Financièrement robuste et socialement désirable, l’investissement à impact n’en demeure pas moins parfois mal connu. Définition, positionnement, impact réel, autant de sujets sur lesquels Marina Iodice, gérante de portefeuille en charge de la stratégie actions à impact chez NN IP, apporte son éclairage.
Après une expérience dans l’ISR et une incursion sur le terrain au Nicaragua auprès d’une ONG spécialisée dans le micro-crédit, pourquoi vouloir travailler sur l’impact ?
J’ai rejoint l’équipe de gestion de NN IP il y a un an, pour co-gérer 4 fonds actions à impact, après une décennie passée dans l’investissement Socialement Responsable (ISR). Je souhaitais aller au-delà de l’ISR - c’est-à-dire la minimisation des risques extra-financiers - pour faire plus, et l’investissement à impact me semble être la réponse la plus adaptée. NN IP est un acteur très crédible dans ce domaine, avec des objectifs ambitieux, de nombreuses ressources, une équipe de gestion dédiée et une large gamme de fonds à impact. Outre la gestion, mon expertise en matière de méthodologie vient renforcer la mesure de l’impact et donc son efficacité. Mon ambition est d’amener plus loin cette mesure au profit de NNIP et l’industrie financière dans son ensemble.
Quelle est la différence entre l’ISR et l’investissement à impact ?
L’objectif d’un fonds ISR (ou durable) est de minimiser les risques extra-financiers, ou liés aux facteurs ESG. Le fonds à impact, lui, investit dans des entreprises qui apportent, au travers de leurs activités principales, une valeur ajoutée à la société. Cette intentionnalité est au cœur de notre stratégie. Nous regardons aussi la matérialité de l’impact – c’est-à-dire combien ces activités représentent dans le chiffre d’affaires de l’entreprise ou bien dans son Capex (dépenses d'investissement) – ainsi que sa « transformationalité », c’est-à-dire les répercussions positives engendrées pour la société. Cette approche de sélection des entreprises sur la base de l’impact, que nous appelons MIT (Materiality, Intentionality & Transformationality) est basée à la fois sur des éléments quantitatifs et qualitatifs. Ainsi, nous investissons dans des entreprises de pays émergents dont l’impact sur la société est en relatif plus important que ces mêmes activités dans des pays développés. Pensez par exemple à une société qui installe des tours de communication en Afrique, qui permet ainsi de donner accès à des services financiers à une population encore très peu bancarisée, leur permettant d’épargner sans crainte de vol, ou d’emprunter pour financer des projets individuels.
Sur quelles solutions sociétales se concentrent vos fonds ?
Nos 4 fonds actions à impact positif se focalisent sur 12 solutions de développement durable. Le fonds NN Global Equity Impact Opportunities couvre les 3 piliers définis par les Nations Unies : Population, Planète et Prospérité. Son objectif : répondre aux ODD (Objectifs de Développement Durable des Nations Unies) au travers de 12 solutions concrètes proposées par des entreprises cotées, telles que l’accès aux soins, la gestion des eaux, une meilleure alimentation, l’accès à l’information … Les trois autres fonds offrent une exposition ciblée à ces solutions. NN Health & Well Being est centré sur la santé et le bien-être de la Population, NN Climate & Environment se concentre sur le pilier Planète, NN Smart Connectivity est axé sur le pilier Prospérité.
Comment mesurer l’impact et la contribution des entreprises ?
Il n’existe pas, à ce jour, de mesure unique, applicable à l’échelle d’un fonds. En revanche, avec notre équipe dédiée de data scientists, nous développons des indicateurs quantitatifs et qualitatifs en fonction des entreprises : combien de tonnes de nourriture ont-elles permis de ne pas gâcher, combien de vaccins ont été effectués… Nous avons publié notre premier rapport d’impact l’année dernière dans lequel nous exposons quelques exemples de KPIs récoltés pour chaque solution d’investissement. L’essentiel est de démontrer l’impact positif des entreprises sur la société, pas la simple exposition de nos fonds aux ODD. Par ailleurs, toutes les actions d’engagement que nous menons avec les entreprises sélectionnées ont également pour objectif d’améliorer la qualité de l’information que nous souhaitons reporter.
Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire et économique sur les stratégies à impact, que ce soit en termes de performance ou d’intérêt ?
La majorité de nos fonds actions à impact a une performance « year-to-date » supérieure à celle du MSCI World, même si nous n’appliquons pas d’indice de référence. Nos entreprises sont positionnées sur des activités durables et financièrement solides. Leur business model est bâti autour de leurs activités à impact positif, qui bénéficient de tendances sous-jacentes porteuses, moins touchées par la crise que la moyenne de l’économie, et qui devraient en ressortir renforcées.
On voit de plus en plus d’investisseurs intéressés par les stratégies à impact, notamment grâce à l’évolution de la règlementation. La crise renforce ce phénomène et fait aussi surgir certaines nouvelles sensibilités, comme par exemple une attention à la préservation de l’emploi, et la prise de conscience individuelle de la nécessité d’agir en supportant les entreprises créatrices de valeur sociétale.
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