C’était la dernière réunion de l’année pour la banque centrale américaine. Celle-ci devait être une simple formalité, avec une nouvelle baisse des taux directeurs de 25 points de base à la clé.
Malgré une détente supplémentaire du loyer de l’argent à court terme de 0,25% effectivement actée ce mercredi 18 décembre, la bourse américaine a connu sa pire séance depuis le mini krach de Tokyo du 5 août dernier, avec une baisse respective de 2,95% pour l’indice S&P 500, de 3,60% pour l’indice NASDAQ 100 et de 4,39% pour l’indice Russell 2000. Les taux à 10 ans se sont également tendus de 0,11% à 4,51%.
Pourquoi la fête a-t-elle été gâchée et que va-t-il se passer maintenant ?
Pour information, le taux des Federal Funds est celui négocié entre les banques commerciales sur leurs réserves excédentaires déposées à la banque centrale. La Réserve fédérale américaine vient de réduire la cible maximale du taux de ces prêts interbancaires de 100 points de base (1%) en trois mois, désormais fixée à 4,50%. En soi, cette action cumulée a constitué un assouplissement monétaire rapide et favorable pour l’économie, ainsi que pour les actifs financiers. Dans ses projections publiées le 18 septembre dernier, date à laquelle l’institution avait initié son cycle, celle-ci prévoyait d’effectuer un mouvement de même ampleur en 2025, soit sur 12 mois. Malheureusement, les dernières prévisions publiées cette semaine ont révélé une anticipation médiane des membres de la Fed pour fin 2025 réhaussée de 0,50%. L’ampleur de la baisse en 2025 devrait être donc de seulement 0,50%, soit deux fois moindre qu’en 2024, sur une période quatre fois plus longue. Les effets de cette nouvelle phase de détente des rendements à court terme seront donc moins bénéfiques pour l’activité économique.
Fort heureusement, avec la solidité récente de l’économie américaine et l’élection récente de Donald Trump à la présidence, le marché avait déjà relevé ses anticipations pour l’année prochaine. Ainsi, les contrats à terme sur les Fed Funds à échéance décembre 2025 se négociaient mardi à 3,77%, contre 3,87% aujourd’hui. Cette moindre hausse aurait dû donc provoquer un choc de faible ampleur pour les actifs financiers.
Pourquoi les marchés obligataires et actions ont-ils donc réagi si négativement ?
La réponse est à trouver ailleurs. Dans sa conférence de presse de mercredi, le président de la Fed a déclaré que la politique monétaire était désormais moins restrictive et que ses membres seront par conséquent plus prudents et attentifs dans les prochains ajustements des taux directeurs. Ceux-ci ont également relevé à 2,5% leurs estimations pour l’inflation en 2025 contre 2,1% auparavant. Considérant que le déséquilibre du marché du travail s’était résorbé, l’attention de la banque centrale se portera sur l’évolution de la hausse des prix. Aucune amélioration n’étant à prévoir dans l’immédiat sur ce front, la Fed va donc désormais observer une pause de plusieurs mois.
Un positionnement excessif sur les actions américaines, avec des flux récurrents massifs
Depuis la triple élection américaine du 5 novembre dernier, les flux vers les fonds investis en actions américaines se sont affolés et ont dépassé la somme colossale des 400 milliards de dollars depuis le début de l’année. Selon une étude de BofA Global Research, intitulée « Max Americana », le niveau de cash dans les portefeuilles est au plus bas depuis 3 ans. La pondération en actions dans les portefeuilles est au plus haut depuis les précédents pics de février 2011, essentiellement concentrée aux États-Unis, dans les actions des « 7 Magnifiques », des financières et des moyennes capitalisations. Ce comportement excessif doit donc être modifié dans les portefeuilles, compte tenu du nouveau scénario de la Fed, ce qui explique la vague importante de ventes depuis mercredi.
Pour autant, la Réserve fédérale ralentit, mais n’effectue pas un demi-tour. La politique monétaire reste restrictive. Le niveau de 4,50% des taux directeurs, bien au-dessus de l’inflation estimée de 2,50% pour 2025, est suffisamment élevé et constitue donc un matelas de sécurité suffisant pour absorber un crépitement de l’inflation. Par conséquent, le cycle d’assouplissement monétaire actuel n’est pas achevé, mais prolongé à un rythme plus faible. Dans ces phases particulières, la performance des marchés actions est plus modeste, avec des périodes de consolidation, comme actuellement.
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Par Arnaud BENOIST-VIDAL, Gérant d'actifs
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