L’élection de Donald Trump à la présidence américaine, qui bénéficiera en outre d’une majorité dans les deux chambres, a accentué l’effet de balancier en faveur des Etats-Unis et au détriment de l’Europe. Pourtant, le président Trump devrait garder une approche plus nuancée dans ses rapports bilatéraux que ne le laissent craindre ses déclarations de candidat. La croissance mondiale devrait globalement bénéficier de cet appel d’air américain et des politiques monétaires désormais plus conciliantes dans le monde.
Avant même la victoire de Donald Trump l’activité américaine donnait des gages de résilience. Un marché de l’emploi très solide et une consommation des ménages de nouveau ferme contribuent à une croissance globale satisfaisante. Le dernier chiffre de PIB trimestriel s’affiche à +2,8% ce qui ne correspond déjà plus tout à fait à l’atterrissage en douceur que l’on pressentait. L’inflation a poursuivi ces dernières semaines son lent déclin, conformément aux vœux de la Réserve Fédérale. Cette dernière a gagné la bataille des prix et peut désormais baisser progressivement ses taux comme elle l’a déjà fait deux fois récemment. Nous sommes entrés dans un cycle de baisse des taux mais l’élection de Donald Trump remet en question le rythme et la force de ce cycle. Si la politique pro croissance du nouveau président se met rapidement en place et qu’elle génère des tensions sur l’emploi et les salaires, la Banque Centrale américaine appuiera probablement sur le frein et reportera ses décisions monétaires. Nous sommes désormais plus prudents sur les futures baisses des taux aux États-Unis.
L’Europe est dans une situation plus préoccupante. Si des pays comme l’Espagne étonnent par leur dynamisme répété, la zone euro souffre de la situation de ses deux leaders, l’Allemagne et la France. La première pâtit d’une crise industrielle profonde ainsi que d’incertitudes politiques après la récente crise de la coalition au pouvoir. La seconde subit des déficits et une dette excessive et d’incertitudes sur le nouveau budget, alors que la durée de vie du gouvernement Barnier reste très aléatoire. Cela ne contribue pas à la confiance des acteurs économiques dans ces deux pays.
Ces difficultés européennes devraient inciter la Banque Centrale, toujours très prudente, à accélérer le tempo des ses baisses de taux. L’inflation n’est plus une menace à court terme. Nous anticipons donc une poursuite et même une accélération du cycle de baisse des taux en Europe d’ici juin 2025. L’Europe, qui a beaucoup souffert de la géopolitique depuis trois ans pourrait bénéficier d’une amélioration en 2025. Donald Trump a promis de régler rapidement le problème ukrainien et la situation au Moyen Orient pourrait évoluer favorablement, comme on commence à le voir avec le fragile accord de cessez le feu entre Israël et le Hezbollah. Une éclaircie sur le front géopolitique redonnerait du moral aux acteurs économiques.
En Chine, on note une stabilisation de la croissance économique, mais cela reste insuffisant aux yeux des autorités. Les politiques monétaires et budgétaires continueront d’accompagner la croissance tant que celle-ci ne donnera pas davantage de gages de solidité. L’amélioration de l’économie chinoise n’a pas permis à ce jour de rehausser le moral des agents économiques. Nous espérons que 2025 sera l’année d’une reprise plus solide en Chine. Les éventuels conflits commerciaux avec les Etats-Unis sont un risque réel mais ne doivent pas être surestimés, une guerre commerciale à grande échelle n’étant bonne pour personne.
Nous avons tenu compte du contexte récent pour augmenter les positions américaines en actions dans nos portefeuilles. Nous considérons toutefois que la décorrélation avec le marché européen est exagérée et due à un phénomène flux qui pourrait se tarir. Nous sommes restés stables dans nos pourcentages d’allocations entre les différentes classes d’actifs.
Par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé
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