Une situation sanitaire toujours délicate et les échanges mondiaux paralysés par les vagues successives de coronavirus : les indicateurs économiques demeurent déprimés. Au niveau global, la mobilité reste réduite dans la plupart des pays, avec même, en Espagne et aux Etats-Unis, un léger recul observé à la suite de la résurgence du coronavirus. Aux quatre coins du monde, les indicateurs confirment le diagnostic d’une reprise, il ne pouvait pas en être autrement après la paralysie d’avril, mais soulignent surtout le profil d’une reprise lente, voire par à-coups, avec un risque évident de « double-dip » temporaire du côté américain.
L’Asie patine
Faute de débouchés à l’exportation, les chiffres asiatiques publiés cette semaine sont franchement médiocres. Sur 12 mois, les exportations chinoises sont en hausse de 0,5 % en juin, ce qui correspond à la moyenne de 2019. Reste, néanmoins, que cette hausse est principalement le résultat d’une très forte accélération des exportations de produits médicaux (masques ou autres cellules souches ?). D’autres secteurs, comme l’automobile, les biens d’équipement sont beaucoup plus à la peine.
Quant à la demande intérieure, elle semble avoir retrouvé un niveau normal quasi normal, sans toutefois compenser, ni les pertes de début d’année, ni celles liées à la crise commerciale avec les Etats-Unis.
Si l’économie chinoise paraît avoir les moyens de se maintenir à flot, elle semble très loin de pouvoir enclencher un rebond à même de récupérer les pertes de début d’année et de rayonner à l’extérieur de ses frontières. Les importations chinoises piétinent et, dans leur sillage, l’ensemble du commerce extérieur asiatique.
À Singapour, l’activité manufacturière qui avait plutôt tiré profit de la paralysie chinoise de début d’année a connu un atterrissage violent en mai (-16 %), que la stabilisation du mois de juin n’a pas effacé. Le produit intérieur brut s’est contracté quant à lui de 12,5 % au deuxième trimestre par rapport au premier, gommant les fruits des cinq dernières années de croissance.
Les quelques statistiques en provenance du reste de l’Asie publiées cette semaine ne sont guère plus encourageantes.
En Corée, les données préliminaires de commerce extérieur du mois de juillet n’ont pas réussi à maintenir le cap du mois précédent et se sont tassées à nouveau.
Les exportations thaïlandaises ont encore chuté de 3 % en juin, après une perte de 21 % en mai, ce qui porte à 23 % leur repli en douze mois. En cause, notamment, un commerce automobile, réduit de moitié par rapport au début de l’année.
La Thaïlande ne peut espérer mieux du tourisme : aucun rebond le mois dernier, alors que ce secteur représente près de 20 % des recettes internationales du pays. Comme pour la plupart des pays de la planète, les entrées de voyageurs internationaux sont quasi-inexistantes depuis mars
Au Japon, l’indicateur PMI de climat des affaires a déçu. En hausse de 2,5 points seulement, il stationne à un niveau toujours très faible de 42,6 tandis que l’indicateur des services piétine à 45,2. L’opinion des industriels nippons sur leurs commandes à l’exportation reste déprimée et les perspectives d’activité pour les mois à venir mal orientées. Sur le front domestique, le retour de l’épidémie provoque un nouveau coup d’arrêt tandis que les ménages commencent à payer les frais de la crise : la croissance des salaires, qui évoluait aux alentours de 1,1 % l’an en janvier ; s’est effondrée à -2,3 % en mai.
Seule note d’espoir, les commandes de machines-outils ont rebondi en juin ce qui pourrait soutenir la production du début d’été, quand bien même celles-ci sont loin d’avoir effacé le trou d’air des deux précédents mois : elles demeurent inférieures de 32 % à celles de juin 2019.
En Europe, les commandes manquent à l’appel
À première vue, les indicateurs suggèrent une situation bien meilleure sur le vieux continent. Au Royaume-Uni, en France ou en Allemagne, les résultats d’enquêtes signalent tous une reprise de la croissance, avec notamment des PMI revenus au-dessus de 50 et le maintien de perspectives positives. Les différentes mesures de soutien gouvernementales semblent avoir porté leurs fruits : les ventes automobiles en France ont bondi (voir En France, les largesses du gouvernement portent leur fruits dans l’automobile) et les consommateurs allemands retrouvent la voie de l’optimisme avec l’effet positif de la baisse de trois points de la TVA sur leurs intentions d’achat. Reste que la confiance est fragile, en témoigne le très bas niveau des perspectives de revenus des Allemands qui redoutent les conséquences de la crise sur leur emploi, comme du reste de l’ensemble des Européens dont l’indicateur de confiance a de nouveau fléchi en juillet.
L’interprétation des PMI n’est pas des plus faciles, les plus hauts observés en juillet n’ayant de signification que s’ils sont comparés à la chute des mois précédents : dans ce cas, il reste beaucoup à faire pour retrouver le niveau d’activité d’avant crise.
Mais, surtout, la situation extérieure interdit pour l’instant un retour à la normale du commerce international. Malgré le déconfinement de début juin, les indicateurs de commerce international restent très affaiblis. La hausse du prix du fret révélé par la Baltic Freight Index semble plus à voir avec le manque de navires transporteurs qu’avec une flambée de la demande, en dépit des légers frémissements effectifs de cette dernière en provenance de Chine, notamment.
Il est par ailleurs frappant de constater que l’opinion sur les commandes étrangères (en juin pour l’Allemagne, en juillet pour la France) n’a quasiment pas profité de la fin du pic épidémique.
Or, malgré les aides gouvernementale, la demande intérieure, ne pourra, seule, porter l’industrie.
En Italie, pour finir, les enquêtes Istat suivent un profil assez similaire à la plupart des autres pays, avec, certes, une franche amélioration (+10 pts, à 77, pour l’indicateur composite en juillet) qui cache cependant un niveau toujours très déprimé deux mois après le début du déconfinement.
Les Etats-Unis continuent d’inquiéter
Les PMIs américains se redressent lentement par rapport à juin, le composite atteignant tout juste les 50 points, synonymes de stabilité de l’activité. L’industrie s’en sort un peu mieux que les services, à 51,3 contre 49,8. Ces derniers sont de nouveau sanctionnés par la résurgence de l’épidémie. Au vu de ce qui a été dit précédemment sur l’interprétation des PMI on leur préfèrera l’indicateur avancé ECRI de la croissance américaine, lequel, s’il souligne une stabilisation effective de l’activité donne une meilleure idée du retard par rapport à la situation d’avant crise.
Conséquence plus directe du renouveau de l’épidémie, les nouvelles inscriptions au chômage sont reparties à la hausse (100 000 inscriptions supplémentaires pour la semaine du 13 juillet par rapport à la précédente), les améliorations observées dans les activités tertiaires les plus exposées ayant probablement souffert de la propagation de l’épidémie dans le sud du pays, très peuplé.
La situation sanitaire est désespérante en Amérique latine
La propagation de l’épidémie ne montre pas de signe d’essoufflement en Amérique Latine où la paralysie a quasiment été sans relâche depuis le mois d’avril malgré le laxisme de certains dirigeants.
Si, comme partout, les indicateurs de confiance ont rebondi dans le sillage du reflux épidémiologique de la fin mai-début juin, la situation redevient critique au fur et à mesure de la propagation du virus et les risques d’un nouvel affaissement de l’activité durant l’été ne peuvent être écartés.
Entre une Asie pénalisée par la morosité du commerce mondial, les Etats-Unis et l’Amérique Latine incapables d’endiguer la crise, difficile de trouver des éléments encourageants de ce panorama. L’été sera décisif pour la suite. Une poursuite de l’épidémie, qui impliquerait de facto une remise à plat des espoirs de reprise pour le second semestre constitue aujourd’hui le principal risque. Face à une tel contexte international, l’Europe, qui semble avoir plus d’atouts que ses partenaires pour aborder le deuxième semestre, résisterait mal à une nouvelle détérioration des perspectives globales.
Thomas Bauer/Véronique Riches-Flores
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