C’est la dernière ligne droite pour tous les candidats. Ce mardi 5 novembre, plus de 186 millions d’Américains sont appelés à participer à ce triple scrutin (présidentiel, sénatorial et pour la chambre basse nommée Chambre des représentants).
Les sondages au niveau national sont actuellement très serrés pour la course à la Maison blanche, avec un écart de moins de 1% entre les deux principaux prétendants, en faveur de Kamala Harris. Pourtant, les marchés ont opté pour un scénario totalement différent, avec une victoire de Donald Trump. C’est également le cas pour les paris en ligne, dont la cote induit une probabilité de 66% de voir l’ancien président élu pour un nouveau mandat de quatre ans, après sa défaite de 2020.
Comment expliquer un tel écart entre les sondages au niveau national et les anticipations de victoire ?
Quelles seraient les conséquences pour les actifs financiers d’un nouveau succès électoral des Républicains ?
Tout d’abord, il faut maîtriser tous les tenants et les aboutissants. Le point crucial est que le ou la nouvelle présidente ne sera pas élu(e) au suffrage universel direct, mais par des grands électeurs, dont le nombre varie dans chaque État, selon l’importance de sa population. Cette différence est de taille, car dans ce système électoral, le candidat victorieux n’est pas forcément celui ayant remporté le plus de voix. C’est inconcevable pour un Français, mais depuis 1988 avec la victoire de George H. W. Bush père, aucun président issu du parti républicain n’a obtenu la majorité des suffrages avant d’exercer son premier mandat. Ce n’est qu’à sa réélection, en 2004, que Georges W. Bush fils a devancé son adversaire en nombre de voix (de plus de 2 millions selon les données officielles). En 2000, il était devancé de plus de 540 000 voix par Al Gore. Donald Trump, malgré sa victoire, a également perdu le vote populaire en 2016, car son adversaire, Hillary Clinton, l’avait devancé de plus de 2 800 000 bulletins, tout comme lors de sa défaite en 2020 contre Joe Biden (7 millions de voix). L’élection se joue donc souvent dans un certain nombre d’États indécis et la victoire dépend souvent d’un nombre limité d’électeurs. Donald Trump entend bien renouveler ce tour de passe-passe cette année et les projecteurs seront donc braqués cette année sur 8 États indécis (Arizona, Caroline du Nord, 2e district du Maine, Michigan, Nevada, Géorgie, Pennsylvanie et Wisconsin).
À l’opposé, tous les présidents démocrates élus depuis 1960 ont gagné le vote populaire. Y compris lors de cette élection très contestée, où John F. Kennedy n’avait devancé Richard Nixon que de 120 000 voix, en gagnant moins d’États, mais plus peuplés. Voilà pourquoi Kamala Harris n'est pas favorite, car son avance au niveau national est trop faible, puisqu’il inclut un excédent de plusieurs millions d’électeurs dans le seul État de Californie, qui ne pèseront pas dans les huit États indécis précédemment nommés. Au Sénat, seul un tiers de cette assemblée est soumis au vote et cette année, les Républicains sont favoris pour y reprendre le contrôle, car 23 des 34 sièges en jeu sont détenus par des Démocrates ou indépendants. À la Chambre des Représentants, actuellement sous contrôle des Républicains, les Démocrates sont en mauvaise posture. Par conséquent, Donald Trump est le mieux placé pour remporter non seulement l’élection présidentielle, mais également la totalité du Congrès. Cela équivaudrait à avoir quasiment les pleins pouvoirs !
Quel est le nouveau positionnement des investisseurs ?
Historiquement, les marchés américains consolident le mois avant l’élection, devant l’incertitude des résultats. Cette année, l’indice S&P 500 américain a battu son record historique la semaine dernière, car une victoire totale des rouges (les Républicains aux États-Unis) signifie plus de favoritisme pour les entreprises domestiques. C’est du pur populisme, mais taxer les importations comme le souhaiterait Donald Trump, représenterait 540 milliards de dollars de revenus supplémentaires par an pour les douanes du pays de l’Oncle Sam. Cela permettrait de renouveler le programme de forte baisse d’impôts qu’il avait instauré après 2016 et qui doit arriver à échéance prochainement.
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Par Arnaud BENOIST-VIDAL, Analyste macroéconomique,
Gérant du fonds Arc Actions Santé Innovante ESG
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