Nos convictions pour les trois prochains mois.
En cette rentrée, tous les signaux ne sont pas au vert. L’inflation ralentit, mais encore trop lentement. En Europe, la croissance patine, ce qui va pénaliser les bénéfices des entreprises européennes. Heureusement, il y a des zones géographiques qui sont épargnées par la morosité ambiante.
Du bon et du mauvais
Il y a du bon et du mauvais en cette rentrée. L’inflation ralentit. Mais il y a encore des points de tension : les prix sur le marché de gros de l’huile d’olive, du riz, du cacao et les contrats à terme sur les bovins (ce qui influence les prix des steaks, par exemple) sont à des points hauts depuis des décennies (depuis 44 ans pour le cacao !). Cela s’explique essentiellement par des problèmes d’approvisionnement et d’éventuelles restrictions aux exportations (comme dans le cas du riz). La croissance est à la traîne dans plusieurs zones majeures. En Allemagne, les signaux économiques tournent au rouge : « les indicateurs avancés actuels, tels que les nouvelles commandes et le climat des affaires, mais aussi l’évolution modérée de l’économie mondiale, laissent présager un troisième trimestre faible », selon le ministre de l’Economie, Robert Habeck (13 septembre 2023).
Le risque est élevé que l’Allemagne soit déjà en récession, ce qui hypothèque sérieusement les perspectives de croissance pour le reste de la zone euro. Au mieux, la reprise économique, probablement poussive, ne devrait se matérialiser qu’en 2024. En Chine, l’économie montre également des signes de fragilité. Tant que les ménages chinois privilégient l’épargne au détriment de la consommation, l’économie va avoir du mal à clore la période tourmentée de janvier 2020 à janvier 2022. Nous sommes entrés dans un environnement économique mondial récessionniste qui succède à l’euphorie post-Covid. Cela ne signifie en aucun cas que la récession (qui correspond à deux trimestres consécutifs de contraction du PIB) soit acquise. Mais il est certain que l’hypothèse post-Covid d’une croissance élevée soutenue par les innovations n’est plus crédible à court terme.
Heureusement, il y a des raisons d’être optimiste. L’économie américaine se porte bien, même si elle devrait ralentir en 2024. Il n’y a pas de récession en vue. Cela s’explique à la fois par une consommation intérieure résiliente malgré l’inflation et la bonne tenue du marché de l’immobilier en raison d’un changement de régime. Contrairement au passé où les taux d’emprunt étaient habituellement variables, ils sont désormais fixes et à des niveaux bien plus bas ce qui limite le risque de perturbations lié à la hausse des taux directeurs par la Fed. S’ajoutent à cela des épiphénomènes, comme l’effet Taylor Swift. Selon une étude publiée par la Réserve Fédérale de Philadelphie le 12 juillet 2023, la tournée à travers les Etats-Unis de la jeune chanteuse américaine de 34 ans, qui est présentée comme sans précédent (chiffre d’affaires record à un milliard de dollars), a induit des retombées pour le secteur du tourisme et de l’hôtellerie qui vont soutenir la croissance américaine cette année.
Le mécanisme économique est le suivant : les concerts ont entraîné une hausse de la demande agrégée, ce qui a stimulé la production agrégée (dans le domaine des biens culturels, par exemple), et fait croître le taux d’emploi à court terme. Un bel exemple de mécanisme vertueux.
Le pays du soleil levant
Le Japon est la bonne surprise de cette année, à la fois en termes de performance économique et boursière. Nous anticipons que le marché actions japonais va continuer d’afficher une bonne performance dans les mois à venir. Cela s’explique par deux principaux facteurs : (1) la vigueur de l’économie et (2) les changements apportés aux règles d’investissement au niveau national qui facilitent le retour des investisseurs étrangers. Le Japon est la seule grande économie développée dont les perspectives de croissance restent solides alors que dans le reste du monde, le ralentissement est en cours. Les entreprises sont également en bonne santé : peu endettées, avec des flux de trésorerie importants, des niveaux de valorisation boursière attractifs et une compétitivité soutenue par la faiblesse de la monnaie locale, le yen, même si celle-ci pourrait ne pas durer. La combinaison entre une appétence accrue des investisseurs étrangers et un dynamisme économique qui tranche avec la morosité européenne devrait pousser la croissance des bénéfices par action des entreprises nippones fortement à la hausse, avec une prévision de 7,2% cette année.
Un œil sur les pays émergents
Sans surprise, c’est lorsque les grandes économies développées ne vont pas toutes bien qu’on regarde du côté des pays émergents, en particulier la dette en devise locale. Mais tous les pays émergents ne se valent pas. Ceux qui ont réussi à faire reculer le plus l’inflation et donc à avoir une marge de manœuvre pour baisser les taux d’intérêt et qui ont en parallèle une monnaie sous-évaluée sont les mieux positionnés pour faire face aux vents contraires qui arrivent (le Brésil et le Chili, en particulier).
L'essentiel à retenir :
- Ralentissement à l’œuvre dans les principales économies développées à l’exception notable du Japon
- Préférence pour les actions japonaises
- La dette des pays émergents en monnaies locales devrait surperformer.
Pour accéder au site, cliquez ICI.