Grâce aux efforts de décarbonation entrepris par les gouvernements et les entreprises du monde entier, le secteur des énergies propres devrait continuer de bien se porter en 2021. Les engagements pris par la nouvelle administration américaine et par ses homologues européennes et asiatiques favorisent la croissance continue des énergies propres.
Points clés
- La pandémie de Covid-19 a accéléré la tendance en faveur des renouvelables et fait flancher les acteurs traditionnels
- L’administration Biden aura une influence positive sur le secteur des énergies propres en 2021
- Les sociétés énergétiques traditionnelles doivent réduire leur empreinte carbone si elles veulent survivre
L’année 2020 a été fortement marquée par la pandémie de Covid-19. Quelle incidence cela a-t-il eue sur le secteur de l’énergie ?
« 2020 a été une année charnière pour le secteur énergétique. La pandémie de Covid-19 a accéléré la tendance en faveur des renouvelables et fait flancher les acteurs traditionnels. D’après les dernières Perspectives énergétiques mondiales de l’AIE, la demande mondiale d’énergie devrait avoir diminué de 5 % en 2020, avec des baisses estimées à 8 % dans le pétrole et 7 % dans le charbon, contre une légère augmentation de la contribution des énergies renouvelables . À l’inverse du secteur énergétique traditionnel, les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien ont connu une nouvelle année de forte croissance, grâce aux incitations destinées à décarboner notre économie mondiale. »
L’administration Biden aura-t-elle une influence sur les perspectives 2021 du secteur des énergies renouvelables ?
« La nouvelle administration américaine a d’ores et déjà fait part de son intention de réintégrer immédiatement l’accord de Paris et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Son objectif de décarbonation totale de la production d’énergie aux États-Unis d’ici 2035 est encore plus ambitieux. Le monde semble enfin uni dans la lutte contre le réchauffement climatique. »
« Au cours des quatre années à venir, Joe Biden prévoit d’investir 2 000 milliards de dollars dans le renouvellement des infrastructures, dont une grande partie sera consacrée à l’efficacité énergétique des bâtiments. Quatre millions de locaux commerciaux devraient ainsi bénéficier d’un plan de rénovation énergétique reposant sur des technologies de pointe. Une enveloppe importante sera également allouée à la poursuite de l’électrification basée sur les énergies renouvelables. Nul doute qu’avec des plans aussi ambitieux, l’administration Biden aura une influence positive sur le secteur des énergies propres en 2021. »
Vous évoquez les ambitions de la nouvelle administration américaine. Qu’en est-il des autres pays ?
« De nombreux autres plans volontaristes sont actuellement déployés dans le monde. En Chine, l’objectif officiel récemment annoncé est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Selon le journal China Energy News, l’Administration nationale de l’énergie (NEA) a proposé d’installer 120 GW de capacités renouvelables en 2021. En outre, le pays entend doubler la production existante d’électricité solaire et éolienne d’ici 2025, tout en s’efforçant d’accroître la part de marché des véhicules électriques, de 5 % aujourd’hui à 50 % en 2035 . L’Europe a quant à elle relevé ses objectifs, la Commission européenne souhaitant à présent réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 (contre « au moins 40 % » auparavant), et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 . La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique devrait augmenter et atteindre 38-40 % d’ici 2030 (et non plus 32 %, l’objectif actuel), alors qu’elle était de 18,9 % en 2018 . “
D’autres pays comme le Japon et la Corée du Sud ont élaboré des programmes tout aussi ambitieux. Aux yeux des décideurs, les mesures de relance verte sont l’outil de choix pour redresser l’économie, car elles combinent ambitions climatiques et fortes répercussions sur la force de travail locale. »
Les fournisseurs d’énergie et groupes pétroliers traditionnels ont-ils la possibilité de pénétrer le marché des renouvelables ? Si oui, cette opportunité sera-t-elle suffisamment importante pour profiter à tout le monde ?
« Les fournisseurs énergétiques et groupes pétroliers traditionnels n’ont pas d’autre choix que de réduire leur empreinte carbone s’ils veulent survivre à long terme. Nous devons produire beaucoup plus d’électricité renouvelable dans les trois prochaines décennies, afin d’électrifier, et donc décarboner, les secteurs du transport et du bâtiment.
Nos estimations montrent que la production d’électricité renouvelable en 2050 pourrait raisonnablement être multipliée par six par rapport à aujourd’hui, mais que cela ne réduirait notre empreinte carbone que de 50 %. Par conséquent, toute entreprise qui dispose des capitaux nécessaires pour contribuer à l’électrification de la production d’énergie primaire basée sur les renouvelables est plus que bienvenue à rejoindre le mouvement. »
1 Agence internationale de l'énergie (2020), Perspectives énergétiques mondiales 2020, https://www.iea.org/reports/world-energy-outlook-2020
2 China Society of Automotive Engineers (27 octobre 2020), Energy-saving and New Energy Vehicle Technology Roadmap 2.0 officially released http://en.sae-china.org/a3967.html
3 Commission européenne, 16 septembre 2020, discours sur l’état de l’Union de la présidente Ursula von der Leyen : tracer la voie pour sortir de la crise du coronavirus et choisir notre avenir [communiqué de presse]. https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_20_1657
4 Commission européenne (2020), Accroître les ambitions de l’Europe en matière de climat pour 2030, https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:52020DC0562
5 Eurostat. 2020, Shedding light on energy in the EU. https://ec.europa.eu/eurostat/cache/infographs/energy/bloc-4c.html
Thiemo Lang, Senior Portfolio Manager, RobecoSAM Smart Mobility Strategy & Smart Energy Strategy
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