Pleins de feux sur les banques centrales, encore et toujours...
Benjamin Melman, Global Chief Investment Officer, AM
Goldilocks ou marche en arrière ?
Cette année encore dans cette phase accentuée de désinflation et jusqu’au retour à la normale, le comportement des banques centrales jouera un rôle majeur dans la dynamique de l’ensemble des marchés. Sur l’obligataire évidemment, mais aussi sur les marchés d’actions. En effet, pour les marchés d’actions, le niveau des taux d’intérêts constitue le principal risque sur l’économie (contraction du crédit bancaire, deleveraging en Europe et aux États-Unis), sur les marges des entreprises (hausse attendue des charges financières) et sur les valorisations. À ce titre, si le scénario de désinflation continue de se dérouler comme prévu et que les investisseurs saisissent que les banques centrales vont normaliser leur politique monétaire, les performances sur les deux classes d’actifs pourraient être substantielles cette année et ceci en dépit de croissances bénéficiaires qui ont de nombreuses raisons d’être décevantes. En effet, le potentiel de baisse de taux directeurs dans le cadre d’une normalisation est considérable, représentant près de la moitié des niveaux actuels. Et les investisseurs doivent tendre l’oreille quand Jérome Powell ou Christine Lagarde, tout en publiant un biais neutre en termes de politique monétaire dans leurs communiqués, en sont à discuter du timing de la première baisse de taux en pleine conférence de presse.
La croissance américaine défie les lois de la gravité, encore et toujours...
De nombreuses études, corroborées par les banquiers centraux, montrent à quel point la normalisation des chaînes de production a joué un rôle essentiel dans cette baisse de l’inflation. Il est en revanche difficile d’estimer combien de temps cet effet peut encore perdurer, maintenant que les conditions de production se sont normalisées. Face à cette incertitude, il serait préférable que la forte croissance américaine amorce son ralentissement. Il n’en a rien été au quatrième trimestre 2023, ni en ce début d’année où de nombreux indicateurs militent même éventuellement pour une réaccélération inattendue. Il ne fait aucun doute qu’une grande partie de la résilience américaine s’explique par le regain de pouvoir d’achat que cette désinflation, venue d’une augmentation de l’offre et non d’un tassement de la demande, a nourri. Sur les 6 derniers mois, à 1,9% annualisé, le noyau dur de l’inflation core PCE [1] a baissé de plus de 2% annualisé par rapport aux six mois précédents, ce qui est considérable pour le consommateur. Vu que l’essentiel de la désinflation a normalement vécu, c’est un support à la croissance qui va s’éteindre. En ajoutant le fait que la politique fiscale, qui a encore soutenu significativement la croissance en 2023 redeviendra plus neutre cette année, le ralentissement américain nous semble inéluctable : il s’agit désormais d’être patient.
L'économie européenne se stabilise, enfin !
Le Bank Lending Survey de la BCE pointe un redressement des conditions financières qui étaient bien dégradées. Les banques sont moins nombreuses à déclarer vouloir resserrer leur politique d’octroi de crédit, de même qu’à anticiper une réduction de la demande de crédit. Les dernières statistiques de crédit bancaire pointent d’ailleurs un début d’amélioration. En parallèle, les enquêtes PMI se redressent un peu. Autant rien ne permet d’espérer une reprise en Europe, autant le pessimisme des investisseurs sur la zone était probablement excessif.
Benjamin Melman, Global Chief Investment Officer, Edmond de Rothschild Asset Management
[1] PCE : « Personal Consumption Expenditures ». Il s’agit de la consommation des ménages hors éléments volatils. Cet indicateur mesure la variation des prix du point de vue du consommateur. Il s'agit d'un outil-clé pour mesurer les variations des tendances d'achat et de l'inflation.
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