Le réchauffement climatique étant considéré comme l’un des plus grands risques systémiques qui planent sur les investisseurs, pourquoi l’investissement climatique ne bénéficie-t-il pas d’un soutien total ? Des milliards d’euros de capitaux sont nécessaires pour stimuler les infrastructures d’énergie renouvelable, transformer la mobilité et décarboner des secteurs tout entiers. Et, face au réchauffement de la planète, l’urgence ne fait que s’intensifier.
Résumé :
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Le soutien s’érode en Amérique du Nord, où cette question fait l’objet d’une « guerre culturelle » politisée.
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Les compagnies pétrolières et gazières régneront jusqu’à ce que le point de basculement énergétique soit atteint.
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La législation en matière de biodiversité n’a pas tenu les promesses de Montréal.
Comme le fait ressortir la quatrième enquête annuelle mondiale sur l’investissement climatique de Robeco, des écueils se dressent encore sur la voie de l’adoption de la réponse unifiée nécessaire. L’édition 2024 a mis en évidence trois domaines qui suscitent moins d’enthousiasme qu’auparavant, voire une réticence : le sentiment anti-ESG en Amérique du Nord, le soutien continu aux énergies fossiles et l’absence d’engagement en faveur de la préservation de la biodiversité.
En Amérique du Nord, le nombre d’investisseurs interrogés ayant déclaré que le réchauffement climatique était un volet important ou central de leur politique a fondu comme neige au soleil, passant de 61 % en 2023 à seulement 35 % cette année. Cet effondrement est essentiellement dû à l’intensification du sentiment négatif à l’égard de l’investissement durable en général, perçu comme nuisant aux rendements, ces deux dernières années.
Cette situation contraste fortement avec celle en Asie-Pacifique (APAC), où 79 % des investisseurs y sont favorables, et en Europe, où 76 % des investisseurs y apportent leur soutien. Cette chute en Amérique du Nord a ainsi plombé la moyenne mondiale, qui est passée de 71 % à 62 % l’année dernière. Par effet de contagion, cette tendance a également touché les engagements en faveur de la neutralité carbone, l’intérêt des investisseurs nord-américains pour cette question chutant de 19 % à 13 %, alors qu’il est resté stable en Europe à 37 % et qu’il a augmenté de 20 % à 26 % en APAC.
Paradoxalement, l’Amérique du Nord a subi de plein fouet les conséquences de phénomènes météorologiques extrêmes induits par le réchauffement climatique, qu’il s’agisse d’ouragans et d’inondations meurtriers ou de tornades frappant des régions auparavant épargnées. L’élévation du niveau de la mer submergerait les régions de basse altitude comme la Floride.
Une guerre culturelle polarisée
« Républicains et Démocrates aux États-Unis se livrent une guerre culturelle politisée et polarisée qui est déconnectée des faits et de la réalité », déclare Lucian Peppelenbos, stratégiste Climat et biodiversité de Robeco.
« La réalité est que le réchauffement climatique pèse fortement sur l’économie américaine depuis des années et que les coûts qu’il engendre ne cessent d’augmenter. Les factures pour les assureurs dans le sillage des catastrophes naturelles sont exorbitantes ; et si des biens tels que des maisons et des entreprises ne peuvent plus être assurés, l’incidence sur l’économie dans son ensemble sera énorme.
La bonne nouvelle, c’est que la transition a été amorcée. Les États-Unis se sont engagés sur la voie de la décarbonation en 2007, et la Loi de réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) a été un véritable succès à l’heure de stimuler les investissements verts. Elle constitue, en toute honnêteté, la législation climatique la plus importante de l’histoire des États-Unis.
Et n’oublions pas que le mouvement anti-ESG renfermait en son sein un argument valable, avant qu’il ne soit utilisé à des fins politiques. Si les pouvoirs publics ne légifèrent pas pour lutter contre le réchauffement climatique, dans quelle mesure le marché peut-il intervenir dans ce sens ? L’évolution se fait par vagues successives, et le vent ESG va tourner. »
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