Un gérant d'actifs oserait-il se passer d'un label de durabilité ? Voilà le dilemme auquel sont confrontés de nombreux investisseurs, alors que l'augmentation du nombre de labels et d'initiatives reflète la croissance de l'investissement durable lui-même.
Résumé
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Le secteur financier est submergé d'initiatives et de labels de durabilité
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Participer ou obtenir certains d'entre eux est presque obligatoire pour ne pas se faire mal voir
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De nombreux changements se produisent à mesure que les problèmes d'investissement durable sous-jacents évoluent
Le secteur financier est complètement submergé par ces labels. En matière d'investissement durable, il existe des dizaines de collaborations, d'organisations, d'initiatives et de labels qui permettent à un investisseur de prouver son sérieux ou sa réussite dans ce domaine. Obtenir un label est comme une médaille d’honneur dont peu voudront se passer.
Pourtant, il n'est pas prouvé qu'il vaut la peine de posséder toutes ces certifications, ni même qu'elles continuent de faire ce qu'elles prétendent faire. Le problème aujourd'hui est que de nombreux investisseurs craignent que ne pas se prêter au jeu nuise à leur réputation, ce qui crée une sorte de greenwashing auto-imposé.
Prenons les Principes pour l'investissement responsable (PRI) de l'ONU, première initiative en la matière qui a accéléré le développement de l'investissement durable à l'échelle mondiale. Ces principes ont pris tellement d'importance qu'ils sont rapidement passés du statut d'engagement volontaire (ce qui est toujours le cas) à une obligation de facto.
Suite à leur lancement en 2006, les PRI sont rapidement devenus une initiative majeure pour les investisseurs responsables, et en être signataire est souvent exigé par les futurs clients des gérants de fonds durables. Lorsque les PRI ont fait l'objet de critiques, quelques années après leur lancement, car ils imposaient trop d'obligations aux signataires et ne disposaient pas d'une capacité de mise en œuvre, les exigences de reporting ont été renforcées et certains signataires ont été exclus.
Le plus tôt était le mieux
Les PRI ont fonctionné, du moins au début. En 2021, une étude publiée dans le Journal of Business Ethics a montré qu'après avoir signé ces principes, les signataires tenaient davantage compte des critères ESG que les entreprises non signataires. Cependant, l'amélioration des performances a été nettement plus visible chez les premiers labellisés que chez les plus récents, ce qui suggère que parmi ces derniers, certains se comportent peut-être comme des passagers clandestins. La même critique, bien qu'elle repose sur des faits anecdotiques plutôt que des données empiriques, a été adressée à d'autres initiatives ayant considérablement gagné du terrain, telles que Climate Action 100+.L'étude fournit aussi certaines recommandations aux responsables d'initiatives thématiques « volontaires », et qui sont également utiles pour évaluer la crédibilité des engagements pris par les entreprises d'un secteur donné. Les investisseurs peuvent tenir compte de facteurs tels que la date d'adhésion, les éléments contraignants, le degré d'exhaustivité des rapports publics sur les progrès accomplis et l'adéquation des engagements avec les ressources disponibles.
Pour consulter l'article de Rachel Whittaker, Head of SI Research, Executive Committee, dans son intégralité, cliquez ICI.
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