Exane AM s’est confrontée à la question : « Est-il encore possible de surperformer le marché des actions européennes ? ». Pour Eric Lauri, gérant du fonds Exane Equity Select Europe (LU0719864208), la réponse est clairement oui.
Mais sous cette question c’est bien sur le terrain de l’éternel combat « gestion active vs gestion passive long terme » que la maison veut nous emmener.
En effet, le gérant constate qu’au sein de la gestion active, la façon dont l’alpha[1] est généré est rarement régulière. D’où cette interrogation légitime des investisseurs : où est la valeur ? Et le succès récent des ETF.
Ce « manque de persistance » s’illustre entre 2015 et 2016. La proportion des fonds Long Short ou Long Only à générer une performance positive absolue ou battre leur benchmark est nettement supérieure en 2015 (plus de 70%) qu’en 2016 (respectivement 35 % et 17%).
Ce manque d’alpha en 2016 s’explique pour le gérant notamment par les « facteurs transverses », soit les incontournables de la gestion active.
Les « mid cap[2] » tout d’abord. Ce biais est une sorte de « prime de risque de liquidité », et depuis 2000 il rapporte en moyenne 3% par an, et 10% en 2015[3]. Le problème : en 2016, ce biais a rapporté 0%.
Puis, le facteur momentum[4]. Mais manque de chance là encore, en 2016, nul n’ignore que le marché a subi une rotation sectorielle….
Finalement, pour le gérant, « la génération alpha au sein de la génération active serait plus le fruit d’un positionnement de portefeuille sur ces axes transverses que la pure qualité de stock picking ».
La maison conclue tout de même que sur les périodes plus ou moins longues la gestion active crée une différence notable par rapport à la gestion passive. Le tout est d’être attentif à tout type de biais, conscient ou non. Pour faire de la performance il faut s’exposer à des risques, mais encore faut-il être conscient des risques que l’on choisit.
EV/EF
Voir aussi
[1] L'alpha désigne la surperformance ou la sous-performance du fonds par rapport à celle de son indice de référence. Plus l'alpha est important, meilleures sont les performances du fonds par rapport à celles du marché.
[2] Les convictions des gérants ne tombent en principe pas sur les grandes capitalisations boursières.
[3] Même un gérant moyen qui pioche ses idées dans cet univers d’investissement classique, donc sans réelle valeur ajoutée, aura quand même fait 10% en moyenne de mieux que l’indice.
[4] C’est la tendance des titres ayant enregistré une bonne performance par le passé à enregistrer une bonne performance dans le futur de sorte que le gérant achète les titres qui ont surperformé au cours des 3 à 12 derniers mois et de vend ceux qui ont sous-performé.