- Selon nous, le fait d’investir dans des entreprises présentant des bénéfices prévisibles constitue un bon moyen d’atténuer les risques liés à l’exubérance qui entoure l’IA.
-
Nous croyons que les entreprises ayant développé des moyens concrets de monétiser l’IA en l’utilisant pour améliorer leurs activités principales représentent un pari plus sûr que celles dont l’activité repose essentiellement sur l’IA elle-même.
L’enthousiasme dont l’IA fait actuellement l’objet a déclenché une ruée sur les investissements consacrés à de nouvelles applications. Le développement de telles applications est en partie motivée par la volonté de se doter de moyens d’améliorer l’efficacité et la productivité, et en partie dicté par la nécessité d’apporter une réponse concurrentielle à l’innovation mise en œuvre par des pairs. Dans de nombreux cas, les perspectives de retour sur investissement restent toutefois incertaines pour les entreprises lançant des produits d’IA. Sur une période de trois à cinq ans, un risque de dépenses d’investissement existe ainsi sur le segment des puces de capacité hyperscale, car ces dépenses misent sur des revenus qui pourraient ne pas se matérialiser.
Selon nous, le fait d’investir dans des entreprises dont les bénéfices sont prévisibles constitue un bon moyen d’atténuer ce risque. Les niveaux de la demande de base pour les entreprises technologiques autres que celles spécialisées dans l’IA devraient être soutenus. Quant à la demande liée à l’IA, elle devrait permettre d’enregistrer une hausse supplémentaire. À titre d’exemple, les géants de la technologie que sont Microsoft et Adobe ont développé des moyens clairs et concrets de monétiser l’IA en l’utilisant pour améliorer leur cœur de métier. Cela leur permet de générer des flux de revenus plus prévisibles que ceux des sociétés dont l’activité repose essentiellement sur l’IA elle-même.
La stratégie de Microsoft consiste à présenter les fonctions d’IA sous la forme de références IA distinctes proposées à des prix élevés. Ces références ont été baptisées Copilot et mettent l’accent sur les capacités d’assistance de la technologie. Office Copilot représente le plus grand levier potentiel de l’IA, car cet outil propose des fonctionnalités telles que la rédaction ou l’édition de mémos, la réponse à des e-mails, la création de présentations PowerPoint se fondant sur des fichiers existants, ou l’utilisation d’Excel pour analyser des données et créer des graphiques. Office Copilot devrait également pouvoir servir d’interface basée sur le langage naturel et permettre ainsi aux utilisateurs de tirer parti de toutes les capacités qu’offre la suite Office. Le degré de pénétration de Copilot pourrait se révéler relativement modeste au début, car les sociétés mettront sans doute du temps à comprendre comment les tâches pilotées par l’IA permettent d’améliorer l’efficacité d’un plus grand nombre de cols blancs et à quel point cette efficacité profite réellement aux sociétés qui les emploient.
Dans l’ensemble, pour Microsoft, qui a généré un CA total de 245 milliards de dollars pour l’exercice 2024, le CA de l’IA pourrait s’élever à env. 25 milliards de dollars. Cela représenterait une hausse de 10 % du chiffre d’affaires actuel, mais le rythme initial d’adoption pourrait n’augmenter que progressivement, au fur et à mesure que les clients se familiariseront avec ce nouveau type de produit. Dans l’hypothèse d’une montée en puissance s’étalant sur 4 à 5 ans, cela pourrait contribuer à env. 2 % à la croissance du chiffre d’affaires et à env. 3 % à la croissance du BPA au cours de la période.
Cela fait déjà un certain temps qu’Adobe investit dans l’IA et l’apprentissage automatique. Le lancement, en 2016, de Sensei, son outil d’IA pour le marketing numérique, fournit, à cet égard, une excellente illustration des efforts déployés par le groupe dans ce domaine. L’année dernière, la majorité des clients d’Adobe utilisaient Sensei pour accélérer et simplifier leur flux de travail. Le récent engouement dont l’IA générative fait l’objet se manifeste de manière encore plus évidente dans l’activité de création de contenu numérique d’Adobe. De fait, si les fonctions avancées de retouche photo ont toujours fait partie des standards incontournables, la nouvelle fonction Firefly permettant de générer des images à partir d’un texte, est, elle aussi, désormais en passe de devenir une fonctionnalité essentielle. La priorité accordée par Adobe à l’expérience utilisateur constitue la base sur laquelle se fonde le débat sur l’ampleur et la rapidité de la monétisation. Adobe met actuellement l’accent sur l’augmentation du nombre d’utilisateurs et sur l’expansion de l’écosystème. Qu’elle contribue à la génération d’idées ou à la création de plus de contenus, l’IA permet aux utilisateurs d’accroître leur productivité et les poussent, en définitive, à recourir davantage aux solutions d’Adobe.
Alors que Microsoft et Adobe monétisent l’IA par le biais de logiciels et d’offres de services dématérialisés, avec des trajectoires de croissance régulières, le fabricant de puces Nvidia, dont l’activité est axée sur l’IA. Du fait de l’incertitude entourant le caractère durable et pérenne de sa technologie, il nous semble néanmoins difficile de déterminer la prévisibilité de ses revenus futurs. De fait, si la croissance de Nvidia a été extraordinaire, elle s’est aussi montrée extraordinairement volatile. Nous estimons à cet égard que d’autres sociétés présentent elles aussi une exposition au potentiel de croissance, mais avec un risque moindre. C’est notamment le cas de Synopsys, qui fournit des outils de conception et de vérification aux fabricants de semi-conducteurs, et qui nous semble offrir une plus grande prévisibilité.
Pour consulter l'article dans son intégralité, cliquez ICI.
Auteur : Matthew Benkendorf, Chief Investment Officer Quality Growth, Portfolio Manager
Pour accéder au site, cliquez ICI.