Au revoir 2022, nous ne te regretterons pas. Et pourtant, il y a un an, les espoirs, pour la nouvelle année, étaient aussi grands que les craintes sont vives pour cette année 2023 qui débute.
Il y a un an, portés par l’euphorie de la réouverture post covid, les analystes de marché anticipaient une poursuite de la chasse aux records sur la bourse américaine. Pour le Cac 40, les investisseurs attendaient plus de 10% de hausse et un indice dépassant pour la première fois les 8000 points. Certes, les bruits de botte, à la frontière ukrainienne, commençaient à se faire entendre et certes la Fed avait commencé à s’inquiéter de l’inflation, mais les soucis paraissaient encore lointains et incertains. Un an après, les choses ont diamétralement changé et la crainte d’une nouvelle année noire pour les actifs financiers transpire dans tous les « perspectives 2023 » des banques et des maisons de gestion.
À contre-courant, nous faisons, par conviction, le pari de l’optimisme pour 2023. Voici nos raisons.
Tout d’abord, sur le front de l’inflation, nous constatons que les deux facteurs principaux qui ont concouru à la très forte progression de l’inflation depuis 18 mois, à savoir la pression sur les chaînes de production mondiales et la hausse des prix des matières premières, sont engagés depuis plusieurs mois dans une détente rapide. Le prix du baril de pétrole (brent) est passé en fin d’année en dessous du prix qui prévalait la veille de l’intervention russe en Ukraine. À 80$ le baril, le prix est d’ailleurs désormais au même niveau qu’il y a un an. Sur le front du gaz l’embellie est réelle également, portée par l’hiver doux que nous connaissons jusqu’à présent. Le prix du mégawatt heure de gaz en livraison à un an vaut actuellement 70€, soit le prix le plus bas depuis mars dernier lors des débuts de l’invasion russe. Les stocks de gaz en Europe sont encore remplis à hauteur de 83% (contre 55% à la même époque l’année dernière), ce qui laisse espérer que le remplissage pour l’hiver prochain sera d’autant plus aisé. L’ensemble de ces éléments nous conduit à anticiper une baisse rapide de l’inflation en 2023 tant aux Etats-Unis qu’en Zone euro.
Le comportement des ménages restera la variable clé pour déterminer le niveau de croissance économique cette année. Mise à rude épreuve par la baisse du pouvoir d’achat des ménages en 2021 et 2022, la consommation est malgré tout restée robuste en volume en 2022. Nous pensons que la consommation pourrait surprendre positivement une nouvelle fois cette année. Cette confiance est fondée sur l’accélération à la hausse des salaires en 2023 en Zone euro (la BCE attend une hausse des salaires dans la Zone euro de 5.2% en 2023 après 4.5% en 2022) qui va venir croiser la courbe de l’inflation et ainsi permettre au pouvoir d’achat des ménages de se redresser.
Par ailleurs, la meilleure assurance anti-déprime pour les ménages de la zone euro reste la bonne santé du marché du travail. Trois millions, c’est le nombre d’emplois supplémentaires que comptait la Zone euro au troisième trimestre 2022 par rapport au niveau d’emploi qui prévalait avant la pandémie de Covid. Le taux de chômage est 1% plus bas désormais (6.5%) qu’à la fin 2019 (7.50%). Le rééquilibrage du marché du travail en faveur des demandeurs d’emploi repose en partie sur le départ à la retraite depuis 2010 de la génération des baby-boomers. Nous commençons à aborder la phase la plus extrême de cette tendance avec le départ à la retraite des générations nées dans les années 60 et qui constituent le gros de la cohorte des baby-boomers. Un autre facteur de soutien au marché du travail est la répugnance des entreprises à alléger leurs effectifs dans un contexte où elles viennent juste de remettre en place leur organisation après 2 ans de crise Covid.
Notre scénario central pour cette nouvelle année est donc celui d’une économie européenne et américaine qui, après un ralentissement au tournant de cette année, gagne progressivement en force pour atteindre un niveau de dynamisme économique proche du potentiel. Ce scénario n’est pas sans risque et nous identifions 2 risques majeurs qu’il convient de suivre. Tout d’abord le risque que le niveau atteint par les taux d’intérêt ne conduise à des ajustements qui déstabilisent l’économie. Nous pensons que ce risque existe pour des secteurs bien précis, comme le financement à effet de levier ou l’immobilier. Enfin le deuxième risque est une reprise de la hausse des prix de l’énergie en réponse, par exemple, à une intensification du conflit en Ukraine.
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