Ne manquez pas le portrait de Ronan Le Calvez, Associé Gérant d'Aelis.
1) Quel est votre parcours ?
Après des Études Comptables et Financières, j’ai démarré ma vie professionnelle comme Contrôleur de Gestion Corporate chez Technip, au siège parisien.
L’envie de retrouver le grand air, l’Amour et une découverte fortuite du métier de Financial Advisor sur l’île de Jersey lors d’un petit-déjeuner sur le port à l’aube, après une nuit de navigation, ont déterminé mon choix d’épouser notre vaste métier.
Ce que j’y ai découvert lors de ce passage sur les îles Anglo-Normandes, c’était il y a 20 vingt ans déjà : l’interprofessionnalité.
On retrouve en pied d’immeuble des bureaux partagés par des hommes de loi et des hommes du chiffre.
De par ma formation, j’avais pu déceler le cloisonnement entre patrimoine privé et professionnel et les réponses inappropriées des professionnels, campant sur leurs compétences propres.
Aujourd’hui, les choses ont bien changé et les corporations ont fait preuve d’ouverture, la concurrence les obligeant à se réformer.
2) Votre cabinet aujourd’hui ? Description de la structure et spécificités éventuelles ?
Après avoir créé mon cabinet à Rennes en 2003, j’ai acquis un premier portefeuille en 2006, puis ai rencontré un confrère de ma génération en 2008, Steve Le Goff, avec qui j’ai décidé de m’associer pour partager les joies et les peines de la vie professionnelle.
Nous nous sommes construits ensemble depuis plus de 10 ans et ouvrons maintenant le capital à nos collaborateurs. Notre philosophie vise à permettre à chaque producteur de capitaliser sur l’avenir en devenant associé une fois qu’il a fait ses preuves.
Le partage du profit est une évidence pour nous, même s’il faut bien respecter le passé et les risques que l’on a pris, Steve et moi, pour en arriver là où nous sommes aujourd’hui, en partant de rien.
Nous sommes fiers également, aux côtés de trois confrères (3A PATRIMOINE, PEA et VIP), d’avoir créé en 2008 la première société de gestion développée uniquement par des CGP.
Stéphane est un véritable dénicheur de talents et fait profiter ses clients de son ouverture au Monde et particulièrement aux innovations en provenance des US.
Enfin, notre modèle de croissance est régional.
Nous sommes un acteur incontournable en Bretagne, présents sur trois départements. Notre leitmotiv est d’être au plus près de nos clients et notre maillage nous le permet, tout en conservant une agilité liée à notre taille (200M€ sous gestion).
3) Quelles sont les conséquences, à votre avis, d’une réglementation de plus en plus forte ? Et que pensez-vous de la disparition du 3ème usage du courtage ?
Le métier change, lorsque nous avons démarré, les cabinets étaient gérés de manière artisanale, voire familiale, et maintenant nous avons affaire de plus en plus à des entrepreneurs, dont le niveau de compétences qui n’a plus rien à envier avec les Avocats, les Experts-comptables et les Notaires.
Nous touchons à beaucoup de domaines, mais devons nous organiser davantage en pôles, en prenant exemple notamment sur les Anglo-saxons. Les lobbyings de certaines professions sont à l’œuvre et nous devons nous en inspirer au risque d’être attaqués de plus en plus sur nos activités. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis engagé depuis près de 7 ans, régionalement, pour la Chambre Nationale des Conseils en Gestion de Patrimoine.
Dans un environnement durable de taux bas, nos niveaux de marges vont sensiblement diminuer, c’est inexorable. Le débat actuel porte sur le niveau de récurrence auquel nous nous sommes habitués depuis plus de 20 ans. Du fait du vieillissement des CGP et des portefeuilles qu’ils détiennent, je trouve ce modèle d’ores et déjà totalement obsolète. Ce qui a propulsé le métier au début de ce nouveau millénaire est l’architecture ouverte et la conjoncture extrêmement favorable pour les fonds en euro (inertie des OAT dans un contexte désinflationniste).
Aujourd’hui, la demande des clients porte davantage sur la recherche de rendement du fait des papyboomers détenant une part importante des richesses, que sur la capitalisation (hors immobilier). Les produits structurés, particularité française, rappelons-le, est une première réponse, même si ce n’est pas la panacée selon moi. Mais nous travaillons également, de plus en plus, en lien direct avec l’économie de proximité via des opérations de structuration obligataires non cotées. Bien évidemment, cela n’est pas accessible pour « monsieur tout le monde » et nous devons également nous attarder sur les jeunes actifs qui ont une capacité d’épargne et du temps devant eux.
Le conseil patrimonial n’est pas assez valorisé et nous devons le développer et ne pas avoir peur de le tarifer. Nous faisons trop de « gratuit » au prétexte que nous conseillons notre client sur la gestion de ses actifs.
La disparition du 3ème usage du courtage est inévitable et je dirais même souhaitable. Trop de banquiers, de gestionnaires ou même de Conseillers en Gestion de Patrimoine libéraux, ne font plus, ou mal leur travail. Ils dorment sur leurs stocks et refusent toute évolution. Je pense que cette ère arrive à sa fin.
Je suis d’ailleurs favorable à une limite d’âge pour la profession, comme cela devrait être le cas dans d’autres professions de conseil ou en politique. Il y a tellement de choses à faire sur cette majestueuse planète, pourquoi s’arc-bouter sur sa vie professionnelle ? …
4) Quels sont vos partenaires privilégiés ?
Nous choisissons nos partenaires en fonction des critères qui paraissent évidents : notoriété, transparence, innovation, prospérité et respect des engagements. Les qualités humaines de nos interlocuteurs sont également essentielles dans un métier de contact où l’humain doit être omniprésent.
Nous sommes également très attentifs aux investissements qu’ils réalisent, notamment en termes de digitalisation. Nous sommes fidèles, mais pouvons remettre totalement en cause une relation si nous jugeons que notre partenaire s’éloigne des valeurs que nous prônons.
5) Comment gérez-vous la crise actuelle ?
Avec philosophie et sans excès d’humeur ! Nous sommes nés sur les cendres de la bulle Internet, avons passé non sans stress la crise des subprimes, puis celle de 2011…
2020 marquera les esprits, car elle met l’homme face à sa propre existence. Les clients relativisent davantage, me semble-t-il, et nous avec.
Comme pour les crises financières, la crise sanitaire a mis en exergue son lot d’experts, prophètes de théories fumeuses, avides de servir leurs intérêts partisans.
La vertu de cette crise réside vraisemblablement dans notre capacité à remettre de la temporalité dans les stratégies patrimoniales de nos clients, de leur faire prendre conscience des risques et des espérances auxquelles ils peuvent aspirer.
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