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La semaine a été marquée par les répercussions des élections européennes en France.
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De fait, le spread des OAT versus Bund à 10 ans s’est certes considérablement écarté de 26bp sur la semaine tout en mettant de côté pour le moment un scenario très pessimiste.
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Dans ce contexte difficile pour l’Europe, nous avons modifié nos allocations géographiques en diminuant l’Europe tant sur les actions que sur le crédit pour favoriser les autres zones, et en particulier les Etats-Unis pour le crédit.
La semaine été marquée par les répercussions des élections européennes en France. Le résultat au niveau européen, bien qu’accompagné d’un renforcement des partis d’extrême droite, ne remet pas en question la majorité pro-européenne de l’assemblée ; le nouvel équilibre des forces pourrait néanmoins diminuer la portée des politiques environnementales européennes. Cependant, la décision inattendue de dissolution de l’Assemblée Nationale par M. Macron, avec un scrutin rapproché le 30 juin et le 7 juillet a pris de court les marchés.
Ce pari risqué, misant sur la désorganisation des oppositions, ouvre une période d’incertitudes. Même si le scénario central, surtout après la mise en place de la coalition des partis de gauche, semble être celui d’une majorité relative pour le RN, la dynamique actuelle du parti d’extrême droite pourrait lui donner une majorité absolue. Un Parlement sans majorité ne peut être exclu, nécessitant le recours à une personnalité hors partis pour diriger un gouvernement technocratique comme on a pu l’observer en Italie. Le marché compte également sur la possibilité d’amendements notables au programme du RN notamment sur les mesures les plus coûteuses, comme cela a pu être le cas avec le gouvernement de Giorgia Meloni en Italie. Des déclarations du RN vont d’ailleurs dans ce sens : l’abrogation de la réforme des retraites étant reportée sine die, le temps de traiter les urgences a annoncé M. Bardella par exemple.
De fait, le spread des OAT versus Bund à 10 ans s’est certes notablement écarté de 26bp sur la semaine tout en mettant de côté pour le moment un scenario très pessimiste. Ce mouvement d’écartement a été suivi par l’ensemble des pays européens, d’une dizaine de points de base pour les pays les plus solides à une vingtaine pour certains pays périphériques et pour la dette de l’UE, en raison de la volonté de remise en question par le RN des montants payés par la France pour le budget européen, mais aussi face à la nette progression de l’extrême droite en Allemagne. Ceci ouvre la voie à des discussions potentiellement complexes entre les trois principaux pays européens. D'un côté, l'extrême droite française et italienne souhaitent toutes deux ne plus contribuer au budget européen, de l'autre, l'extrême droite allemande veut éviter que l'Allemagne ne doive compenser en y contribuant davantage. Cette dernière, récemment exclue de son groupe au Parlement Européen, met tout en œuvre pour atteindre son objectif, illustrant ainsi le dilemme auquel ces partis sont confrontés sur la scène européenne. Les autres actifs risqués ont également souffert avec un écartement de 28bp sur le marché du crédit High Yield, et des baisses marquées sur les marchés actions européens et en premier lieu sur le marché français, en contraste avec des actions américaines en hausse. Un mouvement de « flight to quality » a soutenu les taux allemands et américains avec des baisses de 24bp et 23bp sur les maturités à 10 ans, laissant le rendement absolu quasiment stable sur la dette française au final.
Ce mouvement des taux est également lié à la publication de données rassurantes sur l’inflation aux Etats-Unis, qui est restée stable en mai contre une hausse de +0,1% attendue et de +0,3% en avril (soit un CPI à 3,4% annuels au lieu des 3,6% attendus). On note également une composante sous-jacente à +0,2% contre +0,3% attendus, et révisée à la baisse pour avril. Cette diminution s’explique par le très surveillé secteur des services hors logement qui vient contrebalancer les inquiétudes inflationnistes liées à un marché de l’emploi toujours vigoureux. De fait, le marché a maintenu ses attentes de deux baisses de taux par la Fed d’ici la fin de l’année, alors que la réunion de cette dernière a publié un ajustement de ses prévisions de taux (Dots) à une seule baisse de 25bp en 2024 avec un décalage sur 2025 et 5 baisses sur ces deux années au lieu des six prévues précédemment.
Côté européen, le risque d’escalade dans la guerre commerciale suite à l’annonce de la taxation supplémentaire de 17 à 38% des véhicules électriques importés par l’UE, comme les plans de dépenses supplémentaires envisageables en France, mais aussi en réflexion pour 11 milliards en Allemagne ne plaident pas pour une modération de l’inflation et une accélération des baisses de la BCE, dont les membres demeurent ainsi très prudents dans leurs déclarations.
Dans ce contexte difficile pour l’Europe, nous avons notablement modifié nos allocations géographiques en diminuant l’Europe tant sur les actions que sur le crédit pour favoriser les autres zones, et en particulier les Etats-Unis pour le crédit. Ceci tout en maintenant notre surpondération globale sur les marchés actions et notre positionnement tactiquement plus neutre sur les taux.
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