[Pictet] L’Amérique crée des emplois et le chômage y retrouve ses plus bas.
Les ménages ont accumulé une épargne pléthorique et les entrepreneurs demeurent optimistes partout dans le monde. Quant à la croissance bénéficiaire attendue pour 2022, elle reste proche de 10%.
Mais est-ce le monde d’hier?
La guerre en Ukraine fait rage. L’Europe songe à se priver de l’énergie russe, au risque d’une récession. Les prix des matières premières explosent, comprimant les marges des entreprises et les budgets des ménages. Et la Réserve fédérale américaine se prépare à l’un des resserrements les plus rapides de son histoire.
La Fed sort de sa réserve : prudence face aux actions américaines
Après 25 ans d’un calme rassurant, l’inflation américaine est entrée en éruption et la Réserve fédérale s’inquiète. En l’espace de quelques mois, la plupart de ses gouverneurs ont changé de ton. L’inflation devait être temporaire, tout allait rentrer dans l’ordre. Mais la succession de chocs inflationnistes, confinements, puis guerre en Ukraine, et confinements de nouveau en Chine, lui font craindre un dérapage plus durable des prix. L’épargne accumulée pendant la crise sanitaire et les hausses de salaires permettent aux ménages de payer plus cher, et entretiennent ainsi l’inflation.
La Fed devra donc resserrer sa politique monétaire rapidement, au risque de casser la croissance. Les révisions à la baisse des attentes bénéficiaires ont d’ailleurs commencé. Cela nous rend prudent face aux actions américaines.
La Chine a perdu une bataille, mais pas la guerre
Les chiffres économiques chinois sont plutôt bons. Mais nous le savons, le variant Omicron est en train d’envahir le pays et la politique zéro covid n’a guère plus d’efficacité que la ligne Maginot. Le pays va donc faire face à une crise sanitaire majeure.
Pour autant, nous surpondérons toujours les actions chinoises. Pourquoi ? D’une part, rappelons-nous qu’en 2020, les investisseurs n’avaient pas attendu la fin des confinements pour réinvestir dans les actions. Ce sont les politiques volontaristes des autorités mondiales qui ont poussé les marchés. Et justement, la politique monétaire chinoise est en train de s’assouplir, le gouvernement encourage de nouveau les dépenses d’infrastructures et plusieurs villes ont déjà commencé à assouplir les règles pour les acheteurs immobiliers. D’autre part, à l’instar des marchés mondiaux en mars 2020, les bourses chinoises sont très bon marché.
Sécurité, énergies propres, luxe et marques de prestige
Les tensions inflationnistes et géopolitiques renforcent des mégatendances économiques déjà présentes.
Le cyberespace constitue un enjeu crucial de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. En mars, le FBI a annoncé que des pirates informatiques russes menaçaient au moins cinq grandes entreprises du secteur de l’énergie. L’administration travaille avec elles pour les aider à consolider leurs défenses. Le gouvernement demande aussi aux entreprises et aux particuliers d’abandonner le logiciel antivirus russe Kaspersky, de crainte d’ingérence de Moscou. L’Australie a signé ce même mois un programme record de renforcement de sa cybersécurité. Les entreprises de cybersécurité vont donc avoir du pain sur la planche.
Les énergies propres étaient soutenues par deux tendances fortes : l’inquiétude grandissante quant au réchauffement climatique et la baisse drastique des prix des énergies renouvelables. Le besoin d’indépendance énergétique, très largement oublié en Europe ces dernières années, vient les renforcer.
Enfin, les marques de prestige et le luxe ont une excellente capacité à se mouvoir en contexte inflationniste. D’une part, elles peuvent aisément augmenter leurs prix. D’autre part, leurs coûts en matières premières sont généralement faibles.
L'essentiel à retenir
- Baisse de notre allocation en actions américaines
- Toujours à l’affût des valeurs chinoises
- Sécurité, énergies propres et luxe, un trio adapté aux défis de 2022
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