Selon Bruno Crastes, DG d’H2O, c’est l’objectif principal de tout gérant : «tout le monde tourne sur un manège et les gestionnaires essaient d’attraper la queue du mickey. »
C’est donc un cours de finance comportementale que Bruno Crastes a donné lors de la conférence du groupe NGAM de ce jeudi 19 janvier avec une intervention intitulée « la complaisance du Golem[1] ».
Ses propos tournaient autour de la question : qu’est-ce qui fait bouger un actif ? Sa réponse : ce sont à la fois les faits mais aussi et surtout la perception de ces mêmes faits par les investisseurs.
Qu’est-ce que cette perception alors (attention accrochez-vous) ? C’est, selon l’expert, ce qui structure les primes de risques et la source numéro 1 de la volatilité. Finalement le prix d’un actif est sa valeur long terme moins sa prime de risque. Mais chez les grandes caps cette valeur long terme est très stable et bouge peu. La volatilité serait donc essentiellement due à la prime de risque qui est elle-même la perception de la valeur long terme d’un actif.
Pas de panique, le gérant en est conscient, cette explication relève plus de la psychologie que de l’économie car cette « perception » relève de l’état d’esprit de l’investisseur[2]… et certains dans la salle ne semblent pas convaincus.
Quoi qu’il soit, depuis 2008 ces investisseurs « golem » se seraient mécanisés et leur perception avec. Ils ne sont plus sensibles à leur environnement et les primes de risques se sont adaptées à cette perception. [3]
Selon notre expert, cette perception va donc de pair avec la gestion du risque, qui s’avère aujourd’hui fondée sur des principes erronés, notamment car la volatilité est devenue une très mauvaise mesure du vrai risque.[4]
Pour les sceptiques, Bruno Castres le prouve : depuis 2008 ces gestionnaires du risque ont perdu en moyenne 3,5% par an contre une allocation d’actifs ajustée tous les mois sur le modèle 40% equity et 60% obligations.
Vous l’aurez deviné, pour 2017 le crédo d’H2O : faire l’inverse de ces « golem » mécanisés.
EV/EF
Voir aussi
[1] Le Golem est, dans la mystique puis la mythologie juive, un être artificiel, généralement humanoïde, fait d’argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre façonné afin d’assister ou défendre son créateur.
[2] Ses contraintes, ses ordres, ses objectifs.
[3] Par exemple le consensus s’accorde aux USA pour dire que l’on va vivre une rotation régionale et sectorielle sur le marché actions et que les taux d’intérêt court et long terme vont monter. Cela, alors même que rien n’a encore changé. Trump n’a rien fait.
[4] « Elle distord les primes de risque et donc impacte les allocations d’actifs, les investisseurs achètent des actifs totalement surévalués, qui ont en réalité soit pas de rendement ou qui sont dans des zones de bulles ».