A l’occasion de la publication d’un nouveau rapport, les PRI observent que les discussions entre les Etats et les détenteurs d’obligations souveraines sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) demeurent encore trop limitées. L’organisation internationale appellent donc les détenteurs d’obligations souveraines à dialoguer davantage avec les Etats pour favoriser une plus grande prise en compte des enjeux ESG.
Les Principes pour l’Investissement Responsable (PRI), soutenus par les Nations Unies, publient aujourd’hui un nouveau rapport, intitulé « Les engagements ESG pour les investisseurs en dettes souveraines » (« ESG Engagement for Sovereign Debt Investors »), dans lequel les PRI appellent les détenteurs d’obligations souveraines à prendre davantage la parole sur les enjeux ESG.
« L’engagement sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) est une pratique encore trop sous-utilisée par les détenteurs d’obligations souveraines et il est temps que cela change, souligne Carmen Nuzzo, responsable de l’obligataire au sein des PRI, dans un article accessible sur le site des PRI. En tant que financeur de la dette souveraine, les détenteurs d’obligations peuvent jouer un rôle important dans la conduite du changement et l’orientation des résultats ESG par le biais de leurs décisions d’investissement, comme nous le soulignons dans ce rapport. »
L’engagement fait partie intégrante de l’investissement responsable dans toutes les classes d’actifs, et les détenteurs d’obligations souveraines ne devraient pas faire exception. Cependant, les discussions spécifiques sur les enjeux ESG entre les Etats et les investisseurs en obligations souveraines demeurent encore limités, tout comme le suivi de la manière dont les Etats s’acquittent de leurs obligations et de leurs engagements en matière de développement durable. Or, les investisseurs peuvent profiter de leurs rencontres et de leurs réunions avec les responsables politiques et publics pour leur indiquer qu’elles sont les informations ESG qu’ils jugent importantes pour leur analyse et leurs décisions d’investissement, pour encourager une plus grande transparence et une meilleure diffusion des données ESG et, ainsi, transmettre leurs attentes sur ces enjeux ESG.
De plus, les investisseurs peuvent utiliser leur engagement plus efficacement, pour aller au-delà des simples considérations rendement/risque. En tant que garant de l’argent des épargnants, les détenteurs d’obligations souveraines responsables ont l’obligation fiduciaire non seulement de générer des rendements pour leurs bénéficiaires mais aussi de promouvoir et de favoriser l’atteinte d’objectifs économiques, sociétaux et environnementaux.
A cette fin, le rapport des PRI met en exergue les pratiques de marché actuelles et les différences qui existent en matière d’engagement entre les détenteurs d’obligations d’entreprises d’une part et, de l’autre, les détenteurs d’obligations souveraines. En outre, le rapport montre comment des opportunités peuvent être exploitées pour favoriser le dialogue autour des sujets ESG, qui peut être mutuellement bénéfique pour les Etats et les investisseurs. Le rapport s’attarde enfin sur un certain nombre d’idées fausses qui agissent comme autant d’obstacles à l’engagement des investisseurs obligataires et donne des pistes pour les surmonter.
Dans ce rapport, les PRI estiment que cadrer l’engagement des investisseurs obligataires autour de la divulgation d’informations clés sur les enjeux ESG et atteindre les engagements des politiques existantes, tels que les Objectifs de Développement Durable ou encore l’Accord de Paris, constitue un point de départ naturel pour faciliter le dialogue avec les émetteurs. Par ailleurs, bien que les risques ESG soient plus faciles à identifier sur les marchés émergents (comme le montrent plusieurs exemples mentionnés dans le rapport), le fait que de nombreux marchés développés d’obligations souveraines soient plus liquides ou présentent une meilleure qualité de crédit ne devrait pas empêcher les investisseurs d’adopter et de développer un « état d’esprit d’engagement » et, ainsi, d’interagir avec les Etats sur les enjeux ESG.
« La crise de la Covid-19 a accru les besoins de financement public des pays, offrant aux investisseurs institutionnels, en tant que bailleurs de fonds, une opportunité unique de collaborer avec les Etats pour mettre en œuvre des plans de relance économique durables, commente Carmen Nuzzo. L’engagement des pays sur les enjeux ESG aidera non seulement à conduire le changement et contribuera à une reprise plus durable, mais aussi à faire avancer les accords et les engagements existants, tels que l’Accord de Paris et les Objectifs de Développement Durable (ODD). »
Ce nouveau rapport constitue donc une étape importante. Il devrait encourager les investisseurs à avoir des échanges plus explicites avec les Etats afin que les engagements des pays en matière de développement durable ne restent pas de simples déclarations d’intention. En outre, ce rapport devrait contribuer à mieux refléter les progrès (ou l’absence de progrès) des pays dans la valorisation des obligations. Il est utile pour les Etats de mieux comprendre l’appétit croissant des investisseurs pour les enjeux ESG. Enfin, ce rapport devrait favoriser les discussions entre les investisseurs, les émetteurs souverains et les autres parties prenantes afin de faciliter le financement de modèles de croissance plus durables.
Vous pouvez consulter l’intégralité du rapport ici.
Pour accéder au site, cliquez ICI.