Par Laurent Trulès et Tristan Fava, co-gérants du fonds Dorval European Climate Initiative.
Q1 : Pourquoi avoir choisi l’Europe pour prendre en compte l’urgence climatique ?
L.T. : Nous avons fait le constat que l’Europe disposait des 4 conditions nécessaires et préalables à la réussite d’une transition bas carbone :
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un cadre réglementaire offrant de la visibilité à l’ensemble du secteur et qui permet une planification écologique pour l’ensemble des acteurs qui interviennent sur ce marché,
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un marché permettant la mobilisation d’entreprises qui développent des solutions climatiques et viables économiquement,
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un environnement de prix permettant de mobiliser le consommateur vers une culture de la consommation bas carbone,
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des conditions de marché propices à cette transition écologique.
En effet, l’Europe a pour ambition d’être le 1er continent neutre en carbone d’ici 2050 avec un objectif de moyen terme de réduction de 55 % de ses émissions de carbone d’ici 2030 par rapport à 1990. Ce cadre réglementaire a mobilisé l’ensemble des Etats au travers de plans de relance et notamment d’infrastructures. En Europe, plus de 4 000 milliards d’euros d’investissements seront mobilisés dans les 10 prochaines années (contre 1 600 milliards de dollars aux Etats-Unis sur la même période), dont plus de la moitié via de l’épargne privée sur des technologies très diversifiées : mobilités douces, infrastructures et énergies renouvelables mais également réseaux de chaleur, efficacité énergétique ou encore de capture de CO2. Cette mobilisation pour la transition énergétique se traduit aussi par une réglementation extra-financière largement dominée par l’Europe, qui représente aujourd’hui plus des 2/3 des politiques extra-financières, loin devant l’Asie, les Etats-Unis et le reste du monde.
Q2 : Quels sont les critères financiers et extra-financiers pris en compte dans l’analyse fondamentale du fonds ?
T.F. : Tout d’abord, notre fonds est doublement labellisé ISR[i] et Greenfin[ii], et article 9 au sens de la réglementation SFDR[iii]. Il oriente 100 % de ses investissements sur des émetteurs considérés comme durables. Notre processus d’investissement s’appuie sur le cadre strict du label Greenfin, à travers les 8 éco-activités : énergies vertes, adaptation au changement climatique, économie circulaire, agriculture et forêts, écoconstruction, technologies de l’information, industries éco-efficientes, transport propre.
Notre méthode d’investissement[iv] se décline en 4 étapes nous permettant de passer d’un univers de 1 000 valeurs à un portefeuille compris entre 40 et 50 convictions :
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Nous définissons notre allocation entre ces 8 thématiques, en nous appuyant sur les indicateurs macroéconomiques, mais également dans un processus de dialogue permanent avec François-Xavier Chauchat et Gustavo Horenstein, économistes chez Dorval AM.
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Nous identifions notre univers éligible à partir d’un univers européen global auquel nous appliquons nos différentes exigences : celles du label ISR, du label Greenfin et celles propres à Dorval AM en suivant notre politique d’exclusioniv d’entreprises, telles que les énergies fossiles ou celles que nous jugeons non durables au sens de la réglementation SFDR.
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Les différents acteurs, sur la base de cet univers éligible, sont déterminés à travers 3 grandes exigences également : une exigence climatique à travers ce que l’on appelle l’intensité verte du chiffre d’affaires des entreprises sélectionnées, une exigence extra-financière en capitalisant sur le travail de la méthodologie propriétaireiv de Dorval AM qui place la gouvernance de l’entreprise en son centre, et enfin une exigence financière où nous évaluons la qualité du management, l’avantage compétitif de l’entreprise mais également ses perspectives de croissance par rapport à sa valorisation.
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Lors de la construction du portefeuille, nous contrôlons en continu l’alignement climatique du fonds avec l’Accord de Paris.
La pondération des valeurs au sein du portefeuille est définie par une note synthétique, qui, à 70 %, dépend de critères extra-financiers. Cette pondération est aussi encadrée par la politique de gestion des controversesiv de Dorval AM.
Le suivi des entreprises est effectué via environ 200 entretiens par an avec les équipes de management de notre univers d’investissement et un entretien a minima annuel avec l’ensemble des sociétés présentes dans le portefeuille. Ce processus d’investissement nous permet d’afficher un alignement à la taxonomie aussi bien sur le chiffre d’affaires, les dépenses d’investissement (CAPEX) ou encore les dépenses d’opérations (OPEX) au 30 décembre 2022 de plus de 21 %, très élevé par rapport à la moyenne du marché.
Q3 : Quel est votre sentiment des marchés actions et comment la thématique de la transition énergétique peut tirer son épingle du jeu ?
L.T. : Ces trois dernières années, les valeurs vertes ont enregistré une baisse importante de leurs cours de bourse face à une conjonction d’éléments négatifs : hausse des taux d’intérêt, perturbations sur la chaîne de valeur notamment post-Covid ou encore en raison de lourdeurs administratives. Par rapport à janvier 2021, les multiples des entreprises (EV/EBITDA[v] à 12 mois) du secteur des énergies renouvelables ont baissé de plus de 75 %.
Cette baisse des multiples ne tient pas compte selon nous des particularités et des forces des fondamentaux et perspectives de chaque société. Nous avons la conviction que les acteurs de la transition énergétique disposent d’atouts qui se sont nettement appréciés par rapport à la situation de marché en 2020 et qui sont pour autant ignorés par le marché pour le moment :
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un pouvoir de fixation des prix supérieur à ce qui était attendu : aujourd’hui, les prix de vente de l’électricité ont augmenté de plus de 70 % par rapport à la période pré-Covid,
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cette situation permet d’afficher un retour sur investissement moyen à 2 chiffres,
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et d’entrevoir des perspectives de rentabilité en forte amélioration.
Si l'augmentation des taux a bien eu un impact en absolu sur le coût du capital des sociétés du secteur, les perspectives de rentabilité du secteur sont bien supérieures à ce qu'elles étaient en 2020. La croissance attendue des bénéfices des sociétés en portefeuille sur 2024 est de +14 %, bien supérieure à la moyenne des entreprises européennes. Nous sommes donc persuadés que cette thématique de la transition énergétique est opportune pour tout investisseur sur un horizon de placement de 3 à 5 ans.
Nos trois principales convictions sont centrées sur 3 thématiques qui ont la particularité de bénéficier de tendances de long terme :
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la thématique des énergies vertes, 1re conviction en portefeuille pour 21 % de l’actif du fonds,
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les technologie de l’information (semi-conducteurs notamment) pour 18 % du fonds,
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et les industries éco-efficientes pour 16% de l’actif net.
Concernant la performance du fonds lancé fin 2021, nous sommes revenus à des valorisations que les sociétés n’avaient pas connues depuis 2028-2019, avant les plans européens ou américains de relance, avec des perspectives plus fortes qu’elles ne l’étaient à cette période. Le processus de gestion a également montré toute sa pertinence, au regard de la performance relative de sa catégorie. Au 31/10/2023, le fonds (part R) dégage une surperformance de près de 4 points depuis ce début d’année (notations Quantalys[vi] et Morningstar[vii] dans les catégories ‘Actions sectorielles environnement’ et ‘Actions secteur écologie’) et, au regard de fonds comparables européens, de 7 à 10 points selon le peer group en Europe.
Sur un plan qualitatif, notre fonds a obtenu les 5 étoiles Quantalys à fin octobre 2023 et a été classé N°1 par Epsor en 2022 et en 2023 parmi plus de 800 fonds d’investissement intégrant au mieux les enjeux environnementaux. Et il vient d’être classé N°1 de la catégorie « Actions à impact environnemental » lors des Trophées de la Finance responsable 2023 décernés par le magazine Investissement Conseils.
Q4 : Pouvez-vous nous donner des exemples de valeurs dans le portefeuille ?
T.F. : Dans la thématique des énergies vertes, Solaria est leader dans le développement et la production d'énergie solaire en Europe du Sud avec l'objectif de contribuer activement à la décarbonation. La société souhaite atteindre la neutralité carbone sur ses émissions directes en 2030 et travaille à la réduction de son intensité carbone de 50 % d’ici 2025. Elle compense ses propres émissions résiduelles avec des projets de reforestation certifiés. Solaria a contribué, via ses solutions, à éviter 363 000 tonnes de CO2 sur l’année 2022, soit l’équivalent de la consommation énergétique de 428 000 personnes.
Nous sommes très positifs sur cette société qui affiche un environnement prix très favorable et un taux de rentabilité interne (TRI) de ses projets actualisé à 16 % de TRI, 4 points supérieurs au TRI de 12 % communiqué par la société en 2020.
La société a indiqué avoir sécurisé 121 % de ses besoins de financement pour se développer dans les 3 prochaines années et atteindre d’ici 2025 une capacité de production renouvelable supérieure à 6,2 gigawatts. Nous pensons que le marché devrait s’ajuster et que la valorisation de Solaria est beaucoup trop faible par rapport aux perspectives de croissance qu’elle démontre.
Pour la thématique des technologies et de l’information en faveur de la lutte contre le changement climatique, Infineon est le plus grand fabricant européen de puces électroniques et l’un des premiers dans le monde. La société développe des semi-conducteurs au cœur de solutions utilisées dans l’électrification de nos sociétés, que ce soit au travers des réseaux intelligents, de la production d’énergie ou dans les transports. Les processus de fabrication d’Infineon sont plus efficaces que la moyenne mondiale de l’industrie des semi-conducteurs avec une utilisation inférieure de 53 % sur l’électricité, 30 % sur les ressources en eau et 69 % de déchets en moins. Les produits Infineon permettent chaque année de réduire les émissions d'environ 100 millions de tonnes de CO2.
Nous pensons que cette société souffre d’une décote injustifiée et que sa position de leader n’est pas suffisamment valorisée au regard de ses perspectives de croissance.
Le fonds Dorval European Climate Initiative est exposé aux risques spécifiques suivants : risque lié à la gestion discrétionnaire, risque de perte en capital, risque actions, risque de change, risque de crédit, risque de taux, risque lié à l’usage d’instruments dérivés, risque de durabilité. Le capital investi n'est pas garanti.
Dorval European Climate Initiative est classifié « catégorie 4 » sur l’échelle de rendement/risque.
Indicateur de risque et de rendement : 1 correspond à un risque faible mais non nul, 7 correspond au risque le plus élevé. A risque plus faible, rendement potentiellement plus faible, inversement à risque plus élevé, rendement potentiellement plus élevé
Les opinions et exemples cités reposent sur la base d’analyses propres à Dorval AM en date du 08/11/2023. Ils ne constituent pas un engagement ou une garantie. Cette dernière se réserve la possibilité de faire évoluer ses analyses.
Les chiffres cités ont trait aux années écoulées et les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures. Les références à un classement, un label, un prix et/ou à une notation ne préjugent pas des résultats futurs de ces derniers/du fonds ou du gestionnaire.
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[i] Label ISR : un placement labellisé ISR vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises qui contribuent au développement durable dans tous les secteurs d’activité. Créé par le ministère français des Finances, ce label public vise à rendre plus visibles les fonds d’investissement socialement responsable (ISR) auprès des épargnants. Pour obtenir le label ISR, l'organisme de certification effectue un audit pour s'assurer que les fonds répondent à un ensemble de critères de labellisation. Pour plus d'informations sur la méthodologie, veuillez consulter le site www.lelabelisr.fr.
[ii] Label Greenfin : un placement labellisé Greenfin permet la mobilisation d’une partie de l’épargne au bénéfice de la transition énergétique et écologique. Créé par le ministère français de la Transition Ecologique, ce label public garantit la qualité verte des fonds d’investissement et s’adresse aux acteurs financiers qui agissent au service du bien commun grâce à des pratiques transparentes et durables. Pour obtenir le label Greenfin, l'organisme de certification effectue un audit pour s'assurer que les fonds répondent à un ensemble de critères de labellisation. Pour plus d'informations sur la méthodologie, veuillez consulter le site https://www.ecologie.gouv.fr/label-greenfin#e0.
[iii] Le règlement “Sustainable Finance Disclosure Regulation” (SFDR) vise à fournir plus de transparence en matière de responsabilité environnementale et sociale au sein des marchés les produits qui promeuvent des caractéristiques environnementales et/ou sociales (Article 8) et les produits qui ont pour objectif l’investissement durable (Article 9).
[iv] Les politiques ISR, ESG, d’exclusion et de gestion des controverses de Dorval AM sont disponibles ici : https://www.dorval-am.com/fr_FR/notre-approche-esg
[v] EV/EBITDA : La valeur d'entreprise (EV) entre EBITDA permet d’obtenir la valeur marchande des actifs quel que soit le mode de financement.
[vi] Méthodologie Quantalys disponible sur le site : https://www.quantalys.com/Whoarewe/Methodology
[vii] Méthodologie Morningstar disponible sur le site : https://www.morningstar.com/research/signature
Pour accéder au site, cliquez ICI.