Wolfgang Fickus, CFA, Spécialiste Produits chez Comgest, revient sur la poussée inflationniste qui a radicalement changé la donne sur les marchés de capitaux l’an dernier, exacerbée par la remontée des taux la plus rapide depuis près de 40 ans. Les valeurs de croissance ont été particulièrement pénalisées mais contrairement à de nombreuses sociétés contraintes de revoir à la baisse leurs ambitions de développement, les sociétés en portefeuille continuent dans l’ensemble de croître sans être déstabilisées par la flambée soudaine du coût du capital et la volatilité des marchés financiers.
Le coût du capital n’a pas été la préoccupation première des investisseurs en 2022, davantage attentifs à la compression des valorisations. « Il pourrait ainsi être tentant de vouloir racheter ou de renforcer ces sociétés dont le cours a été chahuté », estimait l’analyste-gérant Alistair Wittet. Cependant, l'impact de la hausse du coût du capital sur la marche future des affaires reste la grande inconnue du moment.
La question qui se pose aujourd'hui consiste à évaluer le niveau de croissance pouvant désormais être attendu, compte tenu de l’augmentation des coûts de financement. C'est dans ce contexte que les différences en termes de qualité pourraient creuser davantage d’écarts. Contrairement à la dernière décennie, les sociétés peinent davantage à financer leur croissance, au point que certaines jeunes pousses ont déjà dû revoir à la baisse leurs ambitions et réduire leurs coûts.
Le suédois Klarna, pionnier des solutions de crédit et de paiement en ligne « buy now, pay later », en est la parfaite illustration. Après avoir multiplié par quatre ses pertes au premier semestre 2022, sa valorisation est passée de 46 milliards de dollars en juin 2021 à 6,7 milliards de dollars en juin 2022. La direction a dû annoncer un plan de réduction des effectifs de 10%, afin de limiter les coûts et de ralentir la croissance pour accroitre la rentabilité. Le CEO a parfaitement résumé le nouvel état d'esprit de la société : « Après avoir fait la part belle à la croissance pendant plusieurs années, les investisseurs s'attendent désormais à voir leur modèle économique validé. ». Un autre exemple est N26, la néo banque allemande, dont Allianz a mis en vente sa participation de 5% au capital, en avril 2023. La décote affichée est de 68% sur le dernier tour de table d’octobre 2021. La valorisation a ainsi été divisée par 3 sur la période.
Un examen approfondi d’ARK Innovation (ETF sur la thématique de l’innovation) indique que le portefeuille agrégé devrait être bénéficiaire en 2025 au plus tôt. Rien de surprenant pour des jeunes pousses positionnées dans les technologies de rupture. Elles investissent massivement, mais leur taille ne leur permet pas encore de financer leur croissance en interne. À l'instar de Klarna, certaines pourraient encore revoir à la baisse leurs ambitions.
En revanche, les sociétés dites de « qualité et croissance », dans lesquelles investit Comgest, n’ont pas à prendre de telles décisions. C'est même tout le contraire. Leur croissance va de pair avec leur rentabilité. Ces sociétés ont généré de fortes marges de trésorerie disponible, en termes absolus, par rapport à leurs indices comparatifs et à ARK Innovation. En moyenne, 10,4 % du chiffre d’affaires peut être réinvesti dans des projets de croissance sur l’année suivante, comme l'atteste l’examen des portefeuilles de quatre des stratégies actions régionales de Comgest, ainsi que le véhicule Actions Internationales. En revanche, les sociétés qui en sont aux premiers stades de leur croissance devraient consommer près de 10 % de leur chiffre d'affaires au cours des 12 prochains mois.
Les sociétés présentes dans le fonds Comgest Renaissance Europe ont ainsi publié une croissance organique de leur chiffre d'affaires de 13 % en 2022, et les acquisitions ont ajouté 3 % à cette croissance. Elles ont également augmenté les prix de 5 % au cours de la même période. La croissance organique a encore accéléré au premier trimestre 2023. Les sociétés du portefeuille qui ont publié leurs résultats trimestriels jusqu’à maintenant ont généré une croissance de ‘high teens’.
Comgest Renaissance Europe progresse de plus de 19% YTD au 19 mai 2023, surperformant l’indice de 7% et Comgest Monde C, + 15% YTD, soit une surperformance de 8,1% par rapport à l’indice.
La rentabilité, exprimée en marge d’EBIT, est restée élevée tout comme le flux de trésorerie disponible, ce qui nous incite à penser que « toutes les sociétés de croissance ne se valent pas ». Investir dans des sociétés dites de « qualité et croissance » nous semble être un choix d'investissement avisé après la correction boursière observée en 2022. Dotées de solides flux de trésorerie disponibles et de bilans sains, ces sociétés ont toutes les cartes en main pour continuer à prospérer, moins sensibles à la volatilité des marchés de capitaux, à l’évolution du coût du capital ou encore au cycle économique. Autant d'arguments qui placent les intérêts composés comme principal moteur de la performance à long terme.
Wolfgang Fickus, CFA, Spécialiste Produits chez Comgest
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