Cette semaine à la une, nous relevons les principaux points à retenir des dernières perspectives économiques du FMI.
Avec peu de nouvelles publications économiques pour guider les investisseurs et des banquiers centraux préoccupés par la réunion annuelle du FMI/World Bank Group de la semaine dernière, les analystes se préparent à une vague de publication de résultats pour le troisième trimestre, 42 % des entreprises de l'indice S&P 500 devant publier leurs résultats cette semaine.
Entre-temps, les experts en politique débattent de la suite possible de l'escalade du conflit israélo-iranien1, ajustent les attentes au Royaume-Uni pour le premier budget du gouvernement travailliste le 30 octobre et surveillent les élections américaines qui approchent à grands pas. Les anticipations de résultat de ces dernières restent trop serrées pour être annoncées et se situent dans la marge d'erreur de la plupart des sondages ; statistiquement, le candidat républicain Donald Trump devance sa rivale démocrate Kamala Harris par une très faible marge - 51 % contre 492.
Alors que les incertitudes à court terme s'accumulent, il n'est pas surprenant que les marchés financiers soient prudents et que les primes de risque implicites augmentent dans toutes les classes d'actifs. Les enjeux des prochaines semaines sont considérables et pourraient modifier les bonnes perspectives de croissance mondiale établies par le FMI le 22 octobre3.
Le FMI en demi-teinte
Dans une mise à jour mitigée de ses perspectives de juillet, le FMI a laissé inchangées ses prévisions de croissance mondiale pour 2024, à 3,2 %. Toutefois, il a abaissé de 0,1 % les prévisions de croissance pour l'année prochaine (voir le graphique de la semaine).
Le rapport a mis en évidence la divergence de plus en plus évidente entre les situations économiques des marchés développés. Parmi les économies avancées, les perspectives de croissance des États-Unis ont été revues à la hausse en raison de la solidité de la consommation nationale, les prévisions ayant été relevées de 0,2 % à 2,8 % pour cette année et de 0,3 % à 2,2 % en 2025.
Cet ajustement positif a été compensé par une révision à la baisse pour la zone euro, le FMI citant la faiblesse de l'industrie manufacturière comme un facteur contributif majeur, en particulier en Allemagne et en Italie. Les données de la zone euro publiées la semaine dernière ont également souligné la persistance des risques de baisse, l'indice composite des directeurs d'achat (PMI) d'octobre restant en contraction pour le deuxième mois consécutif, à 49,7, tandis que les ventilations nationales des PMI indiquent une faiblesse généralisée dans l'union monétaire4.
Toujours la même chanson
Les projections pour les économies émergentes sont restées largement inchangées, avec une légère révision à la baisse de 0,1 % à 4,2 % pour 2025. Les perturbations de la production et du transport des matières premières en particulier le pétrole ainsi que les risques liés aux conflits géopolitiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes ont contribué à cet ajustement. Toutefois, ces facteurs ont été compensés par des améliorations dans les régions où la demande de semi-conducteurs et d'électronique est en plein essor, sous l'effet d'investissements importants dans l'intelligence artificielle.
En Chine, le FMI a suggéré que le risque d'une contraction prolongée du secteur immobilier et d'une instabilité financière demeure, bien qu'il ait noté que les mesures récentes prises par l'administration chinoise pour stimuler l'économie (y compris le secteur immobilier) n'ont pas été prises en compte dans ses prévisions.
La semaine dernière, la Chine a procédé à un nouvel assouplissement de sa politique monétaire, la banque centrale réduisant les taux préférentiels des prêts à un et cinq ans de 25 points de base, à 3,1 % et 3,6 %, respectivement5.
Parmi les principales économies des marché émergents, la plus forte réduction attendue concerne le Mexique, reflétant les effets négatifs d'une politique monétaire restrictive, tandis que la plus forte révision à la hausse concerne le Brésil, en raison d'un niveau de consommation domestique et d'investissement plus importants que prévu au premier semestre.
La dette a remplacé l'inflation comme principal facteur de risque
L'inflation n'est plus considérée comme le principal risque pour l'économie mondiale, le FMI prévoyant que l'inflation globale mondiale passera d'une moyenne annuelle de 6,7 % en 2023 à 5,8 % en 2024 et à 4,3 % en 2025. La tendance à la désinflation progresse globalement conformément aux prévisions des banques centrales, les économies développées devant atteindre leurs objectifs d'inflation plus tôt que les économies en développement.
Les préoccupations économiques se concentrent désormais sur les politiques protectionnistes qui pourraient perturber davantage les chaînes d'approvisionnement et sur la montée des tensions sociales. À mesure que l'économie mondiale s’équilibre, il faudra intensifier les efforts pour mettre fin aux largesses budgétaires afin de s'assurer que la dette publique reste sur une trajectoire durable et que les réserves budgétaires se reconstituent.
Le FMI prévoit que la dette publique mondiale atteindra 100 000 milliards de dollars, soit 93 % du PIB mondial, d'ici la fin de l'année et approchera les 100 % d'ici 2030. Compte tenu de l'appétit politique limité pour l'austérité et des pressions exercées pour financer la transition énergétique, soutenir les populations vieillissantes et renforcer la sécurité, « les risques pesant sur les perspectives de la dette sont fortement orientés à la hausse ».
Graphique de la semaine : Perspectives de croissance divergentes (en %)
Source : Fonds monétaire international, Perspectives de l'économie mondiale, 22 octobre 2024. À titre d'illustration uniquement.
Les performances passées ne constituent pas un indicateur fiable des résultats actuels ou futurs.
Références
1 The Guardian, « Strike on Iran will make world understand Israel's power, says defence minister, » October 23, 2024
2 Fivethirtyeight.com, « Who Is Favored To Win The 2024 Presidential Election ? » (Qui est susceptible de remporter l'élection présidentielle de 2024 ?) 24 octobre 2024
3 FMI, « Perspectives de l'économie mondiale : Pivot politique, menaces croissantes », 22 octobre 2024
4 S&P Global, 'HCOB Flash Eurozone PMI, 24 octobre 2024
5 Banque populaire de Chine, « Announcement on Loan Prime Rate », 21 octobre 2024
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Les opinions exprimées par Muzinich & Co. datent du 28 octobre 2024 et peuvent être modifiées sans préavis. Toutes les données chiffrées proviennent de Bloomberg, au 25 octobre 2024, sauf indication contraire.
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