anticipations de marchés sur les baisses de taux directeurs soient trop agressives (cf graphe 2).
Par Maryse POGODZINSKI, Economiste
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