Retrouvez le commentaire de Valérie Baudson, Directrice Générale de CPR Asset Management.
APRÈS LA GOUVERNANCE ET L’ENVIRONNEMENT, INVESTIR LE « S » DE L’ESG
Cinq ans après le premier Climate Finance Day en 2015, prélude à la signature de l’Accord de Paris par la COP 21, les investisseurs intègrent de plus en plus le risque que fait peser le changement climatique sur la croissance et la valorisation des actifs. Les banques centrales, qui donnent le « la » des marchés financiers, ont mis, à travers le Network for Greening the Financial System, le climat à leur ordre du jour, reconnaissant que ce risque menace la stabilité financière. La Banque des règlements internationaux et la Banque de France en font même un Green Swan, c’est-à-dire un risque certain, aux forces multiples, interconnectées et non- linéaires, mettant la vie humaine en jeu.
Si je me réjouis que la dimension environnementale soit désormais ancrée dans les habitudes des investisseurs, je veux affirmer l’importance équivalente que doit revêtir le S de l’ESG et le leadership que doit prendre, sur ce point comme sur le climat, la place financière de Paris dans son rôle de promoteur actif et précurseur de la finance responsable.
De la même façon que le changement climatique compromet la prospérité, la stabilité de notre modèle et la santé des plus démunis, l’accroissement des inégalités au cours des dernières décennies est tel qu’il ralentit la croissance, réduit pour de larges segments de la population l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux produits de base, alimente des mouvements sociaux et des programmes politiques radicaux, susceptibles de perturber la démocratie et l’économie.
Là encore, je remarque qu’une banque centrale prend la parole, et non des moindres, la Federal Reserve, dont Jerome Powell a annoncé cet été que la réduction des inégalités était pour elle un réel enjeu, avec pour objectif affiché un plein-emploi inclusif et donc une attention portée sur l’éducation.
J’ai donc la conviction qu’il nous faut désormais investir la dimension sociale, conviction que la crise sanitaire, révélatrice et aggravatrice des inégalités existantes, n’a fait que renforcer.
Songeons notamment à la fermeture des écoles, qui a accru la fracture numérique pour les familles défavorisées et mis en lumière l’enjeu de l’accès à l’éducation ; songeons encore aux circonstances particulièrement éprouvantes du confinement pour nos aînés, qui ont souligné les défis du vieillissement de la population. La protection sanitaire et sociale des salariés ainsi que les mécanismes d’indemnisation du chômage sont autant de pratiques dont on mesure aujourd’hui les bienfaits ou, au contraire, le manque cruel selon les entreprises, les secteurs ou les pays. Je l’affirme : la reprise ne peut être qu’inclusive pour être durable ; la transition environnementale doit être juste pour être acceptée.
COMME SUR LE CLIMAT, AFFIRMER LE LEADERSHIP DE LA FRANCE ET DE L’EUROPE SUR LE SOCIAL AU TRAVERS DE PROPOSITIONS CONCRÈTES
Le Pôle Investisseurs de Paris Europlace, que j’ai l’honneur de présider, a ainsi récemment identifié plusieurs niveaux d’action pour promouvoir l’investissement social et sociétal.
Celui des données d’abord qui nécessite l’existence d’indicateurs harmonisés. C’est pourquoi nous plaidons d’une part pour l’élaboration d’une taxonomie sociale et sociétale, sur le modèle de celle consacrée à l’environnement, et d’un standard unique de reporting, et d’autre part pour la mise à disposition de ces données en libre accès aux investisseurs et au grand public pour accélérer la mobilisation de toute la société civile.
Il nous faut ensuite agir au niveau des produits, en développant une offre adaptée à la demande sociale et sociétale des investisseurs et en positionnant l’Europe comme le premier marché en la matière.
Enfin, au niveau des entreprises, nous proposons d’approfondir le dialogue actionnarial afin de cartographier les bonnes pratiques, mais également d’établir des outils de rémunération avantageant les investisseurs de long terme. L’action au niveau des entreprises suppose par ailleurs de travailler à une meilleure allocation des richesses entre les salariés et les actionnaires et la place de Paris peut, à ce titre, promouvoir le modèle français d’actionnariat salarié.
ENVIRONNEMENT ET SOCIAL : LE RÔLE DES ENTREPRISES ÉVALUÉ SOUS L’ANGLE DE L’IMPACT
Le contexte d’une société fragilisée par la crise sanitaire, la progression des inégalités et le dérèglement climatique conduit les entreprises à reconsidérer leur organisation, leurs objectifs et leurs activités. On comprend ici la place centrale que va prendre l’investissement à impact dans la finance responsable : il ne s’agira plus uniquement de prendre en compte des critères extra-financiers dans l’analyse de la gestion des entreprises, mais bien d’identifier celles dont l’activité impacte positivement (ou non) la société dans son ensemble.
La finance responsable doit désormais justifier de résultats mesurables. En matière sociale, nous disposons d’ores et déjà de critères d’analyse extra- financiers et d’indicateurs d’impact. Les premiers ont trait par exemple aux écarts de rémunération, à la représentation de la diversité ou encore aux pratiques d’optimisation fiscale. Les seconds correspondent notamment à la création d’emplois, à la capacité de nourrir les populations tout en étant attentif à l’utilisation des ressources naturelles ou encore à l’accès à l’éducation.
En termes d’impact, je suis fière du travail accompli par CPR AM, qui a développé une large gamme de produits offrant à nos clients des rendements financiers robustes et traduisibles en externalités positives pour l’environnement et la société.
Nos fonds Climate Action (sur le choix des entreprises les plus engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique), Food For Generations (sur la chaîne alimentaire mondiale et la réduction de la consommation d’eau) et Future Cities (sur l’urbanisation durable) permettent d’identifier les entreprises les mieux positionnées sur les grands enjeux environnementaux. Nous avons su nouer des partenariats innovants, notamment avec le CDP, premier fournisseur de données climat, afin de combiner les meilleurs talents.
En ce qui concerne le volet social, nous mesurons via notre fonds Education des indicateurs tels que le nombre d’élèves formés et le nombre d’heures d’enseignement dispensées, ou encore le nombre de repas en cantine scolaire et de lits en résidence universitaire financés. Pareillement, le fonds Social Impact, est le premier fonds sur le marché mondial de la gestion d’actifs à placer la réduction des inégalités au cœur de son processus d’investissement, en évaluant les entreprises sur la base de cinq piliers que sont les revenus, la fiscalité, la diversité, l’éducation & la santé, et les libertés fondamentales.
Enfin, le dernier né de notre gamme, le fonds Ambition France est consacré à la relance de l’économie nationale sur la base de trois volets : soutenir les entreprises françaises particulièrement impactées par la crise de la Covid, accompagner le recouvrement de la souveraineté nationale dans certains secteurs clés et promouvoir une économie post-Covid alignée sur les nouvelles aspirations de la société que l’épidémie a renforcées. Nous mesurerons via ce fonds notre impact via des indicateurs sociaux tangibles comme la création d’emplois en France.
Ainsi, CPR AM a placé l’impact dans sa culture et dans ses actions de gérant d’actifs, dans l’intérêt de ses investisseurs et de la société.
Valérie Baudson, Directrice Générale de CPR Asset Management
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