Le prix de l'électricité vient d'atteindre (à nouveau) un plus haut historique au Royaume-Uni. Au point que deux fournisseurs d'énergie assurant l'approvisionnement de près de 600.000 clients, incapables de payer l'électricité aux prix actuels viennent de cesser leurs opérations, portant à quatre, depuis le début du mois, le nombre d'opérateurs ayant fait défaut, et à près de 700.000 le nombre de clients touchés.
À partir du 1er octobre, 11 millions de foyers britanniques devraient être concernés par une hausse de leur facture énergétique après que l'OFGEM a augmenté le plafond du prix que peuvent facturer les opérateurs. Ainsi, cet hiver, comme ce fut le cas au cours des derniers mois, l'inflation pourrait continuer de glisser au-dessus de la cible de 2% de la Bank of England. Et ce n’est malheureusement pas en portant le regard vers la mer du Nord que les Anglais pourront trouver quelque réconfort : chantier en expansion permanente, le parc éolien offshore ne livre pas à l’archipel l'énergie vitale tant espérée. En effet, depuis le début du mois, le vent du nord ne souffle que parcimonieusement sur les côtes du pays d'Albion. A l’arrêt, les éoliennes ne contribuent plus qu’à hauteur de 7% du mix énergétique du pays… contre 25% en moyenne en 2020. L’Europe septentrionale n’est pas plus épargnée : en Allemagne, la génération par éolienne campe 50% sous sa moyenne à cinq ans. Conséquence des pénuries de gaz (incendies en Sibérie, maintenances continues en Norvège), de l’explosion du cours du charbon et du manque de vent, les prix de l’électricité y progressent de 48% depuis fin août (contre +36% en France).
Dans ce contexte, l’achèvement, cette semaine, du chantier du Nord Stream 2 pourrait paraître providentielle mais, ironie du sort, le « vent du nord» que souffle le russe Gazprom dans son pipeline cause plus de sueurs froides aux dirigeants européens qu’il n’apporte de soulagement à la crise énergétique. Dans ses 1300 km de vertèbres d'acier trempé posées au fond de la mer Baltique, le géant métallique charrie avec ses 55 milliards de mètres cubes de gaz qu'il comprime à 40 km/h les relents de néo guerre froide de l'ère Obama. Posé en dérivation entre la Russie et l'Europe, il prive Kiev de la manne financière de son péage gazier et resserre irréfragablement, sans que les manœuvres de l'Otan ou les sanctions des Etats-Unis n'y changent quoi que ce soit, l'étau russe sur l’Ukraine, probablement à jamais amputée de la Crimée… Pour Biden qui livre à prix d’or son gaz liquéfié à l’Europe, le gaz russe (moins cher) est la lame invisible du poignard que Merkel, et l’Europe, les mains liées par la nécessité, lui plantent dans le dos. De quoi donner au Président américain peut-être moins de scrupules à ravir au français Naval Group son contrat du siècle avec la Marine royale australienne. Et pourtant, ce n’était pas du côté de Thalès, copropriétaire avec l’Etat du fabricant du sous-marin Barracuda qu’il fallait se tourner pour trouver cette semaine la valeur la plus sanctionnée sur les marchés. Moins contributeur aux profits du champion français de la défense que le Rafale, le contrat accusait d’ailleurs déjà son lot de déconvenues opérationnelles connues des investisseurs.
En réalité, le coup de tabac qu’attendaient les fermes éoliennes du nord s’est abattu sur les valeurs « utilities » du Sud lorsque l’Espagne en réponse à la hausse des prix de l’énergie a semblé vouloir s’engager sur la voie d’une confiscation sociale d’une partie des profits des fournisseurs d’énergie. Obligation de vendre hors marché une partie de l’électricité hydroélectrique ou nucléaire, élimination des bénéfices exceptionnels liés à la hausse des prix, suppression des profits découlant de la hausse du CO2 : ces mesures qui pourraient coûter près de trois milliards à l’industrie dans les six prochains moins ne sont pas sans rappeler les propositions de l’ultra-gauche française, parmi lesquelles celle d’une « année blanche pour les profits du CAC40 ».
Malheureusement, sans profits il n’est point d’investissements de long terme, et à l’heure où se déploient les fonds du plan de relance européen dans l’économie, l’Espagne, comme la France ont terriblement besoin de ces investissements pour soutenir la reprise économique et faire face au péril d’une crise énergétique…
Par Thomas Planell, Gérant – analyste.
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