Ancien directeur commercial de KBL Richelieu, néo-CGP, responsable du Master Gestion de Patrimoine de l’Université Lyon III, consultant en organisation… Jean-Marc Chevassus (cabinet Euradia Patrimoine) liste les 5 chantiers qui attendent les professionnels en 2019.
La digitalisation bien sûr. Pas tant parce que les clients en sont demandeurs mais parce que nous devons nous adapter à des demandes de plus en plus spécifiques de la part des clients qui consomment le conseil à la carte, comme au restaurant. Cela signifie qu’il faut avoir « une grosse cuisine » : j’ai besoin d’agréger, de trier, de hiérarchiser une grande masse d’informations. La digitalisation dans le cabinet ne vise pas à remplacer l’humain mais au contraire à le rendre plus présent : il me faut des outils efficaces pour être moi-même plus efficace.
La réglementation : on arrive cette année au bout de la transparence. Depuis le 1er janvier, avec Mifid II, les professionnels ont obligation de faire la transparence sur l’ensemble des frais supportés par l’investisseur ; cela va bien au-delà de la question des rétrocessions. Cela change la donne car les clients vont peut-être demander à comprendre ce pour quoi ils paient. Il faut s’y préparer et être capable de mettre en avant sa valeur ajoutée.
2019 est indéniablement l’année des Fintech, avec de nouvelles solutions techniques qui arrivent de plus en plus rapidement sur le marché. Les CGP ne doivent pas perdre la bataille du Net et les gagnants seront ceux qui réussissent à mettre en place plusieurs canaux de communication et de vente. Internet devient un canal de vente, comme un autre, les conseillers doivent l'utiliser et se l’approprier. Comme le dit Klauss Schwab, « dans le nouveau monde, ce n'est pas le gros poisson qui mange le petit ; c'est le plus rapide qui mange le plus lent ».
Le positionnement du CGP. Il évolue nécessairement dans un secteur en pleine restructuration, avec l’arrivée des Fintech mais aussi de nouveaux acteurs comme les experts-comptables, les notaires, les avocats… et des nouveaux entrants inattendus tels que Citya Immobilier, une régie de gestion locative qui est en train de mettre en place une offre de bilan patrimonial. Le cœur de notre activité intéresse de nouveaux concurrents, il faut de notre coté ne pas rester isolés, repositionner son cabinet comme un carrefour d’expertises en développant l’interprofessionnalité.
Faire de la pédagogie. La réglementation qui cherche à protéger les investisseurs en multipliant les textes loupe son objectif ; pour avoir des clients protégés il faut avoir un client formé. Cela passe par de la formation, du e-learning, de l’accompagnement, du temps et de la patience... Toute l’énergie passée à former les clients en amont est autant de temps qui ne sera pas perdu ensuite en « SAV » face à un client mécontent : plus un client a des attentes réalistes, moins il risque d’être déçu.