Retrouvez ci-dessous le décryptage macro et marché mensuel d’IVO.
Dans le monde…
Malgré des écarts de rendements relativement résilients (+5pdb), le rebond des taux américains (+41pdb sur le 10 ans américain) a terni la performance des marchés obligataires émergents en février. L’incertitude concernant la trajectoire de l’inflation et l’incidence de la remontée des taux sur l’économie restent les principaux vecteurs de volatilité sur les marchés. Après un mois de janvier empreint d’optimisme, les investisseurs ont dû digérer des indicateurs macroéconomiques révélant une persistance plus importante que prévu des pressions inflationnistes, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Aux Etats-Unis, où la Fed a sans surprise augmenté ses taux directeurs de 25pdb début février, la robustesse du marché de l’emploi – qui affiche un taux de chômage à 3.4%, du jamais vu depuis 1969 – et l’amélioration de certains indicateurs macroéconomiques (ISM services en forte hausse, croissance inattendue des ventes au détail en janvier) ont témoigné de la solidité de l’économie américaine, renforçant en conséquence la probabilité d’un resserrement monétaire plus important et plus long qu’attendu. La publication du CPI américain a conforté cette tendance, affichant une hausse annuelle des prix de 6.4% en janvier, supérieure aux prévisions du marché malgré une baisse séquentielle.
Même son de cloche en Europe : la BCE a relevé ses taux directeurs de 50pdb début février et ses dirigeants continuent à marteler leur intention de maintenir les hausses de taux à un niveau élevé, alors que l’inflation est repartie à la hausse en France (7.2% en février) et en Espagne (6.1%). L’économie a également montré certains signes de résilience : la zone euro affichait une croissance légèrement positive au quatrième trimestre de l’année 2022 et certains indices indiquaient un rebond de l’activité en février (flash PMI au-dessus des attentes). La réévaluation par les marchés du timing et du niveau de la fin du cycle de hausse de taux aux Etats-Unis et en Europe a donc affecté l’ensemble des classes d’actifs. Le S&P500 a enregistré une chute de 2.3% en février, quand l’indice MSCI émergent reculait de 3.9%. Les matières premières ont également été impactées, notamment par l’effet de la hausse du dollar, malgré la réouverture de l’économie chinoise et son incidence sur la demande.
…et dans les pays émergents
Dans ce contexte, la grande majorité des pays émergents enregistre une performance négative en février. L’Ukraine (+5.2%) est le seul pays à afficher une performance nettement positive. Sur le front ukrainien, le mois a été marqué par la tentative de médiation du gouvernement chinois, qui a rendu public un plan en douze points visant à mettre fin au conflit, alors que des rumeurs font état d’un possible soutien militaire à l’armée russe. Ces rumeurs interviennent sur fond de tensions accrues entre la Chine (-3.4%) et les Etats-Unis, alors que certains rapports évoquent un renforcement des effectifs militaires américains mis à disposition de Taiwan pour la formation de ses forces nationales. Ailleurs dans les émergents, le mois a été marqué par les tremblements de terre ayant meurtri la Turquie (-0.7%). Alors que le bilan humain s’avère exceptionnellement lourd, la Banque mondiale estime que les dégâts matériels dépassent les 34 milliards de dollars, soit l’équivalent de 4% du PIB du pays en 2021. En réponse, la banque centrale turque a d’ores et déjà baissé son taux directeur de 50pdb, malgré une inflation tutoyant les 60% en janvier 2023. Nous surveillons attentivement les possibles conséquences sur l’univers des émetteurs corporates du pays.
En Amérique Latine, le Brésil (-3.3%) enregistre la pire performance de la région en février. Outre certains évènements idiosyncratiques affectant quelques émetteurs du pays, la passe d’armes entre Lula et le gouverneur de la banque centrale du pays a accentué la volatilité du marché brésilien. Le nouveau président du pays a ouvert la voie à une remise en question de l’indépendance de la banque centrale à l’issue du mandat de l’actuel gouverneur en 2024, jugeant la cible d’inflation (3.25%) trop basse pour un pays comme le Brésil et fustigeant des taux directeurs (13.75% actuellement) qui entraveraient le potentiel de croissance du pays. Enfin, l’imminence des élections au Nigeria (-1.3%) – dont l’issue se dirige vraisemblablement vers la victoire du candidat du parti au pouvoir – a pesé sur la performance du pays, avant un rebond en fin de mois. L’émergence d’une troisième voie en la personne de Peter Obi, hors des deux partis traditionnels, a rendu cette élection exceptionnellement indécise alors que le pays est en proie à des difficultés économiques et sociales aiguës.
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A propos d’IVO Capital Partners
IVO Capital Partners est une société de gestion française indépendante spécialiste de la dette d’entreprise. Créée en 2012, elle investit dans le crédit coté et non coté avec une prédilection pour les situations offrant des primes de rendement sur les marchés internationaux, notamment émergents. Elle gère plus de 1,25 milliard d’euros d’encours (fin 2022) au travers de mandats de gestion, de quatre fonds obligataires Ucits et de véhicules dédiés à des opérations de dette privée dans les domaines du financement de contentieux juridiques et de l’octroi de prêt à des sociétés en forte croissance. La société compte une vingtaine de collaborateurs au sein de ses bureaux de Paris et Mexico.