Les taux d’intérêt de marché à long terme ont fortement augmenté ces deux dernières années. Ce phénomène s’est même intensifié depuis cet été, aux Etats-Unis et en Europe, de manière quasi synchronisée. A titre d’illustration, le taux à 10 ans américain est ainsi passé de 3,85 % fin juin 2023 à 4,81 %le 6 octobre, puis à 4,62 % le 13 octobre. Mais alors, qu’est-ce qui fait bouger les taux ?
Les taux d’intérêt de long terme sont gouvernés par deux éléments :
(i) les anticipations de taux courts
(ii) une « prime de terme », reflétant le supplément de rendement exigé en contrepartie du risque d’investir sur un horizon lointain. Pour complexifier l’équation, ces facteurs en capsulent également leurs propres déterminants. Les anticipations de taux courts sont influencées par les taux directeurs constatés, mais surtout par les attentes des investisseurs quant à l’évolution de ces derniers, intimement liées à la dynamique du couple croissance/inflation ou encore à celle du « taux neutre ». La prime de terme répond quant à elle à l’incertitude sur l’inflation future, ainsi qu’à des facteurs d’offre et de demande de titres sur le marché, qu’il s’agisse d’achats réalisés par les banques centrales, des émissions de dettes par les Etats ou de l’aversion pour le risque des investisseurs.
Lors de la décennie précédente, les taux à long terme ont tendanciellement diminué. Pour faire face à la crise de 2008, les politiques monétaires ont été durablement assouplies, par le biais notamment de programmes d’achats de titres (quantitative easing). La prime de terme s’est comprimée, en raison de la réduction du stock de dettes d’Etats, alors détenu et conservé en partie par les autorités monétaires.
Les taux d’intérêt ont ensuite pris le sens inverse à partir de l’été 2020, accompagnant la hausse de l’inflation, la vigueur de la croissance mondiale et le resserrement monétaire. Le taux à 10 ans américain a fluctué de 1,51 % fin 2021 à 3,88 %fin 2022, et de -0,18 % à 2,57 % pour son équivalent allemand. Le prix d’une obligation étant inversement lié à l’évolution des taux, les performances enregistrées par les obligations souveraines ont oscillé entre -6 % et -30 % en 2022, selon la maturité et la zone géographique considérée.
Par Florent Wabont, Economiste chez Ecofi.
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