Déjà importante, l’influence de l’ESG dans le monde des affaires continue à progresser. C’est un phénomène souhaitable qui permet de diminuer les risques liés à un capitalisme débridé. Tant dans son rôle sociétal que dans son impact sur les pratiques environnementales des entreprises, l’ESG œuvre à un développement économique plus harmonieux. Cependant, ces derniers mois, les bienfaits de cette tendance ont plusieurs fois été remis en cause. Il est important de comprendre les raisons et les implications de ces changements récents.
En janvier, aux Etats-Unis, entrait en vigueur une loi qui permettait aux fonds de pension américains de prendre en compte des critères ESG dans leurs décisions d’investissement. Seulement deux mois plus tard, le 1er mars, le congrès votait pour annuler cette loi. Les inconsistances des responsables politiques américains reflètent le malaise qui s’est progressivement installé autour de l’ESG. Les enjeux sont majeurs car cette loi concerne 747000 plans de retraite, 152 millions de citoyens américains et 12000 milliards d’investissements.* Même si Joe Biden devrait utiliser son veto et maintenir la loi, le vote du congrès est lourd d’enseignements pour l’avenir de l’ESG.
Il y a encore quelques trimestres, un tel événement aurait été impensable. Mais en 2022, plusieurs états américains ont fermement condamné l’ESG, jugeant que son influence dans les décisions d’investissement était devenue excessive. Les raisons principales de leur contestation sont les suivantes : il n’existe pas d’analyses fiables qui démontrent la supériorité financière des placements ESG, le marketing ESG manque souvent de substance et de transparence, les scoring ESG reflètent le passé et non les perspectives, les fonds ESG chargent des frais beaucoup plus élevés et l’ESG est détourné et utilisé pour servir des agendas politiques. Même si les ONG et les plus fervents défenseurs de l’ESG s’offusquent de tels propos, l’honnêteté intellectuelle impose de constater que ces récriminations sont en partie légitimes.
Ces points de fragilité sont le talon d’Achille de l’ESG et la raison pour laquelle on ne doit pas lui donner un rôle qu’il ne peut assumer. De même qu’on ne doit pas s’approprier le terme ESG et l’utiliser dans un but mercantile pour « surfer » sur la vague. Parce qu’ils nuisent sérieusement à la crédibilité de l’ESG, ces comportements sont dangereux. Plus ils sont nombreux, plus les critiques seront fortes, et à juste titre. Il nous faut endiguer ces sentiments extrêmes en remettant l’ESG à la place qui est la sienne.
L’investisseur fait son devoir lorsqu’il optimise la relation entre le rendement potentiel et les principaux risques d’un actif. Ces risques peuvent être tangibles (l’incendie d’une grosse usine pour un fabricant automobile) ou intangibles (une perte de brevets pour une société pharmaceutique). Pour chaque investissement, il existe une multitude de risques, mais seulement une poignée d’entre eux comptent vraiment. Ils sont « matériels ». Parfois l’ESG fait partie de ces risques matériels, parfois non.
Si une société est soumise aux quotas d’émissions de CO2 de l’Union Européenne, la trajectoire de ses émissions de gaz à effet de serre est un risque majeur pour l’entreprise, peut-être le plus important. En revanche, pour une société de services, ce risque CO2 est négligeable. Si le taux d’accident d’une entreprise est hors norme, il devient un risque matériel pour la réputation de la société, mais s’il est dans la moyenne, ce n’est pas un sujet clé pour la décision d’investissement.
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