Aurélie de Barochez, responsable de l'intégration ESG chez Groupama AM, revient sur l'offre d'investissement responsable de la société de gestion.
Quelles est la stratégie de développement de Groupama Asset Management, en matière de finance durable ?
Dès le début des années 2000, Groupama AM a mis en avant le développement de la finance durable en lançant trois fonds ISR et un pôle unique d’analyse. Depuis 2015, nous connaissons une phase d’accélération : nous avons fusionné les métiers d’analystes ESG et d’analystes financiers et nous avons créé une Direction de la Stratégie ESG. En mettant en place une telle direction, rattachée à notre Direction Générale, Groupama AM a fait un choix clair de mettre la finance durable au cœur de son développement.
Aujourd’hui, nos produits et stratégies de gestion prenant en compte des critères ESG représentent déjà plus de 30 milliards d’euros d’encours soit environ un tiers de nos actifs sous gestion totaux. Et nous avons pour objectif de mettre en place des processus ESG sur une majorité de nos encours d’ici l’année prochaine et de continuer à progresser.
Notre offre ESG se décline en quatre axes : l’intégration ESG, à laquelle nous souhaitons rendre éligible, rattacher une partie importante de nos gammes de fonds, nos fonds historiques ISR, et nos nouvelles offres de fonds thématique et d’impact.
Comment mettez-vous en œuvre l’intégration des enjeux ESG ?
Groupama Asset Management a développé une démarche innovante en ayant choisi dès 2006, de combiner analyse ESG et financière au sein d’une même équipe de recherche, puis en décidant dix ans plus tard d’aller plus loin en fusionnant les deux métiers. Une telle organisation, unique dans le monde de la gestion d’actifs, garantit une véritable compréhension des enjeux financiers et extra-financiers. Un des fondements de notre approche est d’identifier les critères ESG à analyser selon l’impact de trois
grandes transitions sur les modèles d’affaires des entreprises : les transitions environnementale, numérique et démographique. La prise en compte des critères ESG matériels, c’est-à-dire impactant notre analyse financière, nous permet de comprendre comment les entreprises s’adaptent aux enjeux actuels de transformation de la société.
Notre démarche repose sur la transmission des travaux réalisés par nos équipes de recherche auprès des équipes de gestion et sur la formalisation de la prise en compte des critères ESG dans nos décisions d’investissement. Notre rigueur méthodologique nous amène à être particulièrement exigeants sur la disponibilité et la qualité des données qui servent de base à l’intégration ESG. Par conséquent, nous déployons l’intégration ESG exclusivement sur les stratégies de gestion permettant une mesure et un reporting à la fois fiables et qualitatifs de la prise en compte des critères ESG.
A titre d’exemple, nous avons établi une liste de « Grands Risques » ESG recensant les valeurs qui font face à des controverses graves ou qui ont une gouvernance très faible. Cette liste est établie par le département de la Recherche. Les entrées et sorties sont ensuite validées par un Comité des Grands Risques ESG, présidé par notre Directeur des risques. Les gérants reçoivent, dans leurs outils de gestion, des alertes lors de l’entrée de valeurs sur cette liste.
Où en êtes-vous sur le plan de la labellisation ISR ?
Nous gérons aujourd’hui 2 milliards d’euros d’actifs en solutions ISR via nos trois fonds historiques, qui sont gérés selon une approche « best-in-class »: Euro Capital Durable, investi en actions,
Groupama Crédit Euro ISR, investi en obligations d’entreprise et Groupama Etat Euro ISR, investi en obligations d’Etat. Les deux premiers fonds sont labellisés, les fonds investis majoritairement en obligations souveraines n’étant pas éligibles au Label ISR public.
Nous avons fait le choix de demander systématiquement la labellisation pour nos fonds ISR, thématiques et
d’impact. C’est une démarche essentielle pour nous, qui permet de renforcer la crédibilité de nos fonds,
en particulier à destination de nos clients particuliers. La labélisation est la seule façon de garantir à
l’investisseur qu’un tiers indépendant est venu contrôler la qualité des processus mis en place.
La crédibilité de l’investissement responsable passe donc aussi par la communication de données ?
Absolument. L’enjeu est de démontrer les conséquences ou l’impact ESG de nos choix d’investissement. Ainsi, nous avons souhaité mettre l’accent sur l’information et l’accompagnement de nos
clients, notamment particuliers, en faisant évoluer les reportings ESG de nos fonds. La granularité et la pertinence des indicateurs utilisés sont de plus en plus importantes aux yeux des investisseurs, car ils permettent de montrer concrètement le résultat de leurs investissements durables, en explicitant la performance ESG créée.
Davantage d’informations ESG sont ainsi accessibles dans nos reportings, allant de la définition des univers d’investissement éligibles aux mesures d’impact ex-post, grâce à l’intégration de cinq indicateurs très précis relatifs aux valeurs en portefeuille pour nos fonds ISR : l’empreinte carbone, le nombre d’heures moyen de formation par salarié, l’évolution du pourcentage de création d’emploi, le taux d’indépendance des conseils d’administration et, enfin, le pourcentage d’entreprises qui mettent en œuvre une politique des droits de l’Homme. Nous avons également développé des maquettes de reporting spécifiques pour chacun de nos fonds thématique et d’impact afin de montrer à l’investisseur la performance environnementale et sociale de ses investissements sur les thèmes retenus pour chacun des fonds.
Voyez-vous une évolution notable dans les attentes des investisseurs ?
La prise de conscience générale est évidemment salutaire. L’intégration ESG et plus globalement la Finance Durable sont peu à peu devenus des enjeux de premier plan. Bien sûr, nous pouvons
observer desspécificités en fonction des typologies d’investisseurs. Les acteurs institutionnels ont davantage tendance à se diriger vers l’intégration ESG ou vers des processus best-in-class quand les investisseurs particuliers privilégient les fonds thématiques ou d’impact.
Quelle est votre approche en matière de fonds thématiques et de fonds d’impact ?
Nous venons de lancer notre premier fonds thématique, dont l’objectif est d’investir dans des entreprises développant des produits et solutions améliorant et préservant nos conditions de vie.
Pour ce fonds, G Fund Future for Generations, les dimensions « Environnement » et « Sociétale » sont particulièrement importantes. L’équipe de gestion sélectionne des valeurs ayant un impact positif sur les enjeux climatiques et environnementaux, des valeurs spécialisées dans la consommation durable ou proposant des innovations significatives en matière de santé infantile et de traitement des maladies rares. Cette sélection s’appuie sur une forte coopération entre les équipes d’analyse et de gestion.
Enfin, concernant l’investissement d’impact, nous avons choisi de lancer un fonds Green Bonds, G FUND GLOBAL GREEN BONDS, fondé, lui aussi, sur une haute sélectivité des titres. Investir dans des obligations vertes nécessite de fortes capacités de recherche spécifique en interne. Nous menons une due diligence rigoureuse permettant d’une part de valider la qualité environnementale des projets financés via ces émissions obligataires et d’autre part d’en mesurer l’impact. Notre analyse porte sur quatre piliers : les caractéristiques de l’émission, la performance ESG de l’émetteur, la qualité environnementale des projets financés et la transparence accompagnant cette émission. Pour ces deux fonds, notre volonté a été de définir des thèmes qui répondent à certains des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, et de pouvoir démontrer notre contribution à ceux-ci. Ainsi, notre fonds G FUND FUTURE FOR GENERATIONS répond à neuf ODD quand G FUND GLOBAL GREEN BONDS en répond à six.
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