L’élection de Donald Trump a encore accentué les perspectives d’activité américaine. Elle fait en revanche planer des incertitudes sur les perspectives à court terme de l’inflation. Dans le même temps l’Europe a du mal à sortir de son atonie et l’inflation, même si elle n’est pas tout à fait vaincue, est proche de l’objectif de 2%. Cette disparité entre les deux grands blocs va déboucher sur un début de divergence des politiques monétaires.
Avant même l’arrivée au pouvoir de Donald Trump l’économie américaine montrait sa résilience, ayant digéré les hausses de taux passées et restant dans le processus d’atterrissage en douceur voulu par la Réserve Fédérale. La décrue inflationniste était lente mais réelle et elle autorisait la Banque Centrale à conserver le cap conciliant adopté depuis plusieurs mois. Les déclarations multiples du nouveau président suscitent désormais beaucoup d’interrogations. Ces déclarations seront-elles les prémices de décisions radicales sur les droits de douane, sur l’immigration, sur les relations bilatérales ? Ou bien ne seront-elles qu’une base de négociation qui débouchera sur des compromis ? Sur la base du premier mandat de Donald Trump et compte tenu du fait que, pour l’instant, les menaces ne sont pas suivies d’effets notables, nous tablons sur le deuxième scénario.
Sur la politique migratoire nous savons par exemple que le nouveau président ne pourra pas aller jusqu’au bout de ce qu’il a annoncé sur les expulsions d’immigrés. Les Etats-Unis n’ont tout simplement pas la main d’œuvre suffisante pour que le marché du travail supporte cela. L’effet inflationniste sur les salaires serait trop important. De même, s’il augmentait sans discernement les droits de douane les conséquences sur les prix seraient immédiates. Donald Trump l’a plusieurs fois répété, il ne veut pas d’inflation. Nous penchons donc pour une version modérée de son programme. La Reserve Fédérale restera à l’évidence très attentive aux premières décisions de l’administration Trump. Il est probable qu’elle cesse provisoirement ses baisses de taux en attendant d’y voir plus clair. A ce jour il est difficile de pronostiquer l’évolution de la politique monétaire américaine en 2025. Les baisses de taux devraient en tout état de cause être peu nombreuses.
En Europe l’environnement économique est très différent. Une croissance atone (même si certains pays comme l’Espagne font preuve de résilience) et une inflation en grande partie maîtrisée sont un terrain favorable pour la poursuite d’une politique monétaire conciliante. Le contexte politique en Allemagne et encore plus en France est très incertain et pèse sur le moral des agents économiques. Nous n’anticipons pas de récession à ce jour et nous pensons plutôt que l’activité pourrait modérément repartir au cours de cette année. Le contexte macroéconomique européen plaide pour davantage de baisses de taux au cours du premier semestre. La Banque Centrale est structurellement prudente mais nous anticipons un taux directeur un peu au-dessus de 2% dans six mois.
La Chine va poursuivre de son côté des politiques monétaires et budgétaires expansionnistes pour maintenir son économie à flot. Une potentielle guerre commerciale avec les Etats-Unis nécessitera encore davantage de réponses de la part des autorités.
Ce début d’année 2025 est à la fois positif si l’on s’en tient à la résilience de l’activité mondiale et à la poursuite du déclin inflationniste, mais également plein d’incertitudes. Nous savons que Trump est synonyme de volatilité. La politique du tweet, que l’on a expérimentée lors de son premier mandat, va de nouveau rythmer nos journées. Cette volatilité ne doit pas nous détourner de notre scénario central. Elle peut également être l’occasion d’arbitrages opportunistes.
Nous n’avons pas modifié significativement nos allocations dans nos mandats même si nous avons commencé à rééquilibrer sectoriellement nos positions américaines. Nous profitons en ce début d’année du rattrapage de certains secteurs comme le luxe et restons attentifs aux publications de résultats de sociétés et aux perspectives données par les managers.
Par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé
À propos d’Amplegest :
Avec 3,9 Md€ d’encours sous gestion au 30 décembre 2024, Amplegest, filiale du Groupe Cyrus est une société de gestion dont l’activité repose sur deux métiers : l’asset management et la gestion privée pour le compte d’une clientèle institutionnelle et privée.