La Banque de France se livre à un véritable tour du propriétaire dans sa livraison de juin « Evaluation des risques du système financiers français ».
On sait en effet que plusieurs autorités ont d’ores et déjà invités les assureurs à revoir leur copie sur le niveau de rémunération de leurs fonds en euros : à l’heure où de plus en plus de dettes d’Etat affichent des rendements négatifs, il devient difficile, voire dangereux, de garder des rendements confortables sur un fonds en euros qui est obligé d’aller chercher du rendement sur d’autres classes d’actifs (dont de l’immobilier).
Parmi les risques identifiés par la Banque de France, dans son document de près de 60 pages, arrivent en première place les risques liés à l’environnement économique, en particulier une reprise qui se révèle faible, et en tout état de cause avec une dynamique moins porteuse qu’avant-crise.
Bien sûr l’institution passe en revue le Brexit, les risques portés par les émergents, la faiblesse des cours des matières premières et les taux bas. Sans oublier l’immobilier…
Dans ce domaine il convient d’être vigilant à la surévaluation de l’immobilier commercial et aux répercussions sur l’écosystème :
« a. Compte tenu des vagues de renégociations et de rachats au cours des dernières années, les portefeuilles bancaires sont essentiellement constitués aujourd’hui de prêts à taux fixes proches de minima historiques, ce qui pourrait peser sur les marges bancaires en cas de remontée des taux ;
b. Le ratio de loan to value atteint un plus haut, y compris retraité des rachats de crédits externes; en outre, la part des crédits ayant donné lieu à un sur-financement a enregistré une très vive progression, passant de 9,5 % fin 2014 à 11,5 % en décembre 2015, loin cependant du pic de 2007 (16,2 %) ;
c. Enfin, il convient de rester vigilant face au niveau d’endettement des ménages français, qui, à 86,4 % du revenu disponible brut au T4 2015, reste certes très éloigné des niveaux atteints aux États-Unis (134,8 %) et au Royaume-Uni (128,4 %) et même de la moyenne zone euro (93,3 %), mais en hausse constante sur les deux dernières années, contrairement aux autres grands pays de la zone euro.»
Coté placements financiers, on note un allongement moyen des sensibilités (6,7 années fin 2015 contre 6,4 fin 2014 et 5,5 fin 2013) des poches obligataires. Même si à court terme le risque de taux semble hypothétique de ce côté de l’Atlantique, la Banque de France estime qu’il est susceptible de s’activer en cas de choc sur les marchés obligataires.
fl/ef