A lire dans Les Echos de ce jour, une analyste directe de Kenneth Rogoff.
« Essentiellement porté par les achats des pays émergents, le marché de l’art a connu une inflation considérable. Attention au retour de bâton si la croissance chinoise poursuit sa chute et lorsque la Fed remontera ses taux.
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Il y a tout juste cinq mois, Larry Fink, le PDG du plus grand fonds d’investissement de la planète, BlackRock, a déclaré devant un auditoire à Singapour que, avec l’achat d’appartements dans les grandes villes du monde (telles New York, Londres ou Vancouver), l’acquisition d’œuvres d’art contemporain est devenue l’un des principaux moyens de protéger son patrimoine.
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On a beaucoup écrit sur les collections de tableaux des gestionnaires de fonds spéculatifs et sur les fonds privés d’investissement dans l’art (qui permettent essentiellement d’acheter des objets d’art sans jamais en prendre réellement possession). Les acheteurs des pays émergents, notamment les Chinois, attendent souvent patiemment le bon moment pour bondir sur une occasion et acheter en tout anonymat.
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Les peintures sont un investissement particulièrement facile à détenir en toute discrétion, et il est tout à fait possible que les acheteurs chinois anonymes des récentes enchères de Sotheby’s et Christie’s aient fait sortir une partie de leur argent du pays avant d’y participer. Il arrive que les tableaux ne soient jamais exposés, car ils peuvent être stockés dans des coffres à température et hygrométrie constantes en Suisse ou au Luxembourg. Certaines ventes d’objets d’art se traduiraient par le simple transfert de tableaux d’un coffre à un autre, un peu à la manière dont la Réserve fédérale de New York enregistre les ventes d’or entre banques centrales nationales.
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Comment, alors, le ralentissement des marchés émergents qui a pris naissance en Chine va-t-il affecter le marché de l’art contemporain? A court terme, la réponse est ambiguë, car la fuite des capitaux s’accélère alors que l’économie ralentit. A long terme, le résultat est beaucoup plus prévisible, notamment du fait de la hausse prochaine des taux d’intérêt de la Fed. Les grands acheteurs se retirant du jeu et les prix étant à la hausse, la fin de la bulle de l’art ne sera pas belle à voir. »
VL