Marie-Jeanne Missoffe, responsable de la gestion actions croissance chez Mandarine Gestion revient sur l’inversion de tendance du style croissance vers le style value.
D’où vient cette inversion de tendance ?
Il s’agit d’un phénomène auquel on pouvait s’attendre depuis la crise de 2008 qui a signé un arrêt de croissance économique. Les banques centrales ont pris la main en baissant les taux d’intérêt jusqu’à des points bas que l’on n’aurait pu imaginer.
A contrario, les valeurs « value », dont la composante cyclique est importante, ont sous performé.
Or, depuis peu, les marchés ont intégré la remontée de taux qui est bénéfique tant pour les financières, qui vont améliorer leur marge bénéficiaire, que pour le style value, grâce au rattrapage des valeurs décotées.
Faut-il donc tout miser sur la value ?
Si ce changement de tendance est naturel il ne faut pas pour autant se séparer de toutes ses valeurs « growth ». Il y a encore beaucoup d’incertitudes en Europe ou aux Etats-Unis. [1]
En prévision d’une remontée de l’inflation, les taux d’intérêt vont remonter, en décembre pour la FED et à moyen terme pour la BCE. Mais on ne sait pas à quel rythme, et s’il existe par ailleurs, de réelles pressions inflationnistes, si ce n’est les prix du pétrole qui montent.
En somme, quand il existe beaucoup d’incertitudes on ne joue pas massivement la reprise économique. Donc, rester uniquement sur des valeurs croissance c’est dangereux. De la même manière, il n’est pas conseillé de toutes les céder.
Que fait un gérant « growth » dans ce contexte ?
Notre objectif est de rechercher des valeurs avec une dynamique de croissance bénéficiaire. On allège les valeurs qui présentent une croissance moins forte pour se positionner sur des valeurs plus cycliques. Par exemple, Lafarge a montré une amorce d’amélioration de ses bénéfices. On va aussi chercher des sociétés qui connaissent des restructurations, comme la société Legrand qui est à la fois une valeur cyclique et qui a un potentiel de croissance bénéficiaire.
Ce « retour » de la gestion value est-il durable ?
C’est un retour à la value qui se veut légitime du fait de l’inversion des taux et des indicateurs économiques. Mais affirmer que cette tendance va perdurer, c’est impossible, compte tenu des incertitudes politiques et économiques.
EV/EF
Voir aussi
[1] En Europe, avec le prochain référendum italien, l’activation du Brexit, les élections françaises et allemandes. Et aux Etats-Unis, nul ne peut dire aujourd’hui ce que sera concrètement la politique de D.Trump.