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Alors que Natixis s’est renforcé dans le capital de DNCA (portant sa participation à 70 %, à 100 % d’ici 2020) et permet au gérant de déployer une véritable stratégie européenne, quel sens cela a-t-il encore d’avoir un point de vue hexagonal sur les investissements ? Straight Out avec Igor de Maack, gérant et porte-parole de la société de gestion.

Le bateau France va-t-il couler ?

Il ne me semble pas que la bateau France coule car malgré tout le brouhaha médiatique et politique la France connaît une phase de croissance certes pas suffisante pour corriger tous nos déséquilibres mais réelle. Le taux de chômage est toujours élevé mais si on regarde les entreprises françaises cotées en bourse, la croissance attendue des bénéfices pour 2015 et 2016 est respectivement de l’ordre de 16 et 11%.

Même si nous avons l’impression que la France est parfois un bateau ivre, ce n’est plus la question du moment. Néanmoins, la France est un paquebot qui ne navigue pas à grande vélocité et qui n’est pas aisément maniable car une partie de l’économie française souffre de rigidités structurelles.

Est-ce que ça a encore du sens aujourd’hui d’investir dans un fonds actions françaises ?

Selon moi, cela a encore plus de sens que par le passé car les actions américaines sont au plus haut et que si on regarde les pays émergents il faut être courageux pour pouvoir supporter les risques de change, les risques politiques et les risques macro et micro-économiques.

Est-ce que la France reflète bien la reprise de la Zone euro ? Normalement oui. Est-ce que la France dispose d’entreprises diversifiées en termes de secteur et de taille ?  Oui, le marché boursier français est le plus grand d’Europe devant le marché allemand. Le CAC 40 est plus équilibré que les indices allemand ou italien et concernant l’univers des micro-capitalisations, le marché français est le plus profond et le plus dense.

Lorsque nous observons les pays qui ont eu la plus belle accélération de croissance entre 2014 et 2015, la France et l’Italie arrivent en tête. Il faut donc s’intéresser à la France, même si certains ont du mal à acheter du « made in France » autrement que dans les sacs de luxe.

La question environnementale : sujet brulant, gimmick marketing ou responsabilité individuelle ?

Je répondrai responsabilité individuelle et collective. Cependant, investir en bourse dans des entreprises qui font du chiffre d’affaires, qui créent de la valeur, et adhérer moralement à des grands termes vitaux pour l’humanité, sont deux choses très différentes. Même si au bout d’un certain temps les deux logiques doivent se rejoindre. Il ne faut pas confondre morale et acte quotidien avec performance boursière.

Le problème de ces valeurs « à la mode » c’est qu’il existe un décalage entre leur valorisation et leur utilité collective. En 2000, les valeurs internet étaient beaucoup trop chères, même si elles préfiguraient l’ère de la numérisation que nous connaissons aujourd’hui. C’est la même chose pour les énergies renouvelables ; on a vu éclore en bourse ce genre de sociétés entre 2006 et 2008, mais le monde de l’environnement connaîtra peut-être son apogée en bourse dans 10 à 15 ans. C’est justement ce décalage qui créé les accidents de parcours en bourse. Personne ne conteste la nécessité d’utiliser de manière plus efficace et parcimonieuse les ressources de notre planète mais la valorisation de ces entreprises n’est pas facile à court terme.

IM/SL