Nos convictions pour les trois prochains mois.
Ce n'est pas une récession mondiale. En revanche, le ralentissement économique à l'œuvre, n'augure rien de bon pour les prochains mois, y compris pour l'économie américaine qui parvenait encore à résister aux vents contraires. Pour les épargnants, tout n'est pas négatif heureusement.
C'est compliqué. C’est ainsi qu’on pourrait résumer la situation économique actuelle. Même l’économie américaine, qui était jusqu’à présente résiliente, s’essouffle. Heureusement pour les épargnants, il y a encore quelques poches de résilience en bourse.
C'est mauvais
Il y a peu de raisons d’être positif concernant la conjoncture économique à court terme. Au-delà des indicateurs macroéconomiques qui, dans les pays développés, sont pour la plupart mauvais, ce qui est frappant, c’est le changement de discours des entreprises. Avant l’été, les entreprises étaient prudemment optimistes pour l’avenir. Ce n’est plus le cas désormais. Elles nous préparent à un monde de faible croissance. Autrement dit, à un retour à la période d’avant-Covid.
Il y a quelques mois de cela, l’économie américaine faisait preuve d’une résistance impressionnante. C’est désormais un peu moins le cas. Les enquêtes sectorielles pointent vers une baisse de la consommation de services, qui représentent 70% de l’activité économique du pays, tandis que les investissements non résidentiels risquent de chuter du fait de la remontée des taux d’intérêt et des difficultés naissantes sur le marché du travail. De ce côté-ci de l’Atlantique, le panorama est encore moins réjouissant. Le processus de désinflation se poursuit mais les effets négatifs du resserrement de la politique monétaire sont perceptibles de manière de plus en plus aigües, en particulier sur les dépenses de consommation. Le scénario de la stagflation (croissance en berne et inflation élevée) se précise.
La Chine est la seule bonne nouvelle des dernières semaines. La situation sur place est toujours complexe, évidemment. Toutefois, il y a quelques signaux faibles positifs. Afin de compenser la chute du marché de l’immobilier, le gouvernement a réussi à canaliser le crédit vers le secteur manufacturier qui peut servir de relais de croissance. C’est cependant une solution de court terme. Il faudra à long terme trouver un moyen pour restaurer la confiance des consommateurs et épurer le secteur immobilier. Avec un tel panorama économique, on aurait tendance à considérer que ce n’est pas le bon moment pour être exposé aux marchés actions. Ce n’est pas totalement vrai. Heureusement, il y a des poches de résilience en bourse.
Avez-vous pensé au Japon ?
Sans surprise, le Japon est méconnu des épargnants français. Géographiquement, l’archipel est éloigné et, à l’exception de quelques grandes entreprises de taille mondiale comme Toyota, Honda et Nissan, bien peu de sociétés japonaises sont connues du grand public. Pourtant, dans un environnement boursier qui est difficile à appréhender à court terme, le Japon représente une opportunité intéressante de diversification de son portefeuille d’investissement. D’ailleurs, les investisseurs internationaux ne s’y sont pas trompés puisque les flux entrants sur le marché actions du pays sont à leur plus haut niveau depuis dix ans. Cela s’explique par trois facteurs principaux : (1) des perspectives de croissance économiques solides avec une hausse du PIB de 1,5% prévue l’an prochain, (2) la bonne santé des entreprises de l’archipel qui bénéficient d’une trésorerie importante avec un ratio trésorerie/chiffre d’affaires qui est à son plus haut niveau depuis un demi-siècle et (3) le bond attendu de la consommation des ménages japonais qui est soutenue par l’augmentation des salaires et un niveau d’épargne à un point haut de 22 ans. C’est un cocktail idéal pour favoriser une bonne performance du marché actions japonais sur la durée. Nous nous attendons à une performance annuelle supérieure à 10% des actions japonaises au cours des cinq années à venir – soit plus que la performance attendue des actions américaines. La particularité des actions japonaises, c’est qu’elles offrent une performance proche de celle des actions émergentes en dollars sans la volatilité et le risque élevé qui sont généralement associés. Évidemment, certains secteurs vont s’en sortir mieux que d’autres. Nous prévoyons que les grands gagnants de l’essor économique japonais seront les secteurs des équipements industriels, de l’automatisation industrielle, du logement et de la distribution. Le secteur bancaire devrait également afficher une performance honorable. Mais le plus gros de la hausse est certainement déjà derrière nous. Les années 2023 et 2024 seront très certainement les années du Japon en bourse.
Le retour de la sélectivité
Outre le cas très spécifique du Japon, deux segments du marché actions semblent tirer leur épingle du jeu : les actions « value » et le secteur de l’énergie. Les actions « value » sont des actions qui sont sous-valorisées par le marché. Elles peuvent offrir un potentiel de revalorisation significatif. C’est souvent le cas de certains secteurs comme la production et la distribution de l’eau, le gaz, l’électricité ou encore les télécoms. Traditionnellement, les actions « value » affichent plutôt une bonne performance pendant les périodes de hausse du loyer de l’argent et de rendements élevés, comme c’est le cas actuellement. L’énergie est certainement le secteur « value » qui suscite le plus l’intérêt des investisseurs depuis quelques mois du fait de la forte remontée des cours du baril de pétrole (+40% en trois mois). C’est l’un des segments en bourse qui affiche la valorisation la plus basse avec un ratio cours/bénéfice de seulement 10x. C’est très attrayant. Le secteur pourrait continuer de retrouver des couleurs si le prix du pétrole reste haut (proche de 100 dollars le baril). C’est probable. Même dans des marchés actions qui sont difficiles à naviguer en ce moment, il y a toujours des opportunités, à condition d’être probablement beaucoup plus sélectif que d’habitude.
L'essentiel à retenir :
- Le ralentissement économique s’accentue, en particulier aux États-Unis qui étaient encore un peu préservé de la baisse de l’activité.
- Revenir sur les actions peut être intéressant, à condition d’être très sélectif.
- Bien que méconnu du grand public, le marché boursier japonais présente un potentiel intéressant.
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