Retrouvez l’interview de Serge Pizem, Directeur général chez Swiss Life Gestion Privée, sur les tendances clés, les risques majeurs et les stratégies d’investissement à privilégier pour l’année à venir.
Comment voyez-vous évoluer les marchés financiers sur l’année 2025 ?
Notre scénario central est celui d’une poursuite des tendances à l’œuvre l’an dernier. Il est favorable aux actions, avec une forte hétérogénéité entre les marchés européens et américains. Aux États-Unis, l’économie, qui n’a jamais vraiment atterri, devrait rester très dynamique. Elle devrait être soutenue par les baisses de taux, même si ces dernières pourraient être plus réduites qu’attendues : nous anticipons désormais deux baisses en 2025, soit 50 points de base en moins au total. En Europe, où l’économie est en souffrance, il faut s’attendre à quatre baisses, pour un impact total de 100 points de base. Plus largement, les États-Unis ont acquis une avance stratégique indéniable sur le reste du monde et ce rôle de locomotive ne devrait que se confirmer sous l’administration Trump. En face, l’Europe est au contraire pénalisée par son manque de direction, ses divisions l’empêchant de parler d’une voix forte face aux États-Unis et à la Chine. Toutefois, comme les valorisations de ses marchés boursiers sont très basses, ce n’est tactiquement pas le moment de vendre. Nous préférons attendre des points de sortie plus intéressants pour céder les actions européennes, l’objectif étant d’accentuer de manière stratégique notre allocation aux actions américaines sur les trois prochaines années. Un de nos arbitrages récent a par exemple été de nous renforcer sur la partie de la cote autre que les grandes valeurs technologiques, à savoir les petites et moyennes capitalisations qui ont progressé à un rythme très inférieur à celui des « Sept magnifiques » l’an dernier.
Quels sont les facteurs de risques qui pourraient conduire à dévier de ce scénario central ?
Un scénario pessimiste à surveiller, serait que Donald Trump, dont les réactions sont difficiles à anticiper, stimule trop fortement l’économie américaine. S’il procède à des expulsions massives de travailleurs non déclarés, forçant les entreprises à les remplacer par des Américains payés plus cher, ou s’il réhausse excessivement les tarifs douaniers, l’inflation pourrait revenir. Les baisses de taux seraient dès lors compromises et ces derniers pourraient même repartir à la hausse. Ce serait négatif pour les marchés actions, comme en 2022. Toutefois, le pire est loin d’être certain : lors de son premier mandat, Donald Trump a montré qu’il était capable de déclarations violentes tout en restant prêt à adapter son cap en cas de réaction négative des marchés. Enfin, il existe aussi un scénario optimiste qui se caractérise par un pilotage équilibré des stimuli aux États-Unis et par une reprise de la croissance en Europe grâce à la baisse des taux.
Certaines thématiques d’investissement vous semblent-elles plus porteuses ?
Nous souhaitons en effet nous renforcer graduellement sur trois d’entre elles. La première est, sans surprise, celle de l’intelligence artificielle. L’IA est une révolution comparable à celle d’internet et, même s’il peut y avoir des effets d’emballement ponctuels, la révolution industrielle est confirmée. L’utilisation va aller croissant, avec, comme fer de lance, les entreprises américaines et dans une moindre mesure, chinoises. Le second thème est celui de la cybersécurité : les attaques sont désormais le fait d’États non alignés sur l’Occident et disposant de véritables armées pour mener des campagnes de déstabilisation qui servent leurs intérêts. Face à cette sophistication, il faut des réponses adaptées, ce qui fait de la cybersécurité un marché d’avenir. Le troisième axe est celui du secteur des biotechnologies : grâce des progrès en matière d’IA, nous nous attendons à un pic de découvertes dans le domaine. Il faut toutefois veiller à privilégier une approche sectorielle par rapport à une démarche de stock-picking, car il est difficile de sélectionner les gagnants. Enfin, le thème de la transition énergétique demeure, du fait des besoins, et il pourrait bénéficier également de l’essor de l’IA. Mais il est déjà assez joué par les marchés.
Quels pays privilégiez-vous côté asiatique ?
La Chine reste dans une situation difficile, proche d’un scénario de déflation à la japonaise et les faibles valorisations des actions intègrent ce constat. Lorsque Donald Trump aura clarifié sa position sur les tarifs douaniers, les autorités pourront toutefois intervenir de manière importante pour soutenir son économie. Mais il faudra être très prudent avant de réinvestir, notamment pour éviter les secteurs sous la mainmise du gouvernement : on a récemment vu des décisions réglementaires détruire des pans d’activités entiers, comme celui de l’éducation privée. Nous apprécions l’Inde, dont la croissance est plus élevée et plus domestique, même si sa cote est chère. Le Japon est également intéressant pour ses entreprises exportatrices et son expertise technologique dans les semi-conducteurs. Les pays émergents dépendants du dollar sont en revanche à éviter, car ce dernier devrait rester fort.
Au-delà des investissements en actions, quelles conclusions en tirez-vous pour les expositions obligataires ?
Il faut différencier les dettes souveraines des dettes d’entreprises. Nous sommes plus circonspects sur les emprunts souverains. En effet, le scénario inflationniste, s’il n’est pas central, peut se révéler très pénalisant pour les produits de taux, sans oublier les besoins d’émissions colossaux des Etats et le creusement des déficits budgétaires. Avec un taux de rendement absolu relativement faible et le risque de hausse (donc une baisse des obligations), nous préférons rester à l’écart des dettes souveraines.
Nous considérons qu’il y a plus de valeur dans les obligations d’entreprises, bien qu’elles offrent un écart de rendement par rapport aux taux souverains (spread) historiquement faibles : le risque est donc mal rémunéré.
Le risque géopolitique devrait-il continuer de peser sur ces différents scénarios ?
Il va indéniablement rester présent. Mais Donald Trump n’est pas un « va-t-en-guerre » : il a fait preuve de pragmatisme en la matière lors de son premier mandat, en évitant les escalades. Ses déclarations récentes vont, de même, dans le sens d’une résolution des conflits actuels. On peut donc s’attendre à une légère détente du risque géopolitique.
Interview de Serge Pizem, Directeur général chez Swiss Life Gestion Privée.
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