Le fléchissement de l’activité économique aux Etats-Unis se confirme alors que le symposium de Jackson Hole, la conférence annuelle qui réunit les banquiers centraux du monde entier dans le Wyoming, va débuter. Les investisseurs suivront de très près le discours de Jerome Powell, qui prendra la parole ce vendredi.
L'économie américaine ralentit. Le consommateur se replie mais ne rompt pas, et on ne sait pas encore si le marché de l'emploi est en train de se détendre ou si la dynamique est plus néfaste. Et avec des indices de prix à la production et à la consommation qui sont, ou se rapprochent, de l'objectif de la Réserve fédérale (Fed), il est attendu que la banque centrale américaine signalera la fin de sa période d'attentisme, ouvrant ainsi la voie au relâchement partiel du tour de vis monétaire visant ainsi à atténuer le caractère restrictif de sa politique monétaire.
Après avoir maintenu les taux directeurs à leur niveau le plus élevé des 20 dernières années pendant plus d’un an, M. Powell devrait donner le feu vert à la baisse des taux d'intérêt lors de la réunion du 18 septembre pour amorcer un nouveau cycle d'assouplissement monétaire, qui devrait voir une baisse de taux de 25 points de base (pb) à chacune des réunions de la banque centrale américaine d’ici la fin de l'année. Il a pris son temps, probablement parce qu'il souhaitait éviter de multiples changements de direction dans sa conduite de politique monétaire, compte tenu de l'impact négatif que cela peut avoir sur la confiance des consommateurs et l'économie et, par conséquent, sur les primes de risque des actifs financiers. Maintenant que tous les signaux sont passés au vert, la Fed espère qu'elle pourra éviter d’avoir à avancer à tâtons préférant s'engager dans un véritable cycle d'assouplissement.
La récession peut encore être évitée. En assouplissant les critères d'octroi de crédit et en abaissant les taux hypothécaires, les banques anticipent déjà l'action de la Fed, ce qui devrait soutenir la croissance économique. Mais la course entre la dynamique récessive (moins d'emplois créés, publications économiques qui surprennent à la baisse) et la politique d'assouplissement a débuté. C'est la préséance de l'une sur l'autre qui déterminera la trajectoire de l'économie américaine. Et pour le moment, l'incertitude électorale et la probabilité croissante de voir un gouvernement divisé à l’issue des échéances de novembre impliquent que l’effort incombera avant tout à la politique monétaire.
La Fed, consciente de la multitude de facteurs de risque, a déjà adopté une approche plus « équilibrée » liée à son double mandat de stabilité de l'emploi et des prix. Par conséquent, si compte tenu du contexte économique actuel nous nous attendons à ce que l'institution baisse graduellement ses taux de politique monétaire par tranche de 25 pb, l’ampleur des suivantes dépendra à la fois des évolutions sur le front de la politique budgétaire et du marché du travail.
À ce stade, le principal risque tient à la divergence apparente entre ce que Powell devrait signaler en termes de rythme d’assouplissement (une baisse de taux pour commencer, puis une succession de baisses de 25 points de base) et ce que certains investisseurs attendent (50 points de base pour la réunion de septembre - ce que nous trouvons optimiste compte tenu de la conjoncture économique). Powell, conscient de cette dichotomie - et de la sensibilité des marchés - choisira sans aucun doute ses mots avec discernement.
En termes de classes d’actifs, les marchés d’actions devraient réagir positivement à toute confirmation d'un assouplissement de la politique monétaire américaine, en particulier les valeurs dites défensives, particulièrement abondantes dans les secteurs de la santé, de la consommation de base ou de l'immobilier. Le marché des obligations souveraines développées pourrait quant à lui être moins porteur, compte tenu de l’espoir qu’il place dans la possibilité de voir la Fed procéder à une baisse de 50 pb dès le mois de septembre.
Par Kevin Thozet, membre du comité d’investissement de Carmignac
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