Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM, livre une analyse prudente sur la situation des émergents et ses choix en la matière.
Est-il temps de revenir sur les émergents?
Il faut faire la différence entre les classes d’actifs.
En ce qui concerne les actions émergentes, nous réduisons aujourd’hui notre position à neutre, malgré une sous-valorisation de l’ordre de 30%. Nous pensons que la FED sera plus offensive que le marché ne le croit. Une politique moins accommodante de la FED fera monter le dollar et renchérira le coût de financement des entreprises émergentes, souvent endettées en dollars US. De plus, un dollar fort à tendance à faire baisser les matières premières, sur lesquelles les entreprises émergentes sont très exposées.
Et la Chine dans tout cela ?
Les indicateurs en Chine ont remonté en début d’année mais ils lâchent du terrain depuis. Le rebond du cycle pourrait être de plus courte durée qu’anticipé auparavant. Nous restons donc attentistes sur les actions chinoises, malgré une sous valorisation manifeste.
Quelle est votre stratégie sur la dette émergente ?
Notre stratégie sur la dette émergente en dollars est liée à la recherche de rendement.
La croissance mondiale est structurellement faible. Si l’inflation ne devrait plus baisser, elle ne remontera guère. La politique de taux bas de la BCE va donc durer et on ne trouvera pas de rendement sur les obligations classiques avant longtemps.
Si la hausse des taux de la FED et les doutes sur la croissance chinoise nous rendent attentistes à l’écart des devises émergentes, aucun de ces facteurs ne nous semble mettre en péril la capacité de remboursement des pays émergents. Le rendement de 5,84% offert par la dette émergente en dollars US nous parait donc attractif.
Autre actif intéressant que nous allouons de façon structurelle : la dette émergente d’entreprise qui offre 5,60% de rendement.
Quelles sont les régions que vous privilégiez ?
Si nous sommes neutres sur les actions émergentes dans leur ensemble, il y a néanmoins des pays que nous surpondérons.
Nous privilégions une surpondération structurelle sur l’Inde parce que le potentiel de croissance est élevé.
Nous sommes également positifs sur la Russie, ou la situation macroéconomique se stabilise progressivement. Nous nous attendons de plus à un assouplissement monétaire car l’inflation semble contenue.
Quant au Brésil, nous avons conscience que les réformes vont être lentes et que la situation restera préoccupante. Nous adoptons toutefois une position neutre sur le pays, plutôt que négative. Si l’environnement est difficile, certains secteurs (télécoms et financières) dégagent une croissance bénéficiaire intéressante. Nous privilégions sur ce pays une approche de type « stop picking ».
EF/FL
Voir aussi
(1) voir notre article Pictet : Le marché indien conserve notre préférence