Édito :
Décidément, il n'y a vraiment plus de saisons. Tenez ! La semaine dernière, c'était Noël avant l'heure sur les marchés. Non que le Père Powell se soit montré accommodant. Loin de là. Il s'est juste contenté de garder, une nouvelle fois, ses taux en éventail. C'est peut-être un détail pour le quidam mais pour les investisseurs ça voulait dire beaucoup : fini la hausse des taux, la strangulation monétaire, l'asphyxie économique ! Là-bas brillent la paix et la phase d'assouplissement… Ah, ces investisseurs toujours prompts à mettre la charrue avant les bœufs et l'âne avant la carotte. Certes, au-delà de la Fed, ils avaient d'autres motifs de réjouissance. À commencer par un marché du travail qui fait moins le malin avec seulement 150 000 créations de postes en octobre. Mais il convient de ne pas trop s'emballer. Car Père Powell n'a pas totalement fermé la porte à un nouveau serrage de boulons. Surtout si, comme la semaine passée, les rendements obligataires sont absorbés dans la contemplation de leurs pieds et ne facilitent pas le travail de sape économique de la Fed. Dans le contexte actuel, il ne faut jurer de rien. Et on peut légitimement s'interroger sur le débordement d'enthousiasme des intervenants à l'idée de porter un corset monétaire pour une période indéterminée encore.
Faute de mieux, ils auraient assurément plus matière à se réjouir de l'horizon monétaire de ce côté-ci de l'Atlantique. Car, ici, l'anorexie galopante de l'économie ne lui permettra bientôt plus de porter quoi que ce soit. De sorte qu'une aube accommodante pourrait se lever plus vite que prévu sur le Vieux continent. Preuve en est, avec un IPC tombé à 2,9 % en octobre sur un an, on se croirait presque sorti d'affaire. Enfin, pas tout à fait, étant donné que le "core" lévite toujours à 4,2 % (annualisé). Mais quand même. En matière d’inhumation de croissance, on a ce qui se fait de mieux à Francfort. La crème de la crème. Le "round up" monétaire : une fois vaporisé plus rien ne pousse… pas même le PIB ! Alors, en attendant que l'inflation "made in US" regagne le plancher des vaches (2 %), la perspective d'une Europe plus accommodante d'ici six à neuf mois est davantage un motif crédible d'enthousiasme.