[Pictet] L’inflation s’est échappée et détruit tout sur son passage. Les actions et les obligations dégringolent. Ces deux actifs combinés n’ont pas connu un tel premier semestre depuis 1932. Plus stupéfiant encore, Jérôme Powell déclare : « …nous comprenons mieux maintenant à quel point nous comprenons peu l'inflation.» Les investisseurs tremblent.
Que peut-on d’espérer ? Les matières premières refluent et l’inflation devrait enfin reculer. Les marchés obligataires se stabilisent. Les bilans des ménages sont sains. Les entreprises chinoises retrouvent le moral. Et les valorisations sont basses.
Division des multiples
Le premier semestre 2022 restera dans l’histoire. Après 30 années de sommeil, l’inflation s’est réveillée et galope partout dans le monde. Les banques centrales ont dû muscler leur jeu afin de ne pas se laisser dépasser. Les taux ont été propulsés sur des hauteurs oubliées et, mécaniquement, les multiples de valorisation ont été divisés.
Mais ceci, c’est le passé. L’économie ralentit et les matières premières chutent. En tête de la course en début de l’année, les matières premières sont bonnes dernières sur le mois de juin. De leur côté, les délais de livraison se raccourcissent. Et le coût du transport maritime est reparti à la baisse. Conséquence, l’inflation devrait amorcer une baisse dans les tous prochains mois.
Ceci devrait infléchir la sévérité des banques centrales. Est-ce pour autant le moment de revenir sur les actions ? Pour nous, c’est encore trop tôt.
Actions : marges attack
Les multiples de valorisation vont probablement se stabiliser. Mais la croissance bénéficiaire devrait commencer à se dégrader. Les entreprises ont payé cher leurs matières premières, augmentent les salaires, payent des taux d’intérêt plus élevés et font face à un ralentissement. Difficile dans ce cas de maintenir les marges. A cet égard, une croissance bénéficiaire de l’ordre 10% telle qu’attendue par les analystes nous semble inatteignable. Les investisseurs vont être déçus, nous restons prudents.
Eurozone : morozone
L’économie européenne se dégrade à grande vitesse. Les consommateurs ont le moral dans les chaussettes. Et l’inquiétude monte dans les entreprises. Cerise sur le gâteau, la Russie s’apprête à nous couper le gaz. Il faudra rationner, et une récession devient alors un scénario très crédible. Pourra-t-on alors avoir une aide de la part de la BCE ? Peu probable. Les chiffres d’inflation ont largement dépassé les attentes de l’institution et la politique monétaire est encore trop accommodante. La baisse attendue de l’inflation dans les prochains mois sera très insuffisante pour émouvoir nos gouverneurs. Nous sommes prudents sur les actions européennes.
Chine : et je remets le son
La PBOC abreuve l’économie chinoise de liquidités. Le gouvernement autorise les provinces à emprunter plus de façon à lancer des programmes d’infrastructure. L’économie chinoise rebondit fortement. Nous pensons qu’il est temps de revenir sur ce marché.
Reste le risque du Covid. Les « stop and go » économiques créés par les confinements rendent la lecture de ce marché difficile. Mais nous pensons que les autorités ont enfin pris la mesure du ralentissement, leurs décisions en témoignent. Le jeu en vaut donc la chandelle. Notons par ailleurs que des résultats de vaccins ARN chinois vont bientôt être publiés. S’ils sont bons, les actions chinoises vont grimper : souvenons-nous de novembre 2020.
Santé, environnement, énergies propres
L’économie ralentit et les valeurs cycliques devraient en souffrir. La baisse des matières premières et du pétrole va d’ailleurs pénaliser nombre de ces entreprises. Nous conservons notre préférence pour les valeurs défensives, peu sensibles au cycle économique. Le secteur de la santé nous parait le mieux placé. Le vieillissement de la population, l’épidémie mondiale d’obésité et l’innovation portent la croissance bénéficiaire du secteur.
Enfin, un retour progressif sur les valeurs de croissance nous semble adéquat. Si, comme nous le pensons, l’inflation américaine chute dans les mois qui viennent, la Réserve fédérale aura le bon goût de mettre de l’eau dans son vin (!). Les taux américains pourraient alors baisser substantiellement et les valeurs de croissance retrouver l’intérêt des investisseurs.
L'essentiel à retenir
- Sous-pondération des actions américaines et européennes
- Préférence pour le secteur de la santé
- Retour sur les actions chinoises
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