L’hétérogénéité de l’inflation complique la tâche des banques centrales. La résilience économique actuelle s’accompagne d‘une inflation qui reste élevée mais avec des tendances très hétérogènes d’un secteur et d’un pays à l’autre. Cela laisse place à de larges divergences d’opinions sur l’interprétation des données, y compris au sein des banques centrales.
Le tableau dressé par les indicateurs économiques récents cadre bien avec le constat proposé par le président de la Fed Jerome Powell il y a deux semaines : une économie résiliente et une désinflation naissante mais encore largement insuffisante. C’est sur ce dernier point que les observateurs s’interrogent désormais le plus. En données lissées sur six mois, on voit que la désinflation a été rapide dans le secteur des biens, même si le niveau d’inflation reste supérieur à celui d’avant Covid. Du côté des services (hors loyers), mesure souvent mentionnée par Jerome Powell, la désinflation reste encore très modeste. Enfin, sur les loyers (43% du core CPI), on sait déjà que les chiffres du CPI vont rebaisser progressivement en cours d’année et en 2024.
La nette atténuation des pressions sur les prix de l’énergie en Europe pourrait par exemple finir par faire rebaisser l’inflation des biens manufacturés en 2023, si on est optimiste.
FORTES DIVERGENCES AU SEIN DES BANQUES CENTRALES
En Europe, l’inflation sous-jacente reste aussi assez forte mais sa décomposition est bien différente de celle des Etats-Unis, et probablement aussi assez différente d’un pays européen à l’autre. L’INSEE publiant des données désaisonnalisées, nous pouvons calculer pour la France les tendances récentes sur 6 mois de certains composants. Elles montrent qu’au contraire des Etats-Unis l’inflation résiliente est dans le secteur des biens, alors que l’inflation des services a été divisée par deux depuis l’été. Outre la forte hausse des prix de l’alimentaire, il semble donc qu’en Europe le principal problème se situe pour l’instant dans la transmission du choc énergétique de 2022 aux prix des biens manufacturés.
Le débat sur l’interprétation des chiffres d’inflation reste donc très ouvert. La nette atténuation des pressions sur les prix de l’énergie en Europe pourrait par exemple finir par faire rebaisser l’inflation des biens manufacturés en 2023, si on est optimiste. Si on est pessimiste, on pourra craindre au contraire une contamination au secteurs des services, ce que suggère certaines enquêtes qualitatives auprès des entreprises. Devant ces incertitudes, on ne doit pas s’étonner des fortes divergences qui s’expriment à l’intérieur des banques centrales. Au total, les nouvelles anticipations du marché – encore +50 à +75 points de base par la Fed, et environ +125 points de base par la BCE cette année – semblent bien correspondre au compromis actuel entre colombes et faucons des banques centrales. A court terme, la hausse des rendements obligataires devrait donc rester limitée.
Dans les fonds flexibles globaux il faut maintenir une exposition assez élevée au marché des actions, mais avec quelques couvertures optionnelles. Il faut privilégier les thèmes de la transition énergétique (panier de 40 valeurs équipondérées), de la baisse du risque européen (petites valeurs) et des marchés émergents. Il faut continuer à engranger un rendement monétaire croissant en gérant très activement la partie cash des portefeuilles.
Par François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management
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