C’est fait ! L’objecXf maximal des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine est désormais à 4 %. La Fed a donc relevé, ce mercredi 2 novembre, le loyer de l’argent pour la sixième fois cette année. Le rythme est brutal, puisque la hausse cumulée aceint 3,75 % en huit mois. Pas de doutes, nous vivons le durcissement monétaire le plus accéléré depuis 1982, soit depuis quatre décennies. Entre-temps, seul le cycle entre juin 2004 et juillet 2006 était d’une ampleur supérieure (4,25 %), mais sur une durée beaucoup plus longue (2 ans).
Malheureusement, ce n’est pas fini ! Jerome Powell a été clair lors de sa conférence de presse, en répétant toute la déterminaXon de son insXtuXon à combacre l’inflaXon et à garder le cap jusqu’à ce que le travail soit achevé. Certes, le rythme des hausses sera dorénavant ralenX pour bien mesurer toutes les conséquences des relèvements récents. Néanmoins, le président a bien précisé qu’une série d’acXons supplémentaires était encore nécessaire pour ramener l’objecXf d’inflaXon autour de 2 %, et que le niveau dit « terminal » des taux directeurs était supérieur aux anXcipaXons iniXales. En d’autres termes, le seuil des 5 % d’ici la mi-juin, voire avant en mars prochain, est une forte possibilité. Dans cece perspecXve, la poliXque monétaire deviendrait restricXve, si l’inflaXon de base rebaisse aux États-Unis en-dessous des 5,1 % actuellement, selon l’indice PCE. L’adjecXf n’est plus tabou. Ce scénario, couplé avec un fort ralenXssement économique, devrait en théorie consXtuer un film d’horreur pour les marchés, digne d’un lendemain d’Halloween. En effet, cela signifierait que la contracXon des mulXples de valorisaXon n’est pas achevée, de surcroît dans un environnement de baisse des bénéfices par acXons (le fameux « E » de « PER » ou Price Earning RaCo), si la récession s’installe.
Pourtant, les bourses accusent relaXvement bien le choc cece semaine, surtout en Europe, avec une baisse symbolique du CAC40 d’à peine 0,01 %. En toute logique, la diminuXon est plus prononcée aux États-Unis, avec des performances négaXves en dollar de 2,3 % pour l’indice S&P500 et de plus de 4 % pour le Nasdaq Composite. C’est une bonne surprise qui s’explique par de bons résultats, à l’image de ceux de BNP Paribas et de Sanofi. La banque française a annoncé une croissance sur un an, au troisième trimestre, de 8 % de ses revenus et de plus de 10 % de son résultat net. Notre laboratoire pharmaceuXque naXonal affiche une progression plus de 19 % de son acXvité et de plus de 30 % de ses profits sur cece même période. Sur les neufs premiers mois de l’année, les deux groupes ont une performance assez similaire, puisque leurs bénéfices totalisent respecXvement 8,04 et 8,2 milliards d’euros. Si on rajoute les excellents chiffres de TotalEnergies et de LVMH, on s’aperçoit que ces quatre grosses capitalisaXons françaises, qui représentent plus de 30 % de la cote, sont des entreprises solides, malgré le contexte actuel compliqué. Elles inspirent confiance pour un invesXsseur, et sont surtout raisonnablement valorisées, puisque celles-ci se payent entre 4 et 11 leurs profits, à l’excepXon de LVMH (23 fois). Ce dernier raXo s’est également bien contracté depuis plus d’un an, sous l’effet de compression liée à la hausse des taux longs, car il se situait historiquement au-dessus de 30 fois. Pour un peu que la rumeur de l’abandon de la poliXque zéro Covid en Chine se matérialise, le potenXel de hausse des cours reste important, malgré toutes ces mauvaises nouvelles autour de nous. C’est pourquoi, nous restons prudents et sélecXfs, mais restons invesXs sur des Xtres de bonne qualité, à l’image de nos quatre champions naXonaux.
Par Arnaud BENOIST-VIDAL, gérant d’actifs.
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