En 2021, les principaux thèmes d’engagement de Robeco seront le financement des activités très émettrices de carbone et la protection des droits du travail dans le monde post-Covid.
Points clés
- Un programme ciblant les banques qui financent les gros émetteurs de carbone
- Un engagement climatique renforcé pour se concentrer sur les « lanternes rouges »
- Un programme centré sur les problèmes liés au travail et les droits humains dans la chaîne d’approvisionnement
En 2021, dans un effort résolu ciblant les entreprises qui contribuent au réchauffement climatique, l’équipe Actionnariat actif mettra l’accent sur le dialogue avec les institutions qui financent les gros émetteurs de carbone. Un autre programme encouragera la mise en œuvre de mesures urgentes dans les entreprises qui sont très en retard en matière de décarbonation.
Deux autres programmes d’engagement concerneront les droits du travail, mis à mal par les fermetures d’entreprises durant la pandémie, ainsi que les violations des droits humains dans les zones de conflit ou à haut risque. Un cinquième thème concernera les problèmes éthiques dans l’industrie des jeux vidéo.
Chaque année, l’équipe Actionnariat actif choisit quatre ou cinq nouveaux thèmes liés aux opportunités et/ou risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) d’importance financière, et qui feront l’objet d’un dialogue actionnarial de trois ans avec les entreprises.
Financer la transition
De nombreuses institutions financières sont très exposées à l’industrie des énergies fossiles, et donc confrontées à leurs propres risques physiques, de transition et de responsabilité liés aux effets du réchauffement planétaire. Les régulateurs s’intéressent de plus en plus au financement de la transition climatique et à la façon dont le secteur devrait favoriser celle-ci. Les banques doivent donc aligner leurs politiques de prêt sur les cibles carbone fixées par les gouvernements pour se conformer aux objectifs de l’accord de Paris.
« Nous savons que de nombreuses banques continuent de prêter aux entreprises très émettrices sans que celles-ci ne s’engagent à passer à des modèles économiques plus sobres en carbone », commente Carola van Lamoen, responsable de l’investissement durable chez Robeco. « Leurs activités de prêt ne sont donc pas alignées sur les engagements de Paris.
Nous traitons ce sujet comme un thème combinant gouvernance et environnement, car il s’agit vraiment de la façon dont le réchauffement climatique influence l’allocation des fonds et les concepts plus généraux de la gestion du risque.
À terme, nous espérons que le secteur financier disposera d’une connaissance approfondie des risques et opportunités climatiques, et qu’il se sera doté d’une stratégie pour gérer des portefeuilles complètement alignés sur l’accord de Paris. »
Le 4 décembre 2020, conformément à cet appel à la décarbonation, Robeco s’est donné pour ambition d’atteindre la neutralité carbone dans l’ensemble de ses actifs sous gestion d’ici 2050. Nous avions auparavant fixé des limites au-delà desquelles les producteurs et consommateurs d’énergies fossiles seront exclus de tous nos portefeuilles.
Accélérer l’engagement en faveur de la transition
Le second volet de cet engagement consistera à cibler les émetteurs eux-mêmes. Outre son objectif de neutralité carbone, Robeco va élaborer un programme d’engagement ciblant toutes les entreprises en portefeuille qui sont en retard dans la transition énergétique. Au bout de trois ans, celles qui n’atteignent pas les objectifs risqueront l’exclusion.
« Par le passé, nous avons dialogué avec un grand nombre d’entreprises sur la nécessité d’adopter des modèles économiques bas carbone, mais certaines ne font toujours pas assez de progrès en la matière », note Peter van der Werf, responsable d’équipe chargé de l’engagement chez Robeco.
« Pour ce programme, nous voulons donc passer à la vitesse supérieure et nous concentrer sur les "lanternes rouges" en matière de transition climatique, c’est-à-dire les entreprises qui ne peuvent plus bénéficier d’un petit coup de pouce et qui ont vraiment besoin d’une transformation fondamentale pour pouvoir passer à un modèle économique plus sobre en carbone.
En effet, leurs business models actuels continuent de reposer sur les énergies fossiles, alors qu’il conviendrait de se concentrer sur la réalisation (ou du moins la planification) d’investissements concrets pour amorcer la transition énergétique. »
Les droits du travail dans un monde post-Covid
Outre le réchauffement climatique, les droits du travail aussi se retrouvent sur le devant de la scène, la pandémie de coronavirus ayant aggravé des conditions qui étaient déjà problématiques dans les industries exposées aux fermetures. En 2021, l’engagement de Robeco se concentrera sur les risques liés aux pratiques de travail dans les secteurs de la distribution, la livraison de repas et l’hôtellerie.
Dans ces activités de détail autorisées à rester ouvertes durant les confinements, les travailleurs ont été nettement plus exposés au risque d’infection, alors qu’ils sont mal rémunérés, qu’ils enchaînent les heures et que leurs conditions de travail sont précaires. Si la livraison de repas a permis à beaucoup de survivre, les travailleurs de ce secteur (ce que l’on appelle la « gig economy ») sont souvent privés de contrat de travail, de convention collective, de protection sociale et de régime de retraite.
Dans l’hôtellerie, les travailleurs ont été durement touchés par les mesures de distanciation sociale, et nombre d’entre eux ont perdu leur emploi lorsque les hôtels et les restaurants ont reçu l’ordre de baisser le rideau, sans possibilité de rebondir.
Un indicateur de réponse aux chocs
« La façon dont les entreprises traitent leurs employés permet d’évaluer comment elles peuvent répondre à d’autres chocs », analyse Carola van Lamoen. « Lorsque l’hôtellerie et les autres secteurs touchés par le Covid-19 recommenceront à fonctionner normalement, il sera essentiel d’assurer un bon niveau de satisfaction des employés et de maintenir des normes du travail adéquates pour bénéficier d’un avantage compétitif.
La viabilité à long terme des sociétés dans lesquelles nous investissons est inextricablement liée au bien-être de leurs parties prenantes, notamment des employés, des fournisseurs et des communautés dans lesquelles elles opèrent. Les entreprises ayant de bonnes pratiques en matière de ressources humaines affichent souvent un renouvellement moins fréquent du personnel et une productivité du travail plus élevée.
Ce thème d’engagement s’étend aux trois principaux secteurs où la protection des travailleurs a tendance à être moins élevée, et s’appuie sur notre expérience passée dans la chaîne d’approvisionnement agricole et l’habillement. Nous veillerons également à mettre l’accent sur des sujets tels que l’hygiène et la sécurité, ainsi que la diversité et l’inclusion. »
Les droits humains dans les chaînes d’approvisionnement
Ce thème a trait aux droits humains en général, en particulier lorsque des abus surviennent dans la chaîne de valeur, souvent dans les zones de conflit où les protections sont limitées. Notre engagement se concentrera sur les procédures de due diligence que les entreprises des secteurs des technologies, de l’habillement et de l’automobile dans les marchés développés doivent réaliser lorsqu’elles s’approvisionnent dans des régions à haut risque.
« En plaidant pour de meilleures normes en matière de droits humains, nous espérons réduire le risque que les entreprises commettent ou exacerbent des violations graves dans le cadre de leurs activités », explique Peter van der Werf. « Les violations de droits humains se produisent plus souvent dans les chaînes d’approvisionnement que dans l’entreprise elle-même, par exemple lorsqu’elle achète des minéraux dans des zones de conflit.
Le respect des droits humains est très corrélé à la résilience de la chaîne d’approvisionnement et à un contexte opérationnel stable. Dans le même temps, les investisseurs sont de plus en plus conscients et préoccupés par les risques opérationnels, financiers, juridiques et de réputation auxquels les entreprises en portefeuille peuvent être confrontées lorsqu’elles ne parviennent pas à gérer les risques liés aux droits humains. »
La face cachée du jeu vidéo
Enfin, l’équipe s’intéressera au jeu vidéo – un secteur ayant apporté de nombreux bienfaits durant les confinements, à des joueurs de plus en plus nombreux. Mais en tant qu’investisseur, Robeco a noté que cette industrie a des impacts sociaux et structurels qui affectent aussi bien les joueurs que les développeurs. Les problèmes vont de la violence gratuite aux représentations stéréotypées des minorités, en passant par une augmentation des abus de jeunes joueurs en ligne.
Ce secteur est également confronté à des problèmes de travail, certains développeurs étant par exemple obligés d’effectuer de longues heures supplémentaires ou de travailler en dehors des horaires habituels. Nous demanderons aux dirigeants des entreprises de réfléchir à leurs attentes en matière de produit (par exemple aux excès de spécifications), à leur approche de la conception (qui pourrait être une approche tout ou rien) et au manque de personnel.
Les thèmes d’engagement annuels de Robeco sont choisis après consultation des équipes d’investissement et des clients sur les thèmes les plus importants pour eux. En 2020, les thèmes retenus incluaient la biodiversité et la sécurité minière.
Carola van Lamoen, Head of Sustainable Investing
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