Responsable de la recherche ESG et gérante ISR chez Sycomore, Bertille Knuckey réagit à l’article « Que ceux qui ne sont pas ISR lèvent la main ! »
Oui, c’est vrai, l’univers de l’ISR est foisonnant, en ébullition, avec de multiples approches, Best-in-Class, ISR de conviction… Sur un marché comme la France où les encours sous gestion pour compte de tiers sont de l’ordre de 4.000 milliards d’euros, près de 1.000 milliards d’euros intègrent de manière plus ou moins prononcée des critères ESG, au sein desquels 310 milliards d’euros sont qualifiés de « full » ISR, c’est-à-dire sélectionnant les sociétés sur des critères ESG.
Et si on veut aller encore plus loin, il convient de noter que seuls 45 milliards d’euros d’actifs disposent du label ISR mis en place par Bercy.
Voilà la réalité du marché : une offre qui se développe avec un degré d’exigence plus ou moins important selon les acteurs. Faut-il le déplorer ? Juger que le verre est à moitié vide ?
Non. Le fait que l’ISR devienne « mainstream » est une bonne chose car cela sensibilise non seulement les investisseurs mais aussi tous les citoyens à l’importance d’orienter leur épargne vers des solutions d’investissement responsables qui contribuent à façonner le monde de demain. Ils encouragent ainsi les entreprises à adopter de bonnes pratiques et à répondre aux enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux. Progressivement, le public se forme et devient plus averti, le degré d’exigence augmente, les pratiques s’affinent. Certes l’ISR est en devenir mais les bases sont jetées, les fondations sont solides et un pays comme la France a fait l’effort de se doter d’un référentiel crédible avec le label ISR.
Bien évidemment, il y a encore du chemin à faire. Sans doute serait-il utile d’avoir un label ISR avec un système de gradation qui permettrait de sortir d’une approche binaire (oui/non) et de mesurer les efforts faits par les gérants pour mettre en place une gestion ISR avec une contribution nette positive au développement de solutions sociétales et environnementales.
Mais il existe déjà de bonnes pratiques en matière d’ISR : vote en assemblée générale, engagement actionnarial, sélection, désinvestissement, transparence… De plus en plus d’analystes financiers prennent désormais en compte les paramètres ESG pour mieux appréhender la réalité des entreprises. Ils ont compris que ces paramètres pouvaient constituer un indicateur avancé de performance économique de l’entreprise et de sa bonne santé financière. D’autres gestionnaires d’actifs en sont encore à leurs balbutiements et doivent affiner leur processus d’intégration ESG.
Donc oui, il existe des bonnes pratiques en matière d’ISR. Le label ISR conçu par Bercy et dont l’attribution est conditionnée à un audit réalisé par un tiers indépendant est l’une des pistes sûres pour l’investisseur qui souhaite se repérer au sein de l’offre actuelle. Mais n’hésitez pas à aller plus loin en challengeant vos banquiers et gérants sur leurs choix d’investissements qui participent (ou non) au développement durable !