Risques géopolitiques, niveau des marchés, engouement pour les ETF… les réponses sans langue de bois de Régis Bégué, directeur de la gestion actions chez Lazard Frères Gestion.
Où en est le risque géopolitique en 2018, en particulier entre Trump et la Corée du Nord ?
Je ne pense pas qu’il y ait une probabilité pour qu’un des 2 appuie sur le bouton… les risques géopolitiques sont plutôt faibles, comme en 2017.
Autant en 2011 le risque était fort, avec la perspective d’un Grexit ou d’un Italext… là on avait un risque de basculer dans une guerre civile, voir une guerre tout court. Autant le Brexit est beaucoup moins dangereux.
En revanche, Trump avec sa politique peut avoir un impact économique très fort en accélérant la croissance d’une région qui est déjà bien avancée dans le cycle économique.
N’y aura-t-il donc jamais de respiration sur les marchés actions ?
Si, il y aura très certainement une respiration mais pas avant que le marché ne devienne plus cher : il est toujours à un niveau de sous-valorisation depuis 2009.
Le PE américain est plutôt à un niveau élevé, sur des marges bénéficiaires elles-mêmes élevées. Le PE européen est dans des régions historiquement plutôt élevés mais pas à son plus haut, et surtout pas sur des niveaux de marge très hauts. Il y a un potentiel de progression des marges de l’ordre de 20%.
Le PE est souvent pessimiste, nous on utilise beaucoup le Price to Books (cours rapporté actifs) qui lui laisse apparaître une décoté de l’ordre de 15% par rapport à la moyenne historique.
Enfin, il faut distinguer, surtout aux Etats-Unis, entre les « digital winners » qui ont en effet des niveaux de valorisation élevés et la partie plus traditionnelle de la cote où on est sur des niveaux très raisonnables.
Les flux sur les ETF ne cessent de grossir… ces investisseurs auraient-ils tous tort ?
Il s’agit d’une tendance fondée sur la conviction que les gestions actives ne peuvent pas surperformer dans la durée.
Nous avons récemment fait une présentation avec François de Saint Pierre sur la gestion passive, en concluant sur le fait que la gestion, par nature, ne peut pas être passive, car l’investissement est la rencontre d’un besoin de financement et d’un besoin er placement.
Et puis la gestion passive ne peut pas être totalement indicielle : l’ETF ne peut faire que moins bien que l’indice, entre autres en raison des frais.
La gestion ne peut pas être totalement indicielle.