Les dernières interventions de Mario Draghi n’en finissent pas de faire des « remous » et de susciter des questions. Ici, l’analyse incisive de l’un des spécialistes chez Lombard Odier.
« Une attente a été créée pour le conseil de gouvernance de Décembre en ouvrant clairement la voie à une expansion de la politique monétaire lors de la prochaine revue économique du staff.
Options envisagées : 1/ prolongement du programme en cours au-delà de septembre 2016 ; 2/ modification de la composition du programme en cours (étendre les maturités, jouer sur la qualité de crédit des actifs) ; 3/ augmentation du programme (de 60 à 70 ou 80 milliard d’achat d’actifs par mois) ; 4/ Et même une baisse supplémentaire du taux d’intérêt sur les réserves excédentaires, nous ne sommes donc pas au point bas des taux, ils peuvent être poussés en territoire davantage négatifs.
Inquiétudes sur les conditions économiques extérieures : comme la Fed, il a été fait mention des inquiétudes sur l’impact du ralentissement des émergents sur la dynamique européenne. Ceci est paradoxal car l’environnement économique domestique ne justifie pas nécessairement plus de stimulus. La dynamique cyclique est ok (consommation et production industrielle), la situation fiscale apaisée, l’expansion du crédit et de la demande de crédit sont en amélioration.
Débat sur l’inflation : indice globaux versus sous-jacents et importance d’avoir un peu d’inflation pour résorber la dette. Deux écoles sur l’inflation, ceux qui regardent les indices globaux qui sont plombés par la baisse des prix des matières premières (effets de base attendus avec une stabilisation des prix du pétrole) et ceux qui regardent les indices sous-jacents, et à ce niveau-là il y a une amélioration très progressive…
Mention insistante du taux de change. Ce n’est pas un objectif en soi mais très clairement l’appréciation récente a été mal reçue. La mention du change est d’autant plus étonnante qu’on pouvait penser qu’il y avait un accord implicite du G20 pour limiter les dévaluations compétitives. Or on risque d’avoir la BoJ, la BCE et la Fed (en ne montant pas ses taux) qui agissent de manière expansionniste en même temps (au 4e trimestre) et les uns contre les autres ».
Samy Chaar, chef Economist chez Lombard Odier
FL/SL