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Les doutes des investisseurs persistent quant au démarrage du cycle de taux pour le mois de juin, notamment à la lumière des déclarations de Christopher Waller, gouverneur de la Fed, qui a affirmé que la banque centrale pouvait prendre son temps avant de les baisser.
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La dynamique de croissance des salaires favorisera le repli de l’inflation, soutenant la thèse d’un ralentissement économique en douceur et d’une baisse des taux directeurs de la BCE en juin.
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Les très bonnes performances des marchés actions depuis fin octobre nous invitent à des prises de profits tactiques.
Les doutes des investisseurs persistent quant au démarrage du cycle de taux pour le mois de juin, notamment à la lumière des déclarations de Christopher Waller, gouverneur de la Fed, qui a affirmé que la banque centrale pouvait prendre son temps avant de les baisser. Il est vrai que les récentes données économiques, en particulier les indicateurs de surprises économiques par zone géographiques, pourraient inciter les banques centrales à patienter davantage.
Il est effectivement plutôt inhabituel de constater une telle simultanéité dans le récent redressement conjoncturel pour tous les pays avancés ainsi que pour les grands pays émergents, et ce, en amont d’un cycle de baisse de taux.
Il est aussi vrai qu’aux États-Unis, le rythme de désinflation a ralenti depuis le début d’année, soulevant des questions stratégiques sur la convergence de l’inflation vers la cible des banques centrales.
Selon nous, la batterie complète de données sur la croissance et l’inflation dont nous disposerons d’ici le mois de juin devrait confirmer un ralentissement des hausses de prix tant aux Etats-Unis qu’en Europe.
Aux US, le rythme d’inflation annualisé sur six mois mesuré par le PCE (rapport sur les dépenses des ménages) devrait converger d’ici l’été vers les 2% voire bien en dessous et donner ainsi un confort supplémentaire à la FED dans ses baisses de taux. En France, comme dans d’autres pays européens, les entreprises tendent à accorder des augmentations salariales plus modestes, ce qui devrait accentuer le fléchissement de l’inflation salariale, point crucial pour la BCE. La Banque de France a d’ailleurs révélé que les augmentations salariales devraient être moins élevées cette année, confirmant un ralentissement de la boucle “prix - salaires”. La dynamique de croissance des salaires favorisera le repli de l’inflation, soutenant la thèse d’un ralentissement économique en douceur et d’une baisse des taux directeurs de la BCE en juin.
Les très bonnes performances des marchés actions depuis fin octobre nous invitent à des prises de profits tactiques. Le terreau est favorable à une éventuelle consolidation de marché : les primes de risques sur les actions laissent désormais moins de place à des déceptions sur le scénario majoritaire de désinflation miraculeuse. A plus court terme, les rebalancements de fin mars verront affluer des prises de profits sur les actions et des réallocations en faveur des obligations, tandis que la corrélation implicite du S&P 500 atteint son plus bas niveau depuis plus de dix ans. Les marchés obligataires nous semblent offrir une asymétrie du profil gain/risque plus attractive. Nous avons en particulier renforcé la duration américaine.
ACTIONS EUROPÉENNES
En Europe, les banques centrales délivrent des messages plus accommodants en ce qui concerne leur politique monétaire : le chef économiste de la BCE s’est dit confiant dans la normalisation en cours de la croissance des salaires qui sera de nature à ramener l’inflation à sa cible de 2% en 2025, permettant un assouplissement monétaire. Dans le même temps, bien que la banque centrale de Suède a maintenu son principal taux directeur inchangé, elle a adopté un discours résolument plus accommodant en estimant notamment une probabilité de 50% d’une baisse des taux directeurs dès le mois de mai.
La guerre contre l’inflation n’est cependant pas encore terminée, comme en témoigne le postier néerlandais PostNL qui s’est accordé avec les syndicats sur une hausse de 19% des salaires. Constat partagé chez le détaillant en bricolage anglais Kingfisher annonçant un résultat net annuel en forte chute à cause des difficultés du groupe à maitriser ses coûts en période d’inflation et à répercuter ces hausses de prix sur le consommateur final dont la demande reste atone. Dans les semi-conducteurs, Soitec s’est montré beaucoup plus prudent dans ses perspectives 2025 qu’attendu et le Directeur du Conseil d’Administration a pris la décision de ne pas solliciter le renouvellement de son mandant.
Ces difficultés ne sont pas partagées par tous. En effet, la chaîne de prêt-à-porter suédoise H&M a publié des résultats largement au-dessus des attentes tout en se montrant très optimiste concernant la reprise de la demande, à l’instar du fabricant de camping-car Trigano qui publie une croissance du chiffre d’affaires de 16% tirée par un fort effet volume, et ce malgré des bases de comparaison difficiles. La société a précisé, aussi, que la demande restait forte.
ACTIONS AMÉRICAINES
Semaine réduite sur les marchés ; vendredi est férié à l’occasion du week-end de Pâques.
Le marché continue dans sa tendance annuelle, avec un mouvement de rotation sectorielle : le S&P 500 grimpe de +0,5%, derrière le Russell 1000 Value à +1,5%. Contrairement aux trimestres précédents, la hausse ne se fait plus sur les valeurs momentum, mais sur un plus grand nombre de valeurs. Ce mouvement bénéficie à l’approche value, via les secteurs financiers et des matériaux de construction par exemple.
La période fut cependant riche en évènements pour les réseaux sociaux : c’est la première semaine de cotation pour Reddit, qui séduit les investisseurs puisque le titre grimpe fortement, avant de corriger. Performance similaire pour Truth Social, le réseau social de Donald Trump, qui officialise également sa cotation à l’issue d’une SPAC qui aura duré 20 mois, afin de faire face à son amende en vue de l’élection de novembre. Nous avons également eu l’IPO de Astera Labs, acteur dans l’infrastructure et connectivité des data centers, ayant notamment Nvidia et Amazon comme clients.
Les problématiques perdurent pour l’aviation : le cours d’United Airlines a baissé après que le Wall Street Journal a rapporté que les responsables de la FAA se sont récemment inquiétés d'un taux élevé de problèmes de sécurité au sein de la compagnie, et qu'ils intensifient leur surveillance du transporteur. Le dirigeant de Boeing a annoncé sa démission, dans le sillage des scandales précédents. Les investisseurs apprécient la nouvelle.
Au sein de l’industrie, l’aciériste Cleveland-Cliffs a annoncé aujourd'hui que l'entreprise a été sélectionnée pour des négociations d'attribution d'un financement total pouvant atteindre 575 millions de dollars de la part du ministère américain, afin de réaliser deux investissements distincts en matière de décarbonisation.
Concernant les semi-conducteurs, le gouvernement chinois a annoncé en début de semaine l’interdiction de puces Intel et AMD pour les PC et serveurs leur étant destinés. Les investisseurs ne sont pas inquiétés par cette nouvelle, bien que cela représente un impact de 5 à 10% sur les EPS des deux entreprises.
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