Hamish Chamberlayne, gérant de portefeuille et responsable des actions durables internationales, examine les changements à venir sous l’effet de la décennie de transformation dans laquelle nous entrons et explique l’importance de la numérisation, de l’électrification et de la décarbonation.
Principaux points à retenir
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L’économie des combustibles fossiles est un système extrêmement complexe et interdépendant. Démêler l’écheveau des processus émetteurs de carbone n’est pas une mince affaire.
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Grâce à une bien plus grande harmonie politique internationale sur l’enjeu climatique, les planètes sont alignées en vue de ce que nous nous attendons être un boom synchronisé à l’échelle mondiale des investissements dans les technologies propres.
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La numérisation, l’électrification et la décarbonation (le « lien NED ») sont de puissants agents de changement positif dans le cadre d’objectifs de durabilité sociétale et environnementale.
Depuis près de 30 ans, nous avons reconnu la corrélation entre la durabilité et l’innovation, et nous pensons aujourd’hui que nous entrons dans une décennie de changement transformationnel. La transition vers une économie bas carbone s’accélère enfin. Nous voyons la décarbonation comme une tendance d’investissement générationnelle qui va avoir un impact profond sur presque tous les secteurs de l’économie.
Que signifie l’investissement bas carbone ?
L’investissement bas carbone est bien plus que le simple fait d’investir dans des entreprises d’énergie renouvelable et de supprimer les combustibles fossiles d’un portefeuille. Au cours des 250 dernières années, depuis le début de la révolution industrielle, l’humanité a accompli d’immenses progrès grâce à un moteur de croissance économique alimenté par les combustibles fossiles. Malheureusement, ces immenses progrès industriels n’ont pas été exempts de conséquences. Le monde d’aujourd’hui dépend fortement de l’utilisation quotidienne de processus émetteurs de carbone, à telle enseigne qu’il serait difficile de vivre sans eux. En fait, l’économie fossile a été imbriquée dans notre système économique mondial.
Des émissions de gaz à effet de serre sont produites dans presque toutes les industries. Les principaux émetteurs sont les transports, l’électricité, la production d’énergie, l’industrie, les bâtiments professionnels et résidentiels et l’agriculture. Toutefois, il est important de prendre en considération le fait que l’économie des combustibles fossiles est un système extrêmement complexe et interdépendant (Illustration 1). Chaque secteur comprend divers sous-secteurs et diverses industries dont les niveaux d’activité économique liés aux combustibles fossiles varient. Démêler l’écheveau des processus émetteurs de carbone n’est pas une mince affaire.
Un boom synchronisé des investissements dans les technologies propres
Cette année, les États les plus influents du monde ont pris des engagements ambitieux en vue de prendre à bras-le-corps le problème du changement climatique. En avril 2021, 40 dirigeants mondiaux se sont réunis virtuellement pour s’attaquer à la crise climatique lors du Sommet des dirigeants sur le climat. La Maison-Blanche a fait part de son objectif de réduire les émissions américaines de 50 % à 52 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005 et le Président chinois Xi Jinping a annoncé son intention de supprimer progressivement l’utilisation du charbon à partir de 2026. Dans le même temps, le gouvernement britannique a annoncé l’objectif le plus ambitieux au monde en matière de changement climatique : réduire les émissions de 78 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990. Le sixième budget carbone du Royaume-Uni devrait inclure la part du pays dans les émissions internationales de l’aviation et du transport maritime afin de l’amener à plus des trois quarts du chemin à un zéro net émissions d’ici 2050. Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater une bien plus grande harmonie politique internationale sur l’enjeu climatique. Les planètes sont alignées en vue de ce qui va selon nous être un boom synchronisé à l’échelle mondiale des investissements dans les technologies propres.
Aussi, que signifient ces engagements climatiques pour l’économie des combustibles fossiles ? Afin de respecter la limite du réchauffement climatique de 1,5°C, nous allons avoir besoin de diverses solutions pour s’occuper des multiples secteurs et industries concernés. Les pays doivent faire passer la part de l’électricité dans le mix énergétique primaire de 20 % à 50 % au cours des prochaines décennies. Les États-Unis ont pris des dispositions importantes visant à électrifier une partie de la flotte d’autobus scolaires, à rénover les bâtiments en respectant des normes environnementales plus strictes, à réduire le recours à la production de charbon et de gaz dans le mix énergétique, ainsi qu’à investir dans l’infrastructure électrique et les énergies renouvelables. Le Royaume-Uni a quant à lui interdit la vente de voitures neuves diesel et à essence à partir de 2030 et a annoncé un fonds de 20 millions de livres sterling de financement pour les véhicules électriques.
« Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater une bien plus grande harmonie politique internationale sur l’enjeu climatique. Les planètes sont alignées en vue de ce qui va selon nous être un boom synchronisé à l’échelle mondiale des investissements dans les technologies propres. »
Une décennie de changements transformationnels
L’électrification du parc automobile mondial est un domaine pour lequel nous nous passionnons. À mesure que la technologie des batteries et de l’informatique s’améliore et que les coûts associés diminuent, nous nous attendons à voir la production et l’adoption en masse de véhicules électriques. C’est ce que l’on appelle souvent la courbe en S. Tracée sur un graphique, la courbe en S illustre l’innovation d’une technologie, depuis ses débuts progressifs lors de sa mise au point, suivis d’une phase d’accélération puis, enfin, de sa stabilisation dans le temps. L’électrification des véhicules n’en est qu’un exemple. Nous pensons que nous nous trouvons au début d’une décennie de changement transformationnel qui va engendrer de multiples courbes en S dans de nombreux différents secteurs.
L’électrification figure au cœur de ce changement. Imaginez une ampoule à diode électroluminescente (DEL) qui émet de la lumière par un processus appelé électroluminescence. Contrairement à l’ampoule à incandescence traditionnelle qui émet de la lumière en chauffant un petit filament métallique, les LED font passer des courants électriques dans un matériau semi-conducteur afin d’émettre des photons. Ce même processus d’émission de photons peut être utilisé pour transmettre des données. Le LiFi, similaire au WiFi, est une technologie de communication sans fil qui utilise le processus des LED pour transmettre des données d’un objet à un autre.
« L’électrification figure au cœur de ce changement. ... À mesure que l’électrification poursuit son développement, tout va devenir « intelligent » et connecté, estompant ainsi les lignes de démarcation entre les secteurs et les industries. »
Si le LiFi peut être fascinant, le principal point à retenir est que l’électrification et la numérisation sont intrinsèquement liées. À mesure que l’électrification poursuit son développement, tout va devenir « intelligent » et connecté, estompant ainsi les lignes de démarcation entre les secteurs et les industries. Au cours de la prochaine décennie, nous entrevoyons la création de plusieurs courbes en S à la faveur de l’amélioration de la technologie et des progrès de la connectivité. Les produits analogiques traditionnels vont faire place à la nouvelle ère de l’informatique en nuage et de l’internet industriel des objets. Ce changement a déjà commencé à se concrétiser dans les voitures intelligentes, les montres intelligentes et même les réfrigérateurs intelligents. Nous considérons qu’il s’agit là de la quatrième révolution industrielle (Illustration 2).
La quatrième révolution industrielle nous permet de passer d’une économie « analogique fossile » à une économie « numérique électrique renouvelable ». Elle figure au cœur de la décarbonation et de la transition vers une économie bas carbone. Nous appelons le trio numérisation, électrification et décarbonation (NED) le « lien NED ». Ces dynamiques ont un impact sur tous les secteurs et à tous les niveaux de l’économie mondiale. Nous soulignons toute l’importance de prendre en considération les implications de ces changements sur les portefeuilles. Le lien NED a été accéléré par les événements de l’an dernier et nous pensons que, combinés, ils sont de puissants agents de changement positif en vue de l’atteinte des objectifs sociétaux et environnementaux du développement durable.
Hamish Chamberlayne, CFA, Responsable Actions durables internationales | Gérant de portefeuille
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