Le scénario économique qui se dessine n’est pas celui que les investisseurs attendaient il y a encore quelques semaines et ceci explique, à notre avis, la belle progression des actifs risqués depuis le début de l’année.
Le scénario économique envisagé à l’orée de l’année 2023 était celui d’une économie (aux Etats-Unis et en Zone euro) en fort ralentissement sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et du ralentissement de la consommation. En anticipation de ce ralentissement économique, les marchés d’actions avaient baissé en 2022, tout en amorçant un rebond en fin d’année dernière dans l’espoir d’une modération à venir des politiques des banques centrales.
Ce scénario, s’il n’est pas encore caduc, nécessite a minima une révision. Le ralentissement économique ne semble en effet pas aussi évident. D’abord, les publications de la croissance au 4ème trimestre au-dessus des attentes ont calmé les craintes de récession, ensuite les indicateurs d’activité sur ce début d’année montrent une résilience surprenante. Sans revenir sur les enquêtes d’activité en Zone euro et aux Etats-Unis qui en janvier ont sensiblement rebondi ou encore sur l’absence de remontée du chômage, les ventes au détail aux Etats-Unis pour janvier publiées la semaine dernière (+ 1.7% contre -0.7% en décembre) ont illustré une nouvelle fois cette dynamique inattendue de la croissance.
Le revers de la médaille a pourtant de quoi inquiéter les investisseurs. En l’absence de ralentissement marqué de l’économie, l’inflation si elle poursuit sa décrue, ne baisse que lentement et encore seulement sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie. La composante de l’inflation la moins volatile comme le prix des services poursuit sa progression (4.1% aux Etats-Unis en janvier sur un an). Cette réalité inquiète la Banque centrale américaine et les marchés. La communication de la FED après s’être assouplie au tournant de l’année, a récemment opéré un nouveau raidissement en manifestant de l’inquiétude vis-à-vis d’une baisse trop lente de l’inflation. En conséquence, les marchés ont révisé leurs attentes de taux d’intérêt pour cette année. Le point haut du cycle de resserrement monétaire est attendu en juillet avec un taux cible de 5.30%, soit une hausse de 50 bps en un mois. Même constat en Zone euro avec un taux cible attendu à 3.60% en septembre (+30 bps sur un mois).
À la différence de l’année dernière ces révisions haussières ne se sont pas traduites par des baisses des marchés actions, au contraire. La semaine dernière, alors même que les taux d’intérêt progressaient vivement (+ 8 bps sur le 10 ans US et allemand), les indices actions ont poursuivi leur progression au-delà de leurs précédents records annuels (+3.06% sur la semaine pour le CAC 40). Il faut y voir, à notre avis, l’effet du soulagement des investisseurs qui s’attendaient encore, il y a peu et dans leur grande majorité, à une récession importante notamment en Zone euro. Pour autant, nous sommes surpris, comme d’autres, du peu de cas fait par les investisseurs, au changement de ton des banques centrales et craignons que l’optimisme des marchés soit rattrapé à court terme par le conservatisme des banques centrales qui voudront s’assurer de voir refluer l’inflation avant de changer de cap.
La semaine qui s’ouvre sera très riche en indicateurs à la fois macro (PMI en Zone euro, inflation PCE aux Etats-Unis) et micro (publications des détaillants US, Walmart, Home depot, eBay) qui permettront d’affiner notre vue sur l’économie américaine et européenne.
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